chapitre treize

45 5 27
                                    

angel's head

Je vois la scène se dérouler devant mes yeux sans trop comprendre ce qu'il se passe, ces personnes affichées dans la maison qui me semble pourtant si inconnu.

- Je suis contente de te voir ! Mais il y a certaines choses dont nous allons devoir discuter... Dit la femme en le détaillant de la tête aux pieds.

- Tu ne nous présentes pas ton ami ? Questionne l'homme.

- Si, bien sûr, voici Angel. Angel, mes parents.

Il me lance un signal de détresse, je panique, je ne sais pas comment l'aider. Il va m'en vouloir c'est sur, je suis vraiment un mauvais copain.

- Ravi de te connaître Angel, déclare le père de Nico en me tendant une main que je serre faiblement.

- Il a quelques problèmes avec sa famille en ce moment alors je lui ai proposé de l'héberger le temps que ça s'arrange, s'explique mon copain.

Sa mère ouvre la bouche pour protester mais son mari la coupe en annonçant que 'ça ne pose aucun problème, il peut rester autant qu'il le faut'. Elle se contente alors de l'inciter à se poser sur le canapé pour parler. J'hésite à les suivre mais le regard suppliant de Nico me convainc d'y aller.

Je me pose sur le fauteuil à l'opposé de sa mère tandis qu'il s'assoit à côté de son père sur le canapé. Flocon grimpe automatiquement sur ses genoux et ronronne.

- Premièrement c'est quoi ça ?

- Un chat comme tu peux le voir, il s'appelle Flocon, il était à la rue et on l'a recueilli, ensuite ?

- Il sort d'où ton ami ? Il vient de quel genre de famille ?

Nico me regarde, dépité, apparemment c'est souvent comme ça, il m'en avait vaguement parlé mais il n'avait jamais dit combien c'était invivable.

- En fait ma mère est morte et mon père est malade, répliqué-je de but en blanc énervé par son comportement qui met visiblement tout le monde mal à l'aise.

Bon, j'ai légèrement enjolivé la vérité, oui ma mère est morte, mais par ma faute. Oui mon père est malade mentalement, en plus d'être alcoolique et violent. Mais elle n'a pas besoin de connaître les détails, son air dégoûté m'insupporte déjà au plus haut point.

- Et puis tu as vu comment tu es habillé ? C'est exaspérant, on dirait un pédé, t'as pas honte ?

C'en est trop pour Nico qui bouillonnait depuis longtemps au vu du tremblement de ses jambes et il explose.

- Toi t'as pas honte ? T'as jamais été présente pour moi, je ne te connais pas, tu viens à peine de rentrer de voyage que tu me dénigres déjà ? T'es pas ma mère, t'es même pas ma colocataire, et je te déteste.

Il part furieusement dans sa chambre et je m'empresse de le rejoindre. Quand j'ouvre la porte, il est étalé sur son lit, un cadre entre les mains. Je me glisse à ses côtés et essaye de deviner ce qu'il ferait à ma place.

- Je suis désolé que t'aies eu à assister à ça, j'ai pensé qu'elle se tiendrait un peu mieux en ta présence.

- Je m'en fiche, c'est pas elle que j'aime c'est toi, si elle est pas capable de voir la merveilleuse personne qu'elle a engendré, c'est son problème.

Il lâche son cadre et j'y aperçois un dessin enfantin, avec trois bonhommes bâtons ainsi que ce que je suppose être un chien.

- J'ai commencé à dessiner pour avoir ma famille avec moi, surtout quand je me retrouvais seul à la maison, m'explique-t-il, j'en ai été trsite longtemps, si mon père essayait de rentrer dès qu'il le pouvait, ma mère ne faisait aucun effort et elle n'en fait toujours aucun d'ailleurs.

Je me rapproche de lui pour l'embrasser, je suis pas vraiment doué pour réconforter les gens, en général c'est eux qui font face à mes problèmes, pas l'inverse. Il répond à mon baiser, posant ses mains sur ma taille. Je lui montre comme je peux que je suis là pour lui, qu'il compte pour moi.

Finalement, on se retrouve enlacés, une de ses mains dans mes cheveux, l'autre jouant avec mes doigts. Je fixe sa chaîne, celle que je lui ai offerte, et constate que c'est bien réel, tout ça n'est pas qu'un rêve dont j'aurais détesté me réveiller.

Des coups sont frappés à la porte et on s'écarte subitement l'un de l'autre quand le père de Nico entre dans la pièce. Il a un sourire en coin et s'assoit sur la chaise de bureau.

- Je voulais m'excuser auprès d'Angel pour la scène à laquelle il a assisté tout à l'heure ainsi qu'auprès de toi Nico, c'était pas correct, elle aurait jamais dû te dire des choses pareilles, elle n'a pas à juger qui tu es.

Mon copain hoche la tête, il n'a pas l'air de trop en vouloir à son père sans pour autant avoir envie de lui sauter dans les bras, c'est toujours mieux que rien je suppose.

- C'est pas de ta faute papa.

Il s'excuse malgré tout une nouvelle fois avant de quitter la chambre. Je me retourne vers Nico et tends mes bras vers lui pour qu'il se glisse à l'intérieur, ne sachant toujours pas comment lui témoigner mon soutien.

Il y reste un long moment, sans que rien de spécial ne se passe avant de se relever et de se mettre à son bureau, l'esprit visiblement occupé. Il attrape un crayon de bois et commence à dessiner, je l'observe tracer des traits, hypnotisé, jusqu'à ce qu'il finisse par relever la tête.

- Désolé, j'ai eu une idée, mais je ne veux pas te mettre à l'écart.

- Non, répliqué-je en secouant la tête, continue ça me dérange pas, j'aime bien te regarder.

Il hésite puis replonge vers sa feuille. Je ne saurais dire combien de temps nous sommes restés comme ça, mais la nuit a largement eu le temps de s'installer. Notre bulle explose quand Serge passe par l'entrebâillement de la porte.

- On va bientôt manger, vous venez ou vous préférez manger après ?

- C'est bon, on vient.

Je le regarde, étonné qu'il veuille se confronter à sa mère, encore un point sur lequel on est différent, il fait face tandis que je préfère fuir.

- Je vais pas la laisser me bouffer la vie, ajoute-t-il après qu'on soit de nouveau plus que tous les deux, mais si elle ose encore une fois s'attaquer à toi...

- Tant qu'elle ne te fait pas de mal, ça ne me dérange pas.

Je me glisse dans ses bras, posant ma tête sur son épaule. J'embrasse doucement son cou avant de lui murmurer :

- Je t'aime si fort...

Son étreinte se resserre et l'amour gonfle encore plus mon cœur de bonheur. Il ne me faut rien de plus que cet instant pour me rendre heureux, il est la seule personne qui me donne vie dans chacune de mes cellules, même celles que je pensais anéanties.

- Si seulement tu savais combien je t'aime Ange, me répond-il la voix remplie des émotions qu'il ne peut formuler.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Apr 22, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Nos ombres furtivesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant