Wolf, ou la vie de mon mari.

Chapitre 28: Le Chamane

[4 ans plus tard]

Je finis de retirer mes vêtements de l'armoire et les dépose dans la valise. La moitié sont des fourrures, des vêtements d'hiver. J'en aurai sûrement plus besoin maintenant.

-Vous allez revenir nous voir Wolf ?

Je me tourne vers Snow qui est assis sur mon lit l'air contrarié. 

-Bien sûr.

-... Quand vous partirez, je n'aurai plus personne à qui parler.

-Demandes à ton père de t'acheter un ordi ou un téléphone.

Snow lève les yeux au ciel.

-Me si je POUVAIS le lui demander, il ne comprendrait pas comment je pourrais vous parler sans voix et sans signes.

-Oui désolé.

Je lui ébouriffe les cheveux en rigolant. Il a pris 5 centimètres, mais son visage n'a pas changé en quatre ans.

-Ne t'attaches pas trop à moi non plus avant que ta stupide malédiction te fasse revenir dans je ne sais combien de milliers d'années.

-Ne vous surestimez pas Wolf.

-Gneugneugneu...

Je mets mon dernier t-shirt.

-Dis-moi Snow...

-Mh ?

Je ferme ma valise en appuyant dessus.

-Tu ne m'as jamais dit ce que tu veux faire plus tard.

-... Plus tard ?... Il va être midi donc je vais sûrement manger.

-Je veux dire comme métier ! Je sais que tous les guérisseurs ne deviennent pas médecins et je te vois mal soigner des gens.

-Oh... À quoi bon y penser ?... Je vais bientôt mourir de toutes mani-

-Arrête tes conneries ! Je répète ma question. Qu'est-ce que tu comptes faire dans le futur ? Futur que TU AURAS parce que je vais me démonter pour te le donner.

-... À une époque... À une époque, j'ai voulu... Non, c'est stupide...

J'insiste du regard.

-... J'ai voulu être chanteur d'Opéra.

-... Sérieusement ?

-Je sais que c'est stupide... Personne ne peut m'entendre donc-

-Tu as la voix la plus magnifique de tous les temps. C'est un tireur d'élite qui le dit.

-... C'est gentil...

-Non ! C'est vrai ! Et quand je te libérerai de ta malédiction, on te montera ton propre opéra. 

Quelqu'un frappe à la porte.

-Wolf dépêches toi, tu as de la visite ! Fait la voix grave de Maître Fao derrière la porte.

Je fronce les sourcils puis hausse la voix pour qu'il m'entende.

-Qui est-ce ?!

-Tu verras ! Dépêches toi !

Je soupire et me tourne vers Snow.

-Je viendrai te dire au revoir plus tard.

Il hoche la tête et je sors de la chambre. Maître Fao me fait signe de le suivre et je m'exécute.

Ses cheveux ont poussé et une fine barbe est apparue sur son menton. Je regarde discrètement sa droite et sa jambe droite qui boitille. Cela peut paraître étrange, mais il vieillit. Il n'a toujours ni femme ni enfant, et refuse de m'expliquer la raison. Et plus je le vois se tasser et prendre des rides, plus je me sens triste. C'est vrai que ses entraînements et son caractère sadique m'agaçaient au début. Mais plus les années passaient, plus je le respectais. Il a toujours eu foi en mes capacités et à force de me pousser à bout, il a tiré le meilleur de mon physique et de mon intelligence. Il m'a appris énormément de chose, sur mon devoir, mais aussi sur sa vison du monde. Il a aussi toujours trouvé le moyen de me motiver. Surtout par des menaces maiiiiis de la motivation quand même. En fait... Même s'il est absolument et incontestablement hors de question que je le dise à haute voix... C'est un peu le père que j'ai jamais eu...