Je ne l'ai pourtant pas insulté, et je suis resté le plus poli possible. Maman m'a dit de ne pas faire de bêtises, et je ne veux pas en payer les conséquences.
Samuel - Dis-moi, tu ne m'apprécie pas ?
Manhattan - Je n'ai jamais dit ça.
Samuel - Tu es très peu bavard, tu es en dépression ?
Pourquoi est-ce que le monde pense que si quelqu'un n'est pas bavard, il est forcément en dépression ? Et si ce n'était rien de plus qu'un signe pour qu'on leur fasse comprendre qu'on ne veux simplement pas développer ?
Samuel - Tu es donc en dépression.
Manhattan - Non, je suis moi.
Samuel - Pourquoi tu es si froid ?
Manhattan - Parce que je suis moi, je ne peux pas être plus moi que ça.
Samuel - Alors c'est toi mais dans des limites abusées.
Je ne comprend pas...
Manhattan - Non, c'est simplement moi. Rentrez chez vous. Je ne veux pas que vous veniez me voir, j'ai beaucoup à faire de mon temps libre.
Je me lève et remets mes chaussettes et mes chaussures. Je dois me méfier de cet homme. Les personnes qui prennent trop soins d'elles compensent juste leur comportement fétide par leur beauté. Je l'ai appris à mes dépends aujourd'hui.
Samuel - Je te raccompagne chez toi quand même !
Manhattan - Non, ça ira, je sais rentrer par moi-même.
Samuel - Tu n'as pas compris...
Si la situation tourne mal, ça reviendrais à me donner du tord. Et ce seras une bêtise de trop. Les conséquences risquent de me priver de mes études à tout jamais. Il faut que je m'en aille.
Samuel - Je t'ai dit que les amis de ma sœur sont les miens, alors je te raccompagne gentiment chez toi. D'accord ?
Manhattan - C'est gentil, mais je refuse. Je tiens à garder ma résidence privée.
Samuel - Tu es coriace pour un gamin de treize ans !
Manhattan - Vous êtes immature pour un adulte qui souhaite protéger sa sœur. Avec une attitude pareille je doute que vous réussirez à faire grand-chose dans n'importe quel cas problématique la concernant. Je vous conseille de veiller à l'accompagner plutôt qu'à accompagner son camarade de classe.
Samuel - Haha, tu en as du cran, petit ! Et tu as dit camarades ? Vous n'êtes pas amis ?
Manhattan - Nous sommes ce que nous sommes et peu en importe. Allez lui préparer le repas au lieu de perdre votre temps avec moi.
Samuel - Tu te fous de moi-...
Manhattan - Oh, tu nous as suivis, Harmony ?
Samuel - Quoi ?! Où où où ça ?!-
Je me met à courir alors qu'il la cherche des yeux. Il a dû remarquer que je l'ai berné maintenant. Je traverse le chemin de terre et m'enfonce dans l'autre forêt. Je peux l'entendre courir au loin, je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne autant de temps à remarquer mon absence. Enfin, j'arrive sur une voie routière où un bus s'est arrêté. Je le rattrape de justesse et regarde Samuel me regarder de la forêt avec un regard noir. C'est bien essayé, je lui donne un petit sourire en récompense. Il semble que j'aie ajouté de l'huile sur le feu, vu qu'il ouvre férocement les yeux. Je vais pouvoir rejoindre la maison en sécurité, je vais devoir marcher un petit peu. Bizarrement, le conducteur ne m'a pas demandé ma carte de bus. Il a dû s'apercevoir que j'étais poursuivi. Je descend deux arrêts plus tard pour être sûr qu'il ne me rattrape pas.
Conducteur - Fais attention à toi, petit !
Manhattan - Oui, merci beaucoup, passez une bonne journée.
J'ai vu juste. Je continue mon chemin jusqu'à la maison, je reprend ma corde que j'avais caché dans le buisson et remonte dans ma chambre. Je me sens soulagé, je n'ai pas fait de bêtises. Je commence à lire des articles sur l'Univers. Ma sœur toque à ma porte.
Orée - Hattan, tu es réveillé maintenant ?
Manhattan - Hmm.
Orée - Pfiou... Tu ne répondais plus, j'ai cru que tu était mort de tes blessures... Tu peux ouvrir ?
J'ouvre le verrou et elle entre.
Orée - Tu es en sueur, tu as de la fièvre ? Tu te sens comment ?
Manhattan - J'ai fait un cauchemar. Mike est parti ?
Orée - Oui, depuis un bon bout de temps maintenant. Tu veux manger quoi ce midi ?
J'aimerais me faire pardonner.
Manhattan - Une pizza ?
Orée - Oh oh !! Sérieux !? Wouhou ! J'appelle Pizza2022 !
Manhattan - Hmm.
Elle pars de la chambre. Parfois, je paye le prix de mes propres choix. Je n'aime pas particulièrement les pizzas, je les trouves fades. L'amas de fromage ne fait que cacher ce goût ennuyeux. L'élasticité fait l'esthétique. Mais l'esthétique ne fait pas le goût.
Je prend un tissu et l'humidifie pour nettoyer mon corps de la sueur. Je ne vais pas frotter trop fort, ou les volcans vont érupter.
J'ai compris une chose ce matin, celle de ne plus vouloir croiser le regard de cet homme.
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Le jour se lève dans la nuit
Non-ficțiuneManhattan est un garçon attendri par les petites choses de la vie, l'eau le fascine, les couleurs l'éblouissent, les saisons le rendent observateur de la beauté du monde. Mais qu'en est-t-il de la beauté humaine ?