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On aime tous le soleil. Aller à la plage, bronzer sous les rayons, draguer de super beaux garçons et pleinement profiter de la journée.
Enfin, tous, à quelques exceptions près.

Ma chambre est plongée dans le noir, comme toujours. Qu'il fasse jour ou nuit, les ténèbres sont toujours présents dans cet espace qui me sert d'antre.

Je me redresse dans le lit avant de sortir de ma chambre. En bas des escaliers, je peux enfin sentir la lumière du jour me caresser la peau. Certes, ce n'est pas aussi agréable que ça l'est sans des fenêtres anti-rayons X, mais c'est déjà ça.

Comme quoi, ne pas pouvoir être exposé au soleil, ce n'est pas une vie dont tout le monde rêverait.

J'ai une peau avec une quantité de particules protectrices trop infime, ce qui fait qu'un contact avec les rayons X du soleil peut me créer des brûlures sur la peau. En regardant, même à l'œil nu, les veines de mes bras sont visibles. Donc en gros, ma peau est beaucoup trop faible pour pouvoir protéger mon corps.

Je suis très rarement exposée au soleil. Les rares fois où je le suis, j'ai toujours un manteau. En hiver comme en été.

— Bonjour, bien dormi ? Tu te sens bien ? m'adresse ma mère en me voyant arriver.

Je hoche juste la tête en guise de réponse et récupère une pomme sur le comptoir.

— Tu ne manges rien ?

— Non. Ça va aller, ne t'inquiètes pas.

— Si tu le dis. Tu as mis ta pommade ?

— Oui.

— La puce aussi ?

— Oui, maman, oui.

— D'accord.

La puce dont ma mère parle est en fait une petite carte électronique que je dois placer sur mes vêtements, du côté de mon cœur. Elle a pour rôle de stabiliser la tension artérielle, parce que le fait que mes veines soient aussi visibles joue sur la circulation du sang.

— Maman ?

— Oui ?

— Je peux sortir ?

Elle stoppe immédiatement ses mouvements avant de se tourner vers moi. Ses iris étonnamment bleues me scrutent attentivement, un air horrifié plaqué sur son visage.

— Sortir pour aller où ?

— Juste rester dans le jardin.

— Mais le soleil ...

— Je mettrai le manteau et je resterai sous l'arbre. S'il te plaît, maman. Je suis tout le temps enfermée !

Elle soupire. Le plus grand défaut de ma mère, c'est qu'elle ne sait pas dire non.

Et je sais en profiter.

— Tu es sûre d'avoir mis la puce et la pommade ?

— Absolument !

— Dans ce cas, c'est d'accord. Mais que pour vingt minutes !

Un immense sourire se dessine sur mon visage. Je ne suis pas sortie  depuis la semaine dernière. Mon père me l'interdisait. Mais aujourd'hui, il n'est pas à la maison, et ma mère m'en a donné l'autorisation.
Sautillant comme une gamine, je récupère rapidement mon manteau avant de sortir. Ça fait tellement de bien de respirer l'air frais et pas celui compressé de la maison, de sentir le soleil briller, et ce pas à travers des fenêtres anti-rayons X. Ça fait tout simplement du bien, de ne pas être enfermé.

J'ai, certes, ce manteau qui me recouvre tout le corps, mais ça me fait quand même du bien de me sentir libre.

Un bruit brusque me fait cependant sursauter. Ça ressemble beaucoup au son d'un ballon contre le sol. En tournant la tête vers la maison des voisins, j'aperçois un garçon, d'à peu près mon âge, en train de jouer au basket. Je m'approche un peu tout en le regardant du haut de la clôture. Il a une carrure si imposante. Il dégage une aura presque effrayante.

Blond foncé, de grande taille, des abdominaux parfaitement sculptés. En gros, la définition parfaite pour ce mec serait : Dieu grec. Le parfait cliché du beau gosse.

Ses cheveux blonds lui retombent sur le front, et la couleur de ses yeux brillants au néon du soleil est vraiment magnifique à regarder.

Je reste debout contre la clôture, à le regarder tirer, dos à moi, quand soudainement, le ballon atterrit au bas de la barrière en bois. Et c'est là qu'il me remarque.

Ses yeux me scrutent un bref instant, puis il s'avance vers moi pour récupérer sa balle.

— Salut ! lancé-je.

— Salut, dit-il en se relevant, vu qu'il s'était accroupi pour prendre son objet.

Il n'a pas l'air très emballé à l'idée de faire connaissance. Mais je ne me démonte pas.

— Tu viens d'emménager ?

— Ouais.

— Cool ! Je m'appelle Ellora ! Je suis ta voisine.

— Oui, j'ai vu. Bon, salut.

— Quoi ? Mais attends ! C'est quoi ton nom ?

Trop tard. Il a déjà disparu de mon champ de vision.

Encore un autre qui ne veut pas de moi comme amie.

Je rajuste mon manteau, puis marche de nouveau vers ma maison.

Une fois dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit puis admire mon plafond.

C'est devenu ma routine.

Ma vie est sombre. Aussi sombre que l'est ma chambre alors qu'on est en plein été.

Je n'ai jamais eu d'amis.

Depuis petite, tout le monde me fuit. Les enfants qui passaient devant chez moi disaient que j'étais une créature maléfique, du fait de ma peau presque transparente. D'autres racontaient que j'étais un vampire, et que c'était la raison pour laquelle ma chambre était toujours plongée dans le noir. Mais qu'est ce que j'y peux ?

Même au lycée, c'est pareil. Le harcèlement bat son plein, impossible de passer inaperçue avec ce manteau que je porte en toutes saisons. Mais ça, mes parents ne le savent pas.

Qui suis-je ?
Je ne saurais le dire moi-même. La seule chose que je sais, c'est que je m'appelle Ellora Willow.

𝐁𝐈𝐅𝐔𝐑𝐂𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 ━━━━━ 𝑬𝒍𝒍𝒐𝒓𝒂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant