Chapitre 8 : Arthur

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Camarades Potterhead, bonjour !

Ayant épuisé mon stock de chapitres tout écrits , je dois remettre la main dans l'écriture et c'est une bonne distraction entre deux piles de copies.

Ce chapitre me permet de ralentir le rythme pour décrire les personnages. J'en profite pour camper un peu mieux Lina. C'est le genre d'amie un peu folle et un peu entreprenante qu'on aime bien avoir. Et c'est aussi une future agente immobilière redoutable.

Bonne lecture !

PDV Jessica

Retour au temps présent, donc. Je travaille avec Djay depuis une semaine. Je ne peux pas dire qu'il me traite mal. J'ai même eu droit à une avance sur salaire.

Mais plus j'y pense, et plus j'ai l'impression qu'il se plie en quatre pour acheter mon silence. Parce que quand je dis qu'il est bizarre, il est bizarre comme un alien qui découvre le monde pour la première fois.

Commençons par son rapport à la technologie. Il parle de l'ordinateur et du téléphone comme si c'étaient des vraies personnes. Il ne sait même pas se servir d'une souris ou d'un clavier.

La seule chose qu'il pige à peu près normalement, c'est mon temps de travail. Il déteste que j'arrive en avance ou que je parte en retard. Il insiste aussi pour que je prenne toutes mes pauses. (Bon, ça veut peut-être dire qu'il ne veut pas que je le surprenne en train de découper des enfants en rondelles ou de cacher des ogives nucléaires).

Ces manières étranges n'ont pas l'air de gêner les clients, qui sont plutôt nombreux. Nombreux et encore plus bizarres. Ils ne disent pas vraiment bonjour en arrivant. Ils gargouillent à peine qu'ils ont rendez-vous avec « Monsieur Djay » pour des « raisons personnelles ».

La plupart ont des capuches ou des chapeaux qui cachent la moitié de leur visage, comme s'ils témoignaient de façon anonyme pour un reportage sur les hémorroïdes.

Ne parlons même pas de leurs vêtements. À côté, Djay a presque l'air normal et sobre. Certains déboulent en robe de chambre, d'autres en maillot de bain, en chaussures de skis ou en combinaison de plongée.

Concernant les destinations, c'est à chaque fois plus étrange. Et c'est moi qui doit expliquer à Djay que je peux m'arranger pour la Sibérie et le Sahara, mais qu'il n'y a pas de vols commerciaux direct pour le triangle des bermudes ou le pôle Sud. Sans parler des modes d'emploi qu'il me demande de rédiger pour expliquer comment trouver sa place dans un train ou comment acheter un ticket de métro.

Avec Lina, nous imaginons tous les soirs une nouvelle théorie. Djay a séjourné dans un hôpital psychiatrique et aide à la réinsertion de ses anciens camarades. Djay aide des criminels à s'échapper en les expédiant au quatre coin du monde. Djay vend de la drogue. Djay est le chef d'une secte. Djay a été congelé il y a cent ans...

Et aujourd'hui, Lina m'a proposé d'aller demander l'aide d'Arthur, le juriste de son agence.

« Tu verras, m'a prévenue Lina, il est très intello, mais il est surtout très sexy. »

Je suis pas une référence pour trouver les gens sexy. Je suis le genre de personne qui ne remarque rien des détails physique.

C'est arrivé une fois que Lina change de couleur de cheveux sans que je m'en rende compte.

Arthur nous ouvre avec une petite fille dans les bras.

« Je vous présente Chloé, dit-il. C'est ma petite sœur. Elle vit avec moi.  »

Je comprends tout de suite ce que lui trouve Lina. Ma meilleure amie a toujours eu un faible pour les good boys. Ses crushs ont toujours été les mecs qui portaient les pulls tricotés par leurs mamies ou qui recueillaient des oiseaux blessés dans de boîtes à chaussures.

Arthur a des lunettes rondes et un air rêveur. Ses cheveux tout ébouriffés sont devenus gris, mais il ne doit pas avoir plus de 25 ans. Il a les yeux noisettes, calmes et observateurs. Il est très grand : ni particulièrement fin, ni vraiment musclé mais ses épaules sont larges. Il porte un jogging et un sweat à capuche, ça lui va bien.

Lina affiche une dégaine décontractée qu'elle a passé des heures à étudier : chignon lâche, pull noir ample et décolleté, créoles dorées et jean noir troué à la cuisse droite. On voit ses formes et ses beaux cheveux noirs bouclés mais elle n'a pas l'air de vouloir séduire. Elle est parfaite.

Chez Arthur, ça sent le café froid et le papier. Il y a des livres partout dans sa chambre et des piles de feuilles gribouillées et surlignées. Et sur les piles de feuilles, des ronds de café.

Et il y a surtout un ordinateur a trois écrans sur son bureau. On s'installe autour pendant qu'il envoie la petite nous chercher des boissons. Très rapidement, il nous montre comment vérifier qu'une entreprise est déposée.

En quelques clics, il nous montre que celle de Djay est en règle. Il a déposé les papiers nécessaires, ne sembla pas être en redressement fiscal et ne ment pas sur son activité.

Je lui raconte tout ce que j'ai vu. Il m'écoute avec attention.

« Je pense que tu peux te fier à ton instinct, m'explique-t-il. Souvent, les entreprises louches donnent des impressions louches. Les clients à visages couverts, ce n'est clairement pas commun pour une agence de voyage. »

Il me tend sa carte et me propose de l'appeler si je vois des choses étranges. Je vois le regard de Lina s'attarder sur la carte. Elle est très légèrement jalouse.

« Un mot de toi et j'appelle l'inspection du travail, plaisante-t-il. J'ai un ami qui y travaille, je suis sûre qu'on trouvera ce ton Djay cache. »

Le sujet est vite clôt après ça. On discute un peu des quartiers où on aimerait habiter. J'évoque mes partiels qui approchent. Lina raconte les visites qu'elle fait pour nous trouver un appartement. Là-dessus, c'est elle l'experte et il n'a pas trop de conseils à nous donner.

J'aime bien le regard qu'il porte sur mon amie : un regard attentif et sérieux. Je suis incapable de dire si le coup de cœur est réciproque, mais je shipe clairement pour leur couple.

Avant de repartir, Arthur nous dit qu'il à hâte de venir notre crémaillère. Lina essaye tellement fort de cacher sa joie qu'elle arrête de parler. Je lui promets qu'il sera le premier invité.

Jusqu'à ce qu'on nous sépareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant