Chapitre 5

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On était le vingt-sept novembre, il était neuf heure et demie du matin et la villa prenait petit à petit vie. Tout le monde avait son propre rythme ainsi il était quasiment impossible qu'ils prennent leur petit déjeuner au même moment. Bien souvent, cependant, Pierre et Benjamin se croisaient dans la cuisine. Généralement, ils se saluaient, déjeunaient ensemble et vaquaient à leurs occupations sans plus de cérémonie.

Or ce matin, Pierre eut l'immense surprise de découvrir que non seulement son ami lui avait préparait des œufs brouillés mais qu'il lui tendait une tasse de café latté fumante accompagnée de son meilleur sourire. Le blond n'avait pas digéré le mensonge de la veille, mais il lui était si facile d'être attendri par les attentions du brun qu'il en faisait aisément abstraction. Il prit sa tasse des mains du brun en laissant ses doigts frôler les siens, il remarqua immédiatement la rougeur sur ses oreilles.

Le lorrain s'était levé en se lançant le plus grand défis de toute sa carrière (disons le deuxième parce qu'il avait tout de même dormi au-dessus du vide) : il allait tout faire pour savoir avec certitude ce que Benjamin ressentait réellement pour lui. Il ne pouvait pas continuer de douter. Et décidément, sa mission s'annonçait bien. Il se sentait même assez chanceux pour tenter une seconde manœuvre. Le parisien s'était tourné vers l'armoire qui servait de garde-manger, Pierre se déplaça sans bruit jusque derrière lui, et se pencha sur son épaule pour saisir la pain sur l'étagère du dessus, il chuchota une excuse et prit son temps pour se reculer. Il n'aurait pas pu rêvé meilleur réaction, un frisson avait parcouru le corps de Ben et ses mains avaient légèrement tressaillis,  lui faisant lâcher la bouteille d'huile d'olive. En quittant la cuisine pour se diriger vers la salle à manger, le lorrain eu la satisfaction de sentir le regard du plus âgé sur son dos.

Sa bonne humeur avait contaminée toute la maison et Guillaume était très content de voir que son ami avait retrouvé le sourire. Ils tournèrent les dernières séquences de la villa dans un bouillonnement contradictoire d'émotions, ils étaient aussi tristes de quitter la villa dans deux petit jours que content de rentrer chez eux, à Paris.

Ils avaient changé d'avis et ils tournaient dorénavant le vlog destiné au vingt-huit en fin de mâtinée et ils mangèrent tôt pour consacrer l'après-midi à profiter des environs. Pierre était distrait, ses yeux dérivaient constamment vers Benjamin qui semblait soigneusement éviter tout contact visuel. Le plus jeune était déjà las de tout ceci, il était un romantique dans l'âme, s'il devait déclarer quoique ce soit au plus âgé, il aurait voulu que les conditions et l'ambiance s'y prêtent alors qu'agaçait comme il était, la frustration prendrait le dessus et finirait par lui faire dire la vérité avec les mauvais mots, ce qui, bien sûr, ne servirait pas sa cause. Toute l'après-midi, il joua avec les nerfs de son ami, une main sur son bras, un sourire subjectif, des attentions particulières, des petites bousculades... il s'était vite rendu compte que Ben était loin de subir tout ceci, il y répondait voire jouait lui aussi à ce jeu dangereux.

Finalement, le soir tombait et Pierre ne savait que déduire de cette journée, il était fou du rire du brun, il aimait beaucoup la sensation au creux de son estomac lorsqu'il lui souriait, il adorait quand il arrivait à le toucher plus ou moins subtilement, il trouvait mignon le fait qu'il soit pudique, il pouvait passer des heures à l'écouter parler de tout et de n'importe quoi et puis, il n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à sa personne. Il y avait une longue liste de raisons qui pouvait expliquer pourquoi il était irrémédiablement tombé amoureux de son ami. Il y a quelques jours, toutes ces petites choses ne lui avaient même pas encore sauté aux yeux et maintenant il se brossait les dents en ne pensant qu'à ça, qu'à lui.

Il alla se coucher et traîna un peu sur son nouvel iphone, il transférait quelques photos qu'il souhaitait garder. Puis, doucement, la porte s'ouvrit, le blond avait vu trop de films d'horreur pour ne pas ressentir une vague de panique le traverser, vague qui se calma aussitôt quand il reconnu la silhouette de Benjamin. Il lui balança un oreiller en murmurant :

InceptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant