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   Le bruit de nos pas dans les escaliers.

C'est la chose sur laquelle je me suis concentrée, dans le seul but d'oublier le silence déconcertant qui planait au-dessus de nos deux âmes, telle une épée de Damoclès. En effet, cette dernière était perchée juste en haut de nos têtes, retenue par un fragile crin de cheval. J'ignorais si Chrollo en avait conscience mais je pouvais sentir mon malaise s'agrandir, se gonfler alors que nous montons les étages, à une lenteur qui me semblait démesurée.

   Il ne devait sûrement pas s'en soucier. C'était Chrollo après tout. On avait fait l'ascension de l'immeuble délabré en silence et c'est avec un certain agacement que je remarque que nos pas étaient régulés, comme si nous voulions être en synchronisation parfaite. Tac, tac, tac. Nos pieds semblaient heurtés le marbre froid des marches en même temps, formant une certaine mélodie gratifiée d'un rythme ennuyant, monotone. Ça ne me plaisait pas du tout. Le fait qu'on continuait d'escalader me laissait croire qu'il désirait nous amener à l'écart, au haut du bâtiment, à l'abri des oreilles indiscrètes. J'ignorais si ces précautions valaient la confidentialité de ce qu'il allait me dire mais je ne dis rien. Je préservais le silence que je détestais tant. En montant les échelons d'une progression qui me semblait infini, j'avais noté avec une certaine perplexité que Chrollo ne cessait de m'envoyer des petits coups d'œil au-dessus de son épaule, avant de détourner le regard alors que les nôtres avaient le hasard de se croiser.

   La seule chose qui a perturbé notre montée était l'abondance de trous qui comblaient les murs. J'exerçais une certaine ignorance face au pourquoi il y avait tant de trous dans les murs. Ils étaient immenses d'ailleurs. De la longueur d'un humain de taille moyenne environ. Étaient-ils déjà présents avant l'arrivée de la Brigade? À moins que leur création ne date de quelques jours, au moment où la Brigade a posé son drapeau sur ce repaire, de couronnant propriétaire des lieux. Quand j'y pense un peu plus, la réponse ne m'intéressait pas tant que ça. Simplement, leur vison m'était coutumière, comme si je les avais déjà vu.

Plissant des yeux, je m'arrête au milieu de mes pas, fixant un trou fait dans le mur, me demandant pourquoi les regarder semblait être une sensation si familière. Je pose ma main sur mon menton, mon épiderme formant des petits plis alors que j'exécute des formes circulaires en dessous de mes lèvres. J'étais sûre d'avoir déjà vu ce genre de trous quelque part mais je n'arrivais pas à poser le doigt sur le où et le quoi.

- Mitari? On y va, me dit Chrollo, à moitié retourné, les mains toujours dans ses poches. Comparé à moi, il avait regardé les trous pendant un instant avant de continuer sa course vers les autres escaliers, prenant à peine compte de leur présence. Hélas, je ne pouvais user de cette nonchalance dont Chrollo avait le chic de s'abreuver et c'est en fronçant les sourcils que je fixe encore le trou. J'entends des bruits de pas jusqu'à moi avant que la silhouette de Chrollo ne soit à mes côtés, regardant à son tour le trou.

- Chrollo? Tu trouves pas que ce trou est un peu familier? demandai-je et il hausse un sourcil. Tu ne l'as jamais vu quelque part?

Il soupire avant de reporter son attention sur le trou, plissant légèrement les trous.

- Aucune idée, finit-il par répondre.

- Tu es sûr? demandai-je en croisant les bras sur ma poitrine.

- Sûr, me répondit-il en me regardant. Allons-y. On a encore quelques escaliers avant...

- D'atteindre l'étage le plus haut?

Il hoche la tête et je plisse des yeux.

- On est vraiment obligés d'aller en haut, me plaignis-je et l'ombre d'un sourire étire le coin de ses lèvres. Il y a beaucoup trop de marches, c'est épuisant.

𝐇𝐱𝐇 | chrollo. lOù les histoires vivent. Découvrez maintenant