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Chère Adela

J'espère que cette lettre vous trouve en bonne santé. Je sais que nous avons encore beaucoup à faire avant le départ de l'expédition pour Vénus, mais je tenais à vous écrire afin de vous adresser une demande bien plus personnelle.

Ce fut un plaisir sans équivalent de vous écrire tout au long de ces derniers mois. Dès le départ, j'ai apprécié votre perspicacité scientifique et votre détermination. Mais j'ai également appris à admirer votre patience, votre vivacité d'esprit ainsi que votre grande bonté d'âme. Toute la bonne société londonienne s'attend à ce que je tire honneur et bénéfices de cette expédition, mais, à mes yeux, rien n'aura jamais d'égal en comparaison de ce que je ressens quand je reçois l'une de vos lettres.

J'ai donc l'honneur de vous inviter à assister à une pièce de théâtre en ma compagnie, le vendredi 11 prochain. Bien évidemment, si vous souhaitez préserver votre honneur et vous faire accompagner d'un chaperon, vous pourrez amener votre jeune assistante dont j'ai tant entendue parler.

J'ai hâte de connaître votre réponse.

Votre très dévoué Gabriel.




Lady Adela Finest prit une profonde inspiration en se regardant dans le miroir. Sa chevelure raide d'un noir de jais ne se montrait guère coopérative, et sa profonde respiration avait peu d'effet sur le tremblement de ses mains.

- Molly, je vais encore avoir besoin de votre aide.

- Certainement, Mademoiselle, répondit Molly.

Celle-ci attendait près de la porte, les yeux baissés, comme on s'y attendait de la part d'une servante. Elle traversa rapidement la chambre pour prendre place aux côtés d'Adela. La jeune femme se tourna vers sa camériste et lui désigna nerveusement le désordre chaotique de ses cheveux.

- Je ne peux décemment pas laisser Lord Hamilton me voir comme ça, s'écria-t-elle, tout en se forçant à sourire pour tenter de calmer ses nerfs à fleur de peau.

Molly prit une brosse au manche en pierre de Lune et se lança à l'assaut des nœuds récalcitrants dans la coiffure de la jeune lady. Adela grimaça de douleur mais se tut.

- Ce n'est pas étonnant que vos cheveux soient dans cet état, Mademoiselle. Lorsque vous travaillez sur les préparatifs de l'expédition, vous les tordez et triturez dans tous les sens.

- Mais il y a encore tant à faire, dit doucement Adela, dont les pensées retournaient déjà aux préparatifs. Je ne suis pas convaincue que notre angle d'entrée soit idéal, vu le nombre de colons qui seront à bord. Je vais devoir refaire tous les calculs.

Instinctivement, elle porta sa main vers ses cheveux, puis s'arrêta en croisant le regard de Molly dans le reflet du miroir.

- Je ne pense pas que vous ayez à vous inquiéter de la sorte, répondit la servante. Attention, je vais sûrement tirer un peu.

Elle baissa les yeux sur le corps de Lady Adela, dont les formes élégantes étaient clairement visibles à travers ses sous-vêtements vaporeux. Adela avait perdu pas mal de rondeurs ces derniers temps. Ses recherches et son travail pour la mission lui laissaient peu de temps pour tout ce qui lui paraissait superflu, y compris pour s'alimenter. Tout le monde la connaissait comme une jeune femme raffinée, toujours vêtue avec goût. Mais Molly savait que la beauté d'Adela était encore bien plus éclatante au fur et à mesure qu'elle était de moins en moins vêtue. D'ailleurs, lorsqu'elle l'aidait au moment du bain, il était difficile pour la jeune servante de ne pas se laisser distraire.

En attendant VénusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant