Renaissance : la mort

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Lorsque Severus répondit à l'appel de Voldemort et arriva dans la cabane hurlante, il se raidit, pressentant que quelque chose n'allait pas. Le monstre qu'il appelait "Maître" le fixait de son regard rouge, l'air pensif, et l'espion souhaita de toutes ses forces que l'insupportable Potter réussisse enfin à mettre fin à toute cette folie.

Masquant soigneusement son dégoût, il inclina légèrement la tête, ses cheveux se déployant en un rideau soyeux autour de son visage, et attendit les ordres. En l'entendant jubiler de sa victoire certaine, Severus ne broncha pas. Il devait rester impassible, comme il savait si bien le faire depuis tant d'années, pour cacher sa véritable allégeance.

L'attaque du serpent sur ordre de son Maître le prit par surprise. Mais en voyant la baguette de Dumbledore entre les mains de Voldemort, Severus comprit qu'il allait mourir. Si l'instant n'avait pas été si tragique, il aurait ricané de l'ironie délicieuse de la situation. Voldemort le mettait à mort pour devenir maître de la baguette de Dumbledore, qu'il déclarait être la baguette de la Mort elle-même. Puisque Severus avait tué le vieil homme, le mage noir supposait qu'il était devenu le maître de sa baguette... Mais il n'était pas celui qui avait désarmé le Directeur de Poudlard. Et c'était une information qu'il comptait bien garder jusqu'à dans la tombe, même s'il aurait aimé voir l'expression du monstre face à lui quand il s'apercevrait de la supercherie.

Alors que le serpent attaquait encore et encore, lui déchirant la gorge, et que le poison lui brûlait les veines, Severus se demanda jusqu'à quel point Dumbledore avait planifié les choses. Le vieux manipulateur savait que Drago ne le tuerait pas pourtant il s'était laisser désarmer. Quand Severus était arrivé, baguette brandie, horrifié de ce qu'il devait faire, Dumbledore n'avait pas bronché. Il n'avait pas cherché à récupérer sa baguette, il l'avait juste encouragé et s'était laissé tuer.
Savait-il alors, ce vieux filou, qu'il venait de signer l'arrêt de mort de son fidèle espion ? Savait-il déjà que tout comme Potter il était condamné ?

Avec un gémissement de douleur, Severus glissa le long du mur, sous les yeux rouges de Voldemort. Dans son dos, derrière la mince cloison, il entendit un vague mouvement et des sanglots étouffés. Quelqu'un pleurait pour lui, visiblement, et il s'en étonnait. Depuis aussi longtemps qu'il se souvienne, il était unanimement détesté. Personne ne se préoccuperait de la mort du professeur le plus détesté de Poudlard, il en était certain.

Il leva une main tremblante pour la presser sur sa blessure, conscient du sang qu'il perdait, conscient qu'il était en train d'agoniser. Le mage noir l'observa quelques instants, un rictus satisfait sur les lèvres, puis il hocha gravement la tête, et disparut, entraînant son serpent avec lui.
Désormais seul, Severus tenta de prendre une inspiration tremblante pour se redresser un peu, mais la douleur le paralysait, le clouait au sol, effondré comme un tas de chiffon. Finalement, il n'aurait pas la mort héroïque qu'il avait espéré. Il allait pourrir dans cet endroit , à l'exacte place où Lupin avait failli le tailler en pièces et où James Potter était intervenu pour lui sauver la vie... La boucle était bouclée en quelques sortes.

Il y eut un bruit de cavalcade dans son dos, mais Severus resta indifférent. Il était mourant de toutes façons. Ami ou ennemi, il ne risquait rien de plus, à part peut être une mort miséricordieuse. Une main fraîche se posa sur son front, et quelqu'un pressa la blessure de son cou en sanglotant.
Il ouvrit les yeux qu'il n'avait pas conscience d'avoir fermé, et il ne fut même pas surpris de l'identité de la personne penchée sur lui. Potter. Potter et ses yeux verts, Potter et sa naïveté touchant, et son optimisme débordant.
Potter qui devait mourir et qui ne le savait même pas.

Avec un soupir, il se crispa pour extraire ses souvenirs. Ceux qu'il tenait prêts depuis qu'il savait, depuis que Dumbledore l'avait chargé de la délicate mission d'informer le gosse de ce qu'il l'attendait, au moment critique.
Il pensait qu'une fois la fiole de souvenirs en poche, le gamin le laisserait là pour filer assouvir sa curiosité, mais le Gryffondor ne bougea pas, pleurant pour lui.

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