Sherlock Holmes aurait pu sembler peiné, au premier abord. Allongé dans son propre lit, il reluquait sans vergogne l'homme avec qui il venait de passer la nuit, enlacés l'un contre l'autre. Son amant avait sombré dans les bras de Morphée il y a bien longtemps déjà, mais l'autre ne semblait pas s'en soucier. Il se le décrivait dans son esprit, comme pour tenter de graver chaque parcelle de sa peau dans sa mémoire. Et Dieu seul sait qu'il n'en eut aucun mal. Il voulait tout connaître de lui et, en même temps, garder le plus de mystère possible.
Il le savait depuis un moment déjà, mais il y avait en lui une de ces choses qui grandit en vous dévorant petit à petit, emportant parfois avec elles jusqu'à votre conscience. Et il en était atteint, malade.
Oui, malade.
Malade de cette étrangeté qui traverse les âges en les marquant plus que l'Histoire ne veut bien s'en souvenir. Il en devenait fou.
Il avait sombré là-dedans il y a un moment déjà. Il était tombé, s'était pris les pieds dans le tapis, et avait songé un long moment qu'il ne pourrait jamais s'en remettre.
Mais de tous les maux du monde, Holmes était atteint du plus beau, du plus fabuleux. Celui qui vous rends fou lorsqu'il disparait, ne serait-ce que pour un jour. Et qui vous tue, si c'est pour toujours. Celui que certains passent leur vie à chercher, tandis que d'autres se le prennent sur le coin du nez. Certains le dises merveilleux, d'autres douloureux.
En effet, ce cher détective était tombé sur la plus vieille maladie du monde. Beaucoup en avait conté les bonheurs, tandis que d'autres comptaient les malheurs qui lui étaient liés. Et beaucoup y ont succombés.
Parfois, on se lie à elle pour le meilleure et pour le pire.
D'autres fois, on la chante, l'écrit, la sculpte, la dessine.
On a tant essayé pour la représenter. Mais aucun artiste, quelle que soit son œuvre, n'a jamais pu démontrer à quel point elle était fantastique.
Ce pauvre Sherlock observait son amant avec un tel envoutement que nul n'aurait pu douter qu'il soit atteint de cette belle maladie.
Oui, Holmes était malade. Malade d'amour.
Et sacrément atteint, même.
Son regard d'azur se promena un instant sur le visage de son amant, le détaillant presque maladivement. De ses cheveux ébouriffés dans lesquels ses mains s'étaient perdues un nombre incalculable de fois à son regard d'un bleu incroyable dans lesquels il se plongeait à chaque fois, caché derrière ses paupières closes. Il aurait noirci des pages et des pages pour le décrire s'il prenait le temps de le lâcher du regard. Il passait littéralement tout son temps à l'observer.
Son regard descendit plus bas, longeant ce nez qui avait, durant trop longtemps, était blessé par l'odeur de la poudre à canon et des relents de cadavres en décomposition sous le soleil ardent d'Afghanistan, et qui sentait désormais quotidiennement le parfum envoutant de tabac frais, de produits stérilisés et de cannelle. Ajoutez à cela un zeste de fleur d'oranger et vous obtiendrait le parfum préféré du docteur : celui de son détective. Le regard de celui-ci continua sa course jusqu'à rejoindre les lèvres fines de son compagnon. Il avait tant de fois rêvé, fantasmé d'elles ! Dieu quelles étaient belles !
Il en rêvait encore, aujourd'hui. Mais cette fois, lorsque l'envie lui venait, il les caressait avec les siennes dans une douceur infinie qui faisait frémir le médecin à chaque fois. Cette adrénaline à la seule pensée que ç'eut été le pire des crimes pour nombre de leurs concitoyens leur conférait un apport quotidien de bonheur. Ajoutez-y la jalousie présente à chaque fois que l'un d'eux, pour une raison ou pour une autre –souvent liée à une enquête ou à une tentative d'apaisement des soupçons quant à leur relation- devait embrasser une autre personne, et vous obtiendrez la preuve que leur amour est des plus sincères, de ceux que l'on ne semble voir que dans les contes de fées.
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When I'm bored
RandomUn recueil de plus ou moins courts OS sur Johnlock et Mystrade (couples des oeuvres de Sherlock Holmes), basées sur l'oeuvre originale de Sir Arthur Conan Doyle et sur la série Sherlock de la BBC. De ce fait, les personnages ne m'appartiennent pas...