8

3.4K 160 13
                                    






Je couvre rapidement ma bouche d'une main devant le spectacle qui s'offrait à moi.
La tête couverte par un drap blanc taché de sang, l'Inju semblait s'être fait attaqué par une sorte d'animal sauvage.
Mon regard tombant sur Feitan, je devine rapidement qu'il est l'auteur de ce massacre.
Ses membres encore tremblants, le sang dégoulinant de ses nombreuses plaies, sa peau joliment tailladée à un multitude de places, je vois la poitrine de l'Inju se lever et se descendre à un rythme lent.
Ses respirations étaient sifflantes et saccadés, comme s'il s'accrochait à la vie.
Il était donc encore vivant.
- Si tu te demandes s'il est encore en vie, je te signale qu'il ne le sera plus bientôt, me dit Feitan en pointant une chaise voisine du doigt.
Je murmure un petit « je le savais » en me dirigeant vers la chaise, où je m'assois docilement. Feitan me jauge du regard et je me dis qu'il doit penser que j'étais bien désespérée, à ne pas me défendre, ce qui n'était pas le cas.
Le désespoir était bien la dernière chose que je ressentais en ce moment.
J'avais honte de me l'avouer à moi-même mais je ressentais un puissant sentiment d'excitation. En poussant un soupir, je rassemble mes ongles devant mon visage et les comparant, je remarque que le vernis que j'avais appliqué la veille s'était effiloché, formant des trous qui me dégoûtèrent.
Rapidement, je tente d'enlever le vernis au complet, me disant que refaire ma manucure était la meilleure des options.
C'est avec vigueur que j'enlève le reste du vernis qui s'était établi dans mes ongles.
Pendant ce temps, Feitan s'approche de moi et lie mes pieds et mes mains autour de la chaise, renforçant les liens autour de ma peau.
Je grince des dents.
La prise d'otages semble être une habitude pour eux, mais j'imagine que jamais ils n'auraient imaginé que leur otage ne ferait aucun effort pour se détacher de leur emprise.
En poussant un soupir,  je laisse ma tête tomber dans le vide et je remarque combien j'avais envie de dormir.
Cette nuit avait vraiment été éprouvante pour moi, surtout en dépense d'efforts.
Jouer à l'otage n'est pas du tout amusant.
Feitan plonge ses mains dans ses poches et je remarque que c'est avec dégoût qu'il me détaille.
- Oy, y'a quoi avec ce regard, lui dis-je d'une voix blasée, il fronce les sourcils.
- Tu n'as fait aucun geste afin de t'enfuir, même pas pour essayer, répondît-il et je souris, tu sembles avoir la force nécessaire pour t'échapper, mais tu ne l'as pas fait.
J'avais bien raison, il est bien observateur.
De ces paroles, il me vrille du regard, comme s'il me demandait la raison de mes inactions.
- Sans offense, je ne crois pas que tu sois capable de me tuer, dis-je, mes prunelles brillants d'une lueur glacée.
Ma répartie semble l'irriter au plus haut point.
Aussi rapide que l'éclair, il sort de sa poche une lame et menace mon cou avec celle-ci.
Le couteau qu'il utilisait pour me menacer semblait souillé de sang et je devine qu'il s'en est déjà servi dans le passé.
Il appuie plus fort la lame sur mon cou et je sens un filet de sang s'en écouler avant d'aller s'isoler entre ma poitrine et ma robe.
Je savais que cette petite démonstration était seulement pour me montrer qu'il avait le pouvoir sur moi, donc je souris.
Les cheveux tombant sur son visage, Feitan me vrille d'un regard si froid que j'en frissonne.
Son visage était caché pour la plupart par ses cheveux et par le col de sa cape.
- Serais-tu en train de nous sous-estimer, dit-il d'une voix qu'il essaye de garder calme mais des reflets menaçants s'en échappent.
Je fronce les sourcils.
Toujours sur ma peau, il tourne lentement le couteau dans la plaie qui s'est formée en dessous de mon menton.
Je compris qu'il attend une réponse de moi.
- On ne peut pas dire que oui, répondis-je d'une voix blanche et je perçois que cette réponse l'agace encore plus que la dernière.
- Je crois que je vais commencer par là, murmure-t-il avant de façonner avec son couteau une ligne larmoyante de rouge qui descend de mon menton jusqu'à mon épaule.
Ses lèvres s'étirent en un rictus cruel mais devant mon manque de réaction, il soupire et retire son couteau. Je regarde la plaie.
Elle n'est pas grave. Du moins, pour moi.
La douleur n'était qu'une gêne et j'arrivais facilement à m'en défaire.
Feitan a dû le remarquer.
- On dirait que ça va être plus difficile que celui-là, dit Feitan en pointant du doigt l'Inju qui tressaute, sentant que Feitan faisait référence à lui. Je fronce des sourcils.
- Peut-être pas, dis-je en laissant entendre que je n'allais pas résister.
Il fronce des sourcils mais ignore ses paroles.
- En tout cas, comment connais-tu nos noms, me questionne-t-il et je ne trouve aucune raison pour ne pas lui donner une réponse sincère.
- Habilité de Nen, ça marche sur tout le monde, dis-je avant d'esquisser un sourire joueur, tu savais que ce type s'appelle en fait Fukuro.
De ces paroles, je pointe l'Inju dont le nom brillait au dessus de sa tête, en lettres noires.
Feitan pivote à peine la tête vers l'Inju qui reste immobile. Feitan a l'air d'être plus choqué au fait que j'ai répondu sans torture que du fait que je possédais une particularité pareille.
Ça touche un peu à mon orgueil mais je ravale la claque que je viens de recevoir.
En soupirant, Feitan enchaîne avec sa deuxième question, qui me laisse perplexe.
- Comment connais-tu Hisoka? Quelle est votre relation?, me demande-t-il et je regarde le sol.
Comment pourrais-je qualifier notre relation?
J'en avais aucune idée moi-même.
- On s'est rencontrés à l'examen des Hunter d'il y a deux ans, dis-je, pour notre relation, je dirais qu'on s'en tient à l'amitié mais je n'ai jamais su si nous étions vraiment des amis.
Je fronce les sourcils, regardant pensivement le sol. Je redresse la tête, m'attendant à recevoir un sourire moqueur de la part de Feitan, mais rien, il se contente de me toiser d'un regard neutre. Son expression faciale prend une autre tournure alors qu'il me jauge avec sérieux.
- Que fais-tu à Yorkshin?
Ses prunelles me regardent froidement et je compare ses yeux à des billes noirs de jais, ou même au pelage obscure d'un corbeau.
Ses comparaisons me donnent envie de rire, si bien que lorsque je me retiens, ma bouche prend la forme d'une moue grincheuse.
Je la camoufle rapidement.
- Je suis venue ici afin de trouver un certain objet que je cherche depuis plusieurs années, j'ai cru que je le retrouverais à l'enchère mais vous avez envoyé mon plan balader, répondis-je en sous-entendant que c'était de leur faute si mon plan a tourné au désastre.
Je vois des plis se former autour des yeux de Feitan et c'est sans ménagement qu'il m'assène une gifle si forte qu'elle envoie valser ma tête.
Je sens la chaleur s'accumuler autour de l'endroit où sa main m'a touché ainsi que le sang s'accumuler dans ma bouche.
J'expulse de ma bouche un crachat mélangé de sang et de bave. Quand je relève ma tête, Feitan semble avoir repris son sang-froid.
Il a repris sa position originelle, les mains dans les poches et je me dis que sa main a dû laisser une trace sur ma joue.
Avec ironie, je pense qu'il a sûrement voulu laisser la trace de son passage sur moi.
- Serais-tu en train d'insinuer que ce serait de notre faute, dit-il et je fronce les sourcils.
- Ouais, j'en suis su...
Avant que je puisse terminer ma phrase, il me frappe de nouveau, au ventre cette fois-ci.
Je reste stupéfaite face à la force que lui
procurait ce petit corps. Je grince des dents.
Ça faisait mal. Je ne pouvais pas mentir sur ça.
La tête de Feitan est penchée sur mon épaule, si bien que ses cheveux noirs virant au vert touchaient ma gorge, comme des aiguilles.
Mes yeux se révulsèrent tandis qu'un grognement s'échappe de ma bouche.
Feitan retire son poing et je prend une grande bouffée d'air, alors qu'il remettait ses mains dans ses poches. Je me demande pendant quelques instants ce qui le rendait si en colère mais je ne trouve pas de réponse.
- Tu ne sembles pas avoir la moindre mauvaise intention envers nous, dit Feitan, habituellement, j'aurais demandé à Paku pour qu'elle vérifie mais cela ne me semble pas nécessaire.
J'avais compris que Paku était le surnom de Pakunoda, la femme au décolleté immense.
Avait-elle une capacité qui aurait permis de savoir si je cachais quelque chose? Qui sait?
Cette Brigade est pleine de surprises.
Du ton de sa voix, je devine que le dénouement de l'histoire arrive à sa fin.
- Je te le répète, tu n'es pas capable de me t...
Je n'avais pas eu le temps d'achever ma phrase qu'une lame glacée me transperce la peau.
Je baisse la tête. Ce n'était pas une lame.
Mais bien la main de Feitan, aussi froide que le béton, qui venait de perforer mon coeur.
J'ouvre grand les yeux lorsque je vois le sang qui dégouline de ma poitrine, ou plutôt de mon sein gauche. Je sus que Feitan n'avait pas manqué son coup.
Relevant la tête, je plonge mes iris dans le regard moqueur de Feitan.
- Comme ça, je ne suis pas capable de te tuer, han?, s'exclame-t-il un rictus nasillard dévastant ses traits.
Alors qu'il retire sa main, ma tête dodeline et tombe sur ma propre poitrine.
Mes cheveux suivent le mouvement et camoufle mon visage. J'entends soupirer au dessus de moi et c'est à petit pas que Feitan quitte la pièce.
Un grand sourire fleurit les coins de ma bouche alors qu'il ferme la porte en arrière de lui.
( NDA: Ne vous inquiétez pas, elle est pas morte )

𝐇𝐱𝐇 | chrollo. lOù les histoires vivent. Découvrez maintenant