chapitre trois

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angel's head

@ncrawford - @angelinbluejeans

@ncrawford
T'es accro dis-moi.

Je rougis violemment suite au message qui a directement succéder à son abonnement.

Inspire.

Expire.

@angelinbluejeans
tes rêves ≠ la réalité

@ncrawford
Merci pour tout à l'heure.

@ncrawford
Les clopes.

@angelinbluejeans
c'est rien, on refait un troc quand tu veux

Je suis définitivement l'idiot du village. Pourquoi je m'inflige ça ? Je sais pourtant que je ne suis pas doué en relation humaine, pourquoi je m'acharne ?

@ncrawford
Ahah je prends note.

J'ai l'air de l'embêter en plus de ça, Angel t'abuses. Je ferme la conversation et retourne à ma dissertation de français, l'esprit encore plus encombré qu'avant, il serait temps que j'apprenne à contrôler mon stress.

La porte d'entrée s'ouvre en claquant, réveillant Pierre dans un rugissement, les voix ne sont pas distinctes de là où je suis, mais je comprends vite que mon frère va, encore une fois, payer pour quelque chose de futile.

Comme un lâche, je remets mes écouteurs et monte le son au maximum pour me couper de ma famille et des événements qui vont suivre. J'ouvre ma fenêtre et monte sur le toit, les jours se raccourcissent, les températures se font de plus en plus fraîches, je serre la manche droite de mon sweat dans mon poing pour éviter au vent de s'infiltrer à l'intérieur.

Je discute un temps avec Ava par message tout en fumant, puis, une trentaine de minutes plus tard, je rentre dans ma chambre en espérant que la maison ait retrouvé son calme.

Aux alentours de 2:00, je ne trouve toujours pas le sommeil, bien trop occupé à penser. Je pourrais être raisonnable et ne pas me faire de films, attendre simplement de voir ce qu'il va se passer, mais c'est trop demandé. Je psychote à propos de Nico, de ma famille, du lycée... Trop de questions et pas assez de réponses.

De manière automatique, je me lève, ma peluche en main et je vais me blottir dans le lit de mon frère, le seul endroit où je peux apaiser mon esprit, parce que je sais qu'il sera toujours là pour me protéger.

Je me glisse sous les couvertures et à moitié endormi, Rayane passe distraitement sa main dans mes cheveux avant de retrouver sa position initiale. Je vais enfin réussir à dormir.

Le lendemain, à l'entrée du lycée, j'aperçois Nico posé sur le muret en pierre, il n'a vraiment rien à faire de sa vie pour traîner aux alentours du lycée alors qu'il n'y est plus scolarisé. Il est assis avec Inès et je passe devant eux pour rentrer dans l'enceinte du bâtiment. Il me salue rapidement de la main, surpris, j'esquisse un rictus avant de m'engouffrer dans les portes du lycée la tête baissée.

Comme à mon habitude, dès que je rentre dans une salle de cours je prends place au fond, là où je peux le mieux dormir, à l'abri des regards. En temps normal, personne ne s'assoit à côté du gars bizarre, et ce n'est pas pour me déplaire, mais aujourd'hui, pour une raison x ou y, une fille de ma classe dont j'ai oublié le nom prend la chaise vide à côté de moi et s'y installe sans me demander mon avis.

- Oksana m'a dit que tu avais l'air proche de Nico d'après ce qu'elle a vu ce matin, déclare-t-elle en entrant directement dans le vif du sujet, je peux te poser une question ?

- Non, répliqué-je sèchement.

Elle se calme immédiatement, se rendant compte qu'elle est peut-être allée trop loin. Au moins elle n'est pas complètement bête, c'est déjà ça.

- Excuse-moi, répond-elle gênée, c'est juste que, enfin, tu vois, je l'aime bien quoi.

Elle n'a pas besoin de préciser, j'avais bien compris qu'elle, comme la moitié du lycée, voulait finir dans son lit.

- Je le connais pas, je peux pas t'aider, mais si tu veux mon avis, passer par des intermédiaires pour essayer de le draguer, c'est nul.

Je clos définitivement la conversation en faisant tomber ma tête dans mon coude, je vais enfin pouvoir rattraper les heures de sommeil manquantes de cette nuit.

Nos ombres furtivesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant