Yuta

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Midi quarante six s'affichait sur l'horloge ornant la facade grisatre de la grande université de Corée. J'y courais avec essoufflement, zigzaguant entre la meute d'élèves entassés dans le couloir bondé.

Cette impression d'etre une carpe nageant à contre courant me prenait à chaque occasion dans cette situation, or j'avais d'autres choses dans l'esprit.

Entamant un virage serré, j'avancais aussi vite que mes jambes me le permettaient, maintenant que le nombre d'étudiants avaient considérablement diminué, jusqu'à disparaitre lors de mon dernier virage, mes lèvres prisent d'un sourire surexcité.

J'avais l'impression d'etre ce gamin qui revenait chez lui lors du gouter, le ventre vide. Je me jettais dans mon placard favoris, le coeur battant à tout rompre, la respiration sifflante, le regard impatient dans la pénombre soudaine.

J'attendais, heureux.

Le temps passait, mais personne ne venait.

Mes mains devenues moites, une goutte de sueur parlait soudain sur ma nuque aux poils hérissés.

Quelque chose n'allait pas.

Il avait souvent du retard, certe, mais il venait toujours apparaitre quand je commencait à désespérer. Or cela faisait quelques dizaines de minutes déjà que j'étais tourmenté, à l'idée de ne pas l'entendre s'affaisser contre la porte de vieux bois mal vernis, avec la douceur d'une plume se posant sur le museau d'un lion.

Et si c'était moi, le lion? Et si je lui avais fait peur, il avait peut-etre fuit ?

Non, il avait l'air heureux. J'avais sentit que c'était réciproque. Quel était donc le problème ? Quel était ce mauvais pressentiment, cet estomac crispé qui criait à l'aide dans mon corps raidit?

J'attendais encore et toujours, avant de finir par sortir mon cellulaire de ma poche droite, avant de froncer les sourcils.

Une heure avant été écoulé. C'était à peu près le temps de notre échange.

Peut-etre qu'il n'était que malade, il s'était absenté juste quelque jours.

Ou alors, il s'était laissé. Je me sentais palir. J'avais pris un ton trop dur avec lui?

Les remords montaient en moi, et je dénoncais silencieusement la stupidité de mes actes. Pourquoi fallait-il toujours que je gache tout ?

Je me levais, désemparé faible.

J'ouvrais la porte. Mais rien. Pas une seule trace d'une quelconque venue.

Je traversais le couloir, perdu. Je m'arretais au milieu du deuxième, avant de sentir une vive douleur dans mon estomac.

Les bonnes manières ne nous quittent jamais, n'est-ce pas?

"Reprends toi en main, Nakamoto. Personne ne doit rien savoir. Tu dois etre fort, tu dois sourir. Tout de suite."

Je me redonnais un coup de poing au ventre, levant la tete, affichant mon plus beau sourire.

Je devais me retenir. J'avais une réputation à garder en sécurité.

Et des notes hautes à maintenir.

J'étais le numéro un. Et je comptais le rester. C'était devenu une partie de moi d'etre aimé, je le savais au fond de moi.

Il allait revenir. Il allait bien. Un ange n'est jamais blessé, un ange n'est jamais malheureux. J'en étais certain.

Pourtant, il ne revint pas les jours suivants. 

Derrière la porte... ~Yuwin~ BLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant