Toute petite Apolline

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Lettre à toi

Ma petite Apolline


À toi,

Comment pourrai-je oublier cette nuit-là ? Cette nuit où ma vie a changé. Le mardi 19 août 2014. Pour dire la vérité, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. On m'avait dit tant de chose à ce sujet, je ne savais pas qui croire. J'ai préféré attendre. Moins j'en parlais et plus cela me paraissait lointain. Mais plus le temps passait et plus cela se voyait.

Je me souviendrai toute ma vie du jour où je l'ai appris. Les parents étaient venus dans ma chambre. Je pensais sincèrement que la fin était proche pour moi, qu'ils avaient découvert une grosse bêtise que j'avais fait. Je me souviens avoir réfléchir à toutes les bêtises que j'aurais pu avoir fait. Je ne m'attendais pas du tout de la raison de leur annonce. Ils se sont assis sur mon lit, se sont regardés et me l'ont annoncé. Ils avaient un grand sourire, les yeux qui pétillaient. Leur annonce, une simple phrase.

« On va avoir un nouveau membre dans la famille Jules. »

Maman avait dit cela en touchant son ventre. Un bébé ? Je ne savais pas vraiment comment j'étais censé réagir à cela. Sauter de joie ? Crier ? Pleurer ? J'ai évidemment été surpris, mais rien de transcendant. Une simple réaction, quelques questions. C'est bien beau d'avoir une petite sœur ou un petit frère, mais quel serait mon rôle là-dedans ?

J'aimais bien ma vie d'enfant unique. J'avais la totalité de l'attention de mes parents, pleins d'amis et aucun problème. Je ne voulais pas que quelqu'un vienne bousculer mon petit bonheur.

C'est comme cela que j'ai commencé à appréhender ton arrivée. Tu étais prévu.e pour début septembre et cela me laisser encore un dernier été pour profiter de mes parents. Malgré mes seize ans, je n'étais pas prêt à les partager avec toi. Loin de là.

En fin de compte, tu es arrivé.e plus tôt que prévu. Pendant les vacances. Cette nuit-là, j'ai carrément flippé. Papa est arrivé en trombe dans ma chambre pour me prévenir qu'il partait avec maman, que le moment était arrivé. Comment te dire que je n'avais absolument pas compris de quoi il parlait sur le moment. J'ai regardé l'heure, mon réveil indiquait 3 heures 26. Je ne sais pas pourquoi j'ai retenu cette information, mais je m'en souviens. Papa est descendu presque en courant.

Je suis descendu au salon à mon tour et j'ai vu maman, adossée au mur. Son ventre était énorme. Je me suis rendu compte que depuis le début je niais tout dans ma tête pour ne pas voir la vérité en face. Elle avait l'air de souffrir et je me suis vraiment inquiété pour elle. Les parents sont finalement partis à la clinique et comment te dire que je n'ai pas pu me rendormir. Tout allait changer maintenant. Les questions se bousculaient dans ma tête.

J'ai reçu l'appel de papa un peu avant 11 heures. Je crois qu'il pleurait de joie. Il me dit qu'il viendrait bientôt me chercher pour venir te voir. Il voulait garder la surprise du sexe et du prénom, sur le moment cela m'a agacé. Papa est arrivé à 14 heures et on a mangé. Il n'a pas parlé de l'accouchement et je n'ai posé aucune question. J'avais même l'impression que l'ambiance était tendue.

Nous sommes arrivés à la clinique vers 17 heures. J'appréhendais vraiment beaucoup. Je voulais te voir, mais d'un autre côté non. Tant que je ne t'avais pas vu, cela ne voulait rien dure pour moi.

Quand je suis rentré dans la chambre, j'ai d'abord vu maman. Elle était épuisée mais elle souriait. Cela m'a rassuré. Elle a tourné la tête pour regarder à sa gauche. Il y avait un berceau, ton berceau.

À coté d'elle, un tout petit bébé dormait paisiblement. Je me suis approché tout doucement pour ne pas réveiller ce bébé. Au dessus de sa tête, une petite carte avec les informations de bases. La carte était rose, et c'est comme cela que j'ai appris que le bébé était une fille. Une minuscule créature. Plus petite que mon bras. Un tout petite bébé. Apolline, c'était toi.

Je ne sais pas si je l'ai aimé tout de suite. Ce petit bébé, tout petit, tout fragile. Ce bébé était ma petite sœur et je n'ai pas tout de suite pris conscience de cela. Celle qui quelques années plus tard allait me casser les pieds, était là toute minuscule dans un berceau. Je n'en savais rien à ce moment-là. Je me souviens de la première fois où je t'ai pris dans mes bras. J'avais peur de te casser. D'abîmer ma petite Apolline.

Quand tu es arrivée à la maison, c'était tellement étrange. Je n'arrivais pas à rester dans ma chambre. Je voulais toujours te voir, t'admirer. Je m'asseyais dans le canapé et te regardais pendant des heures. Je ne voulais louper aucunes minutes pour te voir grandir. Ce petit bébé m'intriguait beaucoup.

Plus tu grandissais et plus je t'aimais. J'avais peur pour toi, le monde est dangereux pour une fragile créature comme toi. Maintenant tu as six ans. Tu es belle ma petite Apolline. Tu es ce qui m'est arrivé de mieux.

Avant que tu naisses, je m'étais posé une question : Quel serait mon rôle là-dedans ?

Je suis devenu plus calme, je me suis adouci. Mon rôle ? Te donner tout ce dont tu as besoin. Je suis devenu un garde du corps, un protecteur. Ton meilleur ami, le seul qui ne t'abandonneras jamais ma petite Apolline. Je ne te montre pas que ce que je ressens. Cela est vraiment compliqué pour moi.

C'est pour cela que je t'écris. Je t'écris pour qu'à travers cela tu puisses décoder le message. Le message que tu ne dois jamais oublier, quoi qu'il arrive.

Je t'aime ma petite Apolline.

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Bonjour à tous,

merci d'avoir lu cette nouvelle lettre.

Lettre qui change de d'habitude. Je voulais essayer de changer un peu de style. Une sorte de petit récit. J'espère que cela vous a plu !


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⏰ Dernière mise à jour : Nov 22, 2020 ⏰

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