Chapitre 5 : Les jours d'après

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Chapitre lu et corrigé par ma bêta pommedapi.

Bonne lecture à tous !


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-Regulus, si tu ne te lèves pas maintenant, tu ne vas pas avoir le temps de déjeuner avant la première heure de cours.

L'esprit se déplaça, traversa les rideaux du lit et prit place à côté des pieds du brun. Le Serpentard avait entièrement recouvert son corps de la couverture et Padfoot se demandait comment son petit frère faisait pour respirer.

-Je comprends que tu sois malheureux...

Black soupira. Il ne savait pas comment finir cette phrase. L'amour, c'était simple et compliqué à la fois. Encore plus laborieux quand on était un adolescent de 16 ans. Il voulait dire à cette version de son petit frère, si fragile et brisé par une peine de cœur, qu'il n'avait pas de raison de se mettre dans un tel état. Que lorsqu'on avait une peine de cœur, on avait toujours l'impression que la vie n'avait plus de sens et qu'on n'aimerait plus jamais de la même façon. Mais bien sûr, c'était faux. Pourtant, certaines amours laissaient plus ou moins de traces et Black aurait souhaité que son frère ne soit pas si attaché à son bon vieux Cornedrue.

Malheureusement, ce n'était pas le cas et c'était bien pour ça qu'il souffrait autant.

Toutefois, il voulait lui assurer que si pour l'instant il avait mal, qu'il se blâmait et qu'il voulait surtout s'arracher le cœur, plus tard, même dans longtemps, Regulus pourrait de nouveau parler avec James sans repenser à ce qu'il s'était passé. Sans honte et sans douleur. Il voulait lui promettre qu'il tomberait à nouveau amoureux, d'une fille ou d'un garçon - peu importe - et qu'un jour, ce serait réciproque. Et quand ce serait le cas, il serait enfin heureux et comblé. Cependant, il fallait encore que le cadet des Black le permette et Padfoot n'en était pas sûr. Regulus avait tant de mal à s'ouvrir aux autres.

-Ça ira, reprit-il d'une voix plus douce encore. Tu es trop fort pour te laisser sombrer. Un homme qui se sacrifie pour ce qu'il croit, pour des parents qui ne le méritent pas, est bien trop fort pour laisser un garçon lui briser le cœur.

L'esprit savait qu'il faisait une projection de son propre petit-frère mort dans une totale indifférence avec cet adolescent presque adulte qu'il voulait tant aider. Sauver. Il voulait faire dans cette réalité là, ce qu'il n'avait pas pu faire de son vivant.

La tête de Regulus bougea en réponse à ses mots et Padfoot se demanda s'il avait réussi à le faire réfléchir. Mais au moins à présent, il savait que le Serpentard l'entendait et avait conscience de sa présence. Malheureusement, c'était quelque chose qui l'inquiétait constamment. Que Regulus cesse de le voir et l'entende le terrifiait plus que de raison. C'était sans doute un peu pathétique mais après avoir été si seul, il se raccrochait au moindre contact qu'il pouvait avoir. Avoir passé tout ce temps sans pouvoir le mesurer dans le voile, dans les ténèbres, sans rien ressentir, n'éprouver aucune volonté avant d'entrapercevoir une lumière, laissait forcément des traces.

Alors oui, Padfoot n'était pas serein du manque de réaction de son protégé. Il aurait aimé qu'il se mette à sa place et calme ses inquiétudes, qu'il soit suffisamment lucide pour toujours le rassurer. Cependant, les peines de cœur avaient la particularité d'être autocentrées et tournées vers la flagellation de soi. Cela ne faisait même pas deux jours après tout. Il fallait laisser du temps au temps.

Padfoot détestait sa condition. Elle l'empêchait d'agir comme il le désirait et être un spectateur n'avait jamais été sa tasse de thé. Une partie de lui avait également l'impression d'être prisonnier de la situation ubuesque qu'il vivait. Il avait détesté Azkaban, une prison qui prive bien plus que de liberté. Ce qu'il vivait aujourd'hui était différent, mais tout aussi usant. C'en était absurde. Le Sirius Black qui avait fini sa vie dans le voile était à présent un esprit flottant et libre, mais vide. Il n'éprouvait que de simples sensations qu'il ne pouvait pas nommer. Vivre une première vie à travers les différents univers, aller de porte en porte et apprendre de nouveau à ressentir ne lui avait fait que plus de mal en fin de compte. Observer, se faire à l'idée que sa vie se résumait à cette superficialité à présent, parce qu'il était mort mais pas comme il le fallait, ça avait de quoi rendre fou. Le pire était que Black préférait ce qu'il vivait maintenant. C'était loin d'être parfait mais c'était toujours mieux que d'être seul avec sa peine dans le voile.

Petit RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant