Chapitre 3

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Pierre était excité quand même, Benjamin aussi mais il feignait l'indifférence la plus totale. Le blond faisait les cent pas en haut des escaliers de la villa, il n'attendait qu'une chose, qu'on l'appelle. Il adorait faire plaisir à ses proches cependant, il était comme tout le monde, il aimait aussi quand les surprises étaient pour lui. Il sentait le regard de son ami sur lui alors il cachait tant qu'il pouvait sa nervosité.

-Calme toi Pierre, c'est simplement pour faire plaisir aux abonnax et faire une petite soirée.

Pour celui-ci, c'était un peu plus que ça. C'était l'occasion de pouvoir se montrer plus tactile avec son collègue, l'occasion de pouvoir faire semblant, vingt petites minutes, d'avoir une réelle intimité avec Ben. Il s'arrêta et vint se placer à ses côtés, il souffla un bon coup dans le but de calmer le tambourinement de son cœur et son excitation. C'était peine perdue, un sourire qui le trahissait ne voulait pas quitter ses lèvres.

C'est à ce moment que choisi l'empressement du brun pour resurgir, il laissa échapper un "c'est bon ?" surexcité et tendait l'oreille pour écouter ce que les jeunes en diraient. De là où ils se situaient, ils n'entendaient pas grand chose. Pierre ne pouvait plus contenir son excitation plus longtemps, il prit la main du parisien, d'ailleurs il aurait pu jurer qu'une rougeur teintait ses oreilles à se moment-là et ils dévalèrent les escaliers rapidement. Ils se lâchèrent bien trop rapidement au gout du Lorrain.

Ils rentrèrent dans le salon et dans leurs rôles habituels. La soirée avait débuté en vlog mais un détail n'échapperait pas aux abonnés ainsi qu'à Pierre, Ben semblait un peu moins dans le running gag que d'habitude, même Fred s'en rendit compte. Cela ne dérangeait pas le blond, il n'avait seulement pas eu le mot. Le passage des questions avait un peu gêné le brun et il fuyait le regard de son mari forcé. Tout ce que celui ci avait enregistré, c'était qu'il ne souhaitait pas divorcer, en tout cas, pas encore.

Ils mangèrent tous ensemble le gâteaux préféré de Benjamin, ils décalèrent le reste de la fête dans le salon, ils fêtaient leur amitié, l'entreprise, l'anniversaire de ce mariage si spécial mais aussi la fin du séjour à la villa qui approchait à grand pas. Tous avaient des ressentis différent mais il était certain qu'ils le referaient.

Ils dansaient et chantaient, ils riaient aussi et pour la première fois personne n'était victime du salon maudit. Ben s'était assis dans un fauteuil sur son téléphone et Pierre ne put se retenir d'aller l'embêter un peu. Il mettait la musique de plus en plus forte et espérait bien le faire réagir mais il gardait ostensiblement la tête rivé vers son One+.

Le Lorrain ne comprenait pas pourquoi il agissait ainsi et décida de ne pas s'en formaliser, il comptait bien profiter de la soirée avec tout ses amis.

Lorsqu'elle prit fin, il était le dernier encore debout avec Guillaume, ils discutaient tranquillement en finissant les bouteilles de vins sur la table. Son ancien colocataire ne tarda pas trop et bientôt il se retrouva seul en bas à ruminer. Ses pensées, ces derniers jours, n'étaient tournées que vers Benjamin et elles ne l'épargnèrent pas ce soir-là. Il aurait aimé savoir ce que le brun ressentait, sans prendre le risque de le perdre, il restait après tout, un de ces meilleurs amis. Et puis sa communauté serait tellement déçu de ne plus jamais revoir à l'écran leur duo. Ceci dit le parisien serait certainement prêt à mettre de côté une quelconque histoire d'émotions pour faire plaisir à ses abonnés. Seulement, lui, Pierre, ne pourrait pas. Et maintenant qu'il en prenait conscience, il ne pourrait pas cacher ça trop longtemps encore à son ami. Il ressentait le désir urgent de lui dire. Dire quoi ?

Il venait déjà de dépasser la limite acceptable de temps seul à table autour de cadavres trop nombreuses de bouteilles de vins. Et il ne savait toujours pas comment commencer son discours, tout semblait débile, ils n'étaient plus des adolescent, à son âge, il ne devrait plus se poser autant de questions.

Alors il débrancha sa réflexion, de toute évidence, elle n'était plus très présente depuis un moment. Son instinct lui fit prendre une douche dans la salle de bain commune et lui fit mettre un tee-shirt et un jogging. En revanche, sa réflexion, elle, lui aurait refait gagner sa chambre, elle n'était plus là et déjà, il entrait dans la chambre de Ben. Comme un coup de jus, elle refit son apparition, c'était un peu trop tard, il se retrouva hébété et resta sans bouger sur le pas de la porte.

Néanmoins, la lumière avait réveillé le plus petit. Il avait rapproché les deux lits qui constituaient sa chambre pour n'en faire qu'un et dire qu'il était surpris de voir Pierre à cette heure-ci dans sa chambre ne serait pas utile, il ne fit aucun commentaire quand il vit le Lorrain se glisser dans le lit et coller son torse à son dos. Le blond ne croyait pas en sa chance ou son audace ou son taux d'alcoolémie trop élevé, il ne savait plus qui remercier, il n'osait pas bouger ni émettre un seul son. Il était dans le lit de son ami, avec son ami. Il était peut-être trop exigeant mais la situation ne lui allait pas, bien qu'il ait niché son nez dans la nuque de Benjamin, il avait la sensation de ne pas sentir assez sa présence. Il osa poser sa main gauche sur le flanc du brun. Toujours sans s'échanger un mot, le parisien ressorti son bras gauche d'en dessous de la couette et entrelaça leurs doigts tout en réduisant encore, si ce fut possible, le petit écart qui existait entre eux.

Le cœur de Pierre allait lâcher, il devait rêver. Ce ne pouvait pas être réel. Il devait essayer de s'en assurer, alors en chuchotant, il demanda :

-Ben, qu'est-ce qu'on fait, là ?

- Je suis fatigué mon Pierrot, j'ai pas envie d'y réfléchir.

Le plus jeune devinait facilement que le lendemain matin serait compliqué et il espérait qu'ils se réveilleraient avant les autres membres de la villa, il se doutait aussi qu'il devrait sérieusement expliquer son geste. En attendant, il respirait l'odeur de son ami et il sentait la chaleur de sa paume contre le dos de sa main se propager dans tout son corps. C'est dans cette position qu'ils s'endormirent. Blottis l'un contre l'autre.

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