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6 décembre.
Il fait froid.
Pourtant, le parc dans lequel Presnel a emmené Leïla est assez fréquenté. Tout le monde est évidemment masqué et respecte la distanciation physique, faisant sa promenade chacun de son côté, en respectant rigoureusement le sens de la marche.
-Il y a des cygnes, dans ce lac, indique Presnel, et Leïla acquiesce.
-Tu viens souvent ?
-Je ne suis venu qu'une fois. Mais j'ai beaucoup aimé. Et en réfléchissant, hier soir, je me suis dit que ce serait sympa de t'y emmener.
Leïla sourit. Elle est contente d'être là. De respirer l'air glacial. De le sentir entrer dans ses poumons.
-Sur une échelle de 1 à 10, 1 étant une paix intérieur extrême, 10 étant un mal-être extrême, comment tu te sens ? demande doucement Presnel, et Leila hausse les épaules.
-Tu veux la version quand je suis avec d'autres personnes, ou quand je suis seule chez moi ?
-Les deux.
-Entourée, 9. Seule, 10. Peut-être même 11.
Un silence suit cette déclaration. Leïla sait qu'elle a lâché une bombe, que Presnel ne sait pas vraiment comment réagir à ça. Elle non plus, elle ne sait pas. Et pourtant, elle est au première loge.
-Pourquoi tu fais comme si de rien n'était ?
-Parce que personne ne peut comprendre ce qui se passe dans ma tête. Personne ne peut comprendre à quel point je suis fatiguée de me sentir aussi mal, de sentir mon cœur se serrer comme ça. Et je sais : ça ne fait qu'un mois, et ça va passer, le pire est passé ; la douleur est temporaire. Mais j'en peux plus d'entendre ces phrases quand je dis la vérité. La vérité, c'est qu'Alec m'a quitté, qu'il m'a quitté alors que c'est l'amour de ma vie, ma personne, que je ne peux pas... être sans lui. Alors ça fait un mois que je survis, que je suis là sans vraiment être là, et il n'y a pas un instant qui passe sans que je me demande comment c'est arrivé. Sans que je me demande pourquoi on m'a arraché ma seule source de bonheur, la seule personne, la seule chose qui me donnait envie de me lever le matin. Je peux pas être sans lui.
