Cela fait plus de vingt minutes que j'attends le médecin. La faim m'attaque, je vais me prendre une poire, elle pourras ainsi rassasier ma faim et ma soif. Je retrouve Orée sur le canapé.
Orée - T'as pas entendu ce que 'man t'as dit ?
Manhattan - J'ai faim. Je vais juste me prendre un fruit.
Orée - Après tu bouge plus de ton lit, compris ?
Manhattan - Hmm.
Si la douleur était le prix à payer pour échapper à tout ces évènements, je la prendrais les bras grands ouverts.
Orée - Réponds-moi correctement.
Manhattan - Oui.
Orée - Tu me dois bien ça après que tu m'aie gâchée ma journée...
Manhattan - Hmm...
Orée - Pardon ?
Manhattan - Oui.
Orée - T'as ta poire, va dans ta chambre maintenant, je ne veux plus t'entendre.
Manhattan - Hmm.
Orée - Tu le fais exprès ?
Manhattan - Non.
Orée - Ne me cherche pas, ou tu me trouveras. Tu me dois un respect plus grand aujourd'hui.
Manhattan - Oui.
Je retourne dans ma chambre. Il y a quelque chose qui contracte tout mes muscles et c'est désagréable. Je m'allonge dans mon lit.
Ma fenêtre est toujours ouverte, le rideau est soulevé par le vent, il me fait penser à un voile de mariée. C'est fin, délicat, brodé scrupuleusement et léger, aussi léger qu'une plume. Pourtant la plume est considérée comme plus légère que tout, dans son apparence brute, ce n'est qu'un os avec d'épais poils. Ce tissu là est l'exemple à suivre, il vient à moi et caresse mon torse. L'idée d'une rougeur m'avait traversé l'esprit, mais maintenant, la rougeur s'est transformée en divers cratères et volcans, certains sont sanglants et d'autres sont si fin qu'on vois ce magma transparent. C'est comme une carte, une maquette qu'on observe. J'observe les chemins de roches, l'histoire d'un nouveau monde conté.Myrna - Bonjour, Manhattan. Oh là, que t'est-il arrivé pour que tu retrouve dans un état pareil ?
Manhattan - J'observais l'eau cristalline se frayer un chemin sur mes bras, et c'est tout.
Il s'assoie sur mon lit.
Myrna - Tu observais l'eau couler sur ta peau, c'est ça ?
Manhattan - Hmm.
Myrna - Et tu n'as pas senti de douleur, donc tu as continué à te laver ?
Manhattan - Hmm.
Myrna - Tu n'as pas observé de la vapeur ?
Manhattan - Pas aux premiers abords. La salle de bain est blanche de fond en comble. Et puis de la vapeur dans une salle de bain, ça me semble anodin.
Myrna - Tu n'as pas suivi le tracé ?
Manhattan - Orée a dû l'effacer par mégarde.
Myrna - Et tu as tout de même pris ta douche, sans te soucier de la température ?
Manhattan - Je peux me débrouiller tout seul, c'est ce que je me suis dit.
Myrna - Tu regrettes ?
Manhattan - Nullement. Maintenant je sais que j'ai trop tourné la température vers l'eau chaude. J'irai plus loin la prochaine fois.
Myrna - Et cette prochaine fois, j'irais te voir pour un coup de froid ?
Manhattan - ...
Si la douleur pouvait m'aider à échapper à ce quotidien...
Myrna - Je pense qu'on va devoir appliquer une méthode plus approfondie.
Manhattan - La ligne m'aillait très bien... Il suffit de la remettre, simplement...
Myrna - Et si elle disparaît encore, on se retrouveras pour les mêmes brûlures ? Parce que tu auras décidé que tu en seras capable ?
...Je la prendrais les bras grands ouverts.
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Le jour se lève dans la nuit
Non-FictionManhattan est un garçon attendri par les petites choses de la vie, l'eau le fascine, les couleurs l'éblouissent, les saisons le rendent observateur de la beauté du monde. Mais qu'en est-t-il de la beauté humaine ?