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Yoongi était seul.

Dans une pièce horriblement noire.

Attaché.

Immédiatement, il reconnaissait l'environnement malheureusement familier de ses cauchemars. Comme à chaque nuit, il essayait de se rationaliser en se disant que tout venait de son esprit, rien de réel. Et comme à chaque nuit, il échouait misérablement, terrassé par la peur et les souvenirs. La seule chose à faire était de serrer les dents et attendre.

Une silhouette se détacha des ombres et s'avança vers lui. Yoongi reconnut ce corps élancé, ce regard cruel, cette démarche arrogante qui venait le hanter. La personne qu'il haïssait le plus au monde: son père.

Yoongi voulut ouvrir la bouche et hurler des tonnes d'insultes, mais comme à l'habitude, aucun son ne sortit. L'homme émit un son méprisant.

«Impuissant, rien a changé»

Cette voix ramena des mémoires horribles dans l'esprit de Yoongi. Des sons agressants, des gens, des coups de poing, de l'alcool, de l'argent. Des regrets, de la peur, de l'anxiété, de la culpabilité. Il essaya de bouger, parler, hurler, pleurer. Mais rien à faire. L'homme s'approcha et se plaça à ses côtés.

«Tu veux me prouver que tu es digne d'honneur? Tu sais quoi faire»

Aussitôt, les mains de Yoongi furent libérées. Sa main droite était maintenant crispée sur la crosse familière d'un fusil. Il leva les yeux, et devant lui se trouvait maintenant une jeune femme, en larmes. Son maquillage coulait, et elle murmurait des prières à peine audibles. La main de l'homme se resserra sur l'épaule de Yoongi.

«Tue la»

C'était l'ordre d'un homme qui était habitué à se faire obéir. Yoongi se démena, en vain, ses mains bougeaient d'elles-mêmes. Lentement, elles chargèrent l'arme et enlevèrent le cran de sûreté. Puis il pointa le front de la jeune femme. Elle plongea son regard rempli de désespoir dans celui de Yoongi.

«S'il vous plaît», sanglota-t-elle. «J'ai un fils...»

Le coeur de Yoongi explosa en mille morceaux, des bouts de verre qui déchirèrent l'intérieur de son corps. Chaque partie de son être faisait mal, écrasée sous la terreur. Les remords venaient envenimer le tout, comme du sel sur une plaie ouverte. Il sentit des larmes rouler sur ses joues, froides et horribles. Le même schéma se répétait éternellement, et à chaque fois, Yoongi revivait cette scène comme pour la première fois. Chaque nuit était à glacer le sang. Il hésita, l'index sur la gachette.

«Tu n'es qu'une horrible mauviette gay que je n'aurais jamais voulu avoir comme fils. Une ordure, qui n'est même pas un homme. Une tapette. Un sensible. Une nuisance pour la société. Une honte dans l'évolution. Puis-je vraiment te qualifier d'humain? Tu vas finir comme ta mère: mort par mes deux propres mains. Pour une fois, fait ce qu'il y a à faire, espèce de sale rat. Rends un service, ou disparaît pour toujours, misérable petite pute»

Yoongi pleurait vraiment, car il n'y avait que la vérité qui blessait autant. Les mots le heurtaient plus encore que des coups, car ils étaient beaucoup plus précis et savaient exactement comment le blesser. Son père avait raison, il n'était qu'un moins que rien. Il ferma les yeux.

«Un coup, et tout sera fini. Tu ne t'aimes pas, alors qu'est ce que ça changerait?»

De toute façon, Yoongi était une cause perdue, et rien ne pourrait le repentir.

Il pressa la gachette.

Un claquement déchira le silence.

Yoongi garda les yeux bien fermés, car il ne voulait pas savoir à quoi ressemblait la femme maintenant. Il pouvait très bien l'imaginer. Il entendit son coeur battre dans ses tempes, à un rythme effrayant. Yoongi avait accompli sa tâche, mais il ne sentait que du dégoût envers lui-même. Envers son père. Envers le monde.

#YoonkookForeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant