Chapitre 14

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Emma

Je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis si faible face à lui mais on l'a fait. Plus de deux fois, et c'était hors du commun. J'ai déjà eu des partenaires, mais celui-là est de loin le meilleur que je n'ai jamais connu. Je comprends mieux cette réputation, il n'est pas seulement beau et intelligent, il sait également très bien utiliser sa troisième jambe. Je tiens à appuyer sur le mot jambe, parce qu'elle est vraiment énorme, on dirait une banane Plantin prête à être cueillie. Bref, nous étions coupés du monde, blottis l'un contre l'autre devant un film, sachant pertinemment que ce n'est pas notre réalité. Je savais qu'il fallait que je lui parle, et surtout que lui et moi, n'avions aucune chance. Regardons la réalité en face, sa famille ne m'acceptera jamais. Selon ce que j'ai entendu dire, sa mère est un ancien mannequin, relativement bien conservée et son père ? Je ne saurais dire, j'ai vu quelques photos de lui, mais je n'ai pas fait plus de recherches à son sujet. La seule chose que je sais c'est qu'il est riche. La question que je me pose c'est pourquoi est-ce qu'il travaille dans une entreprise, alors qu'il peut en gérer plusieurs ? Je crois qu'il est temps d'évoquer les choses sérieuses.

- AL nous devons discuter. Chuchotais-je.

- Je sais, mais pas tout de suite, j'ai envie de profiter de ce moment, de cet instant, parce que je sens au plus profond de moi, qu'il y a des chances que cela n'arrive plus avant bien longtemps.

A l'entente de ses mots, j'ai senti mon cœur se serrer, mais nous devions parler.

- Al ?

- Oui ? me dit-il en m'embrassant le front.

- Je me suis renseignée sur toi... Ne me fixe pas ainsi s'il te plaît, je n'ai pas l'intention de parler de tes milliers de conquêtes. Tu ne m'as jamais parlé de tes parents.

- Tu ne m'en as jamais donné l'occasion. répliqua-t-il

Ouah, quelle répartie, je ne savais pas quoi lui répondre.

- Je suppose que la question que tu te poses concerne mon père. Pourtant j'utilise le nom de ma mère justement pour que personne ne sache qu'en réalité je suis un Munoz. Ma mère est italienne, mais mon père n'est pas espagnol, il est mexicain. reprit-il

- Tu, tu es un Munoz. Bégayais-je

Je crois que mon air ébahit de l'a pas laissé de marbre. Rappelons que je viens de rencontrer un Munoz qui, en faisant un rapide comparatif lui ressemble énormément.

- Tu veux dire comme Enrique Munoz. le questionnais-je

- Quoi ? Tu as déjà entendu parler de mon petit frère ?

- Ton petit frère? répétais-je

Je crois que cela fait trop d'informations à emmagasiner et en trop peu de temps. S'il a le même père qu'Enrique, cela signifie qu'il est aussi riche que lui. Je comprends mieux, les deux frères ne voulaient pas diriger l'entreprise de leur père, et souhaitaient suivre leur petit bonhomme de chemin. Vraisemblablement, Alejandro a vraiment décidé de tout changer. Néanmoins, voulant esquiver ses questions, je fis une révélation.

- Je quitte l'entreprise. 

- Quoi ? Comment ça tu quittes l'entreprises ? Demanda-t-il affolé.

La révélation eut l'effet escompté.

- Après toutes ces années, je crois que j'ai enfin trouvé ma voie. J'ai enfin l'opportunité de concrétiser un projet qui me tient à cœur, et ce depuis quelques années. Je ne peux pas t'en dire plus pour l'instant, mais c'était mon dernier jour au sein de l'entreprise.

Il me regarda avec tellement de peine que cela me brisa le cœur. Je ne pouvais pas lui dire qu'il y a des chances pour que je quitte le pays et je ne sais pas si je suis prête à lui dire que c'est grâce à son petit frère. Je ne veux pas de cela.

- Je ne peux que respecter ton choix et t'encourager à réaliser tes rêves. Je veux plus être celui qui te rabaisse. En ce qui me concerne, je risque d'avoir des ennuis avec la justice. La femme que tu as vu chez moi ce week-end est mon ex petite amie Catalina. Nous avons un passif assez lourd, quand elle est venue à la maison elle a dit du mal de toi. C'est quelque chose que je ne pouvais supporter, j'ai perdu le contrôle. Je suis rentré dans une colère noire et non seulement je l'ai bousculé, mais je l'ai aussi menacé. Un malheur n'arrivant jamais seul, quand je l'ai bousculé, elle est tombée. Le souci c'est qu'elle est enceinte et qu'elle a tout enregistré. Ne me regarde pas ainsi s'il te plaît princesse, je ne suis pas le père et je ne suis pas un monstre. Je sais que ça ne se fait pas, que l'on ne touche pas aux femmes. Cela n'excuse en rien mon comportement envers elle, mais quand il s'agit de toi, je perds tout sens de la réalité. Donc, à l'heure où on parle la police a certainement entendu ces révélations. J'ai longtemps réfléchi, et je crois que la seule personne capable de me sortir de ce merdier est mon père. En plus cela n'arrange en rien les choses pour moi. Tout comme toi, j'ai un projet d'entreprise et malheureusement, cette histoire risque d'impacter ma crédibilité auprès de mes investisseurs et de mes futurs collaborateurs.

Je ne savais pas quoi répondre, ces révélations sont lourdes de sens et de conséquences.

- Al, je ne te juge pas et je te félicite également pour ton projet. Même si tu n'as pas eu la meilleure des attitudes, je te remercie d'avoir pris ma défense, ça me touche. Je suis sûre que tu vas t'en sortir, tu es un homme d'influence et comme tu dis, ton père pourrait t'être d'une grande aide. Je sais que ce n'est pas forcément ce que tu souhaites en ce moment. Mais regardons la vérité en face, tu as besoin de lui. Par rapport à notre histoire, ce serait mentir que de dire qu'il ne se passe pas quelque chose entre nous, quelque chose que n'ai jamais ressenti. Mais soyons réaliste, cette relation est impossible, alors gardons ces souvenirs et reprenons nos vies.

- Vois-tu Emma, même si je le voudrais il serait impossible pour moi d'imaginer ma vie sans toi.

- Tu es un peu mélodramatique AL. On n'est même pas sortis ensemble ! Je suis sûre que tu t'en remettras bien plus vite que tu ne le penses.

- C'est là que tu te trompes Emma Sanchez, je n'ai jamais partagé ce type de moment avec aucune femme, je n'ai jamais été obnubilé par une femme au point de trouver toutes les autres femmes ordinaires, et je n'ai tout simplement jamais rencontré une femme comme toi. Me dit-il avec affection.

Tout était flou dans ma tête.

- Je crois qu'il est temps de rentrer.

- Très bien rentrons.

Le trajet du retour a été plus rapide qu'à l'aller nous avons beaucoup parlé, essayant de profiter au maximum de ce moment précieux.

Lesjours qui ont suivis cette escapade romantique ont filé à une vitesseeffroyable. J'ai dû fixer un rendez-vous, avec le patron par rapport à madémission. Evidemment, le plus triste dans cette histoire est que j'ai dûmoi-même tout remplir. Pour la première fois de ma vie, j'ai pu travailler dansune équipe qui me traitait avec respect, un patron bienveillant, et un DRHparticulier mais qui s'est avéré être un très bon collègue. Le jour où je suisvenue récupérer mes affaires, un pot de départ a été donné en mon honneur, celaétait merveilleux. En ce qui concerne AL, je faisais tout pour l'éviter. 

Ronde et alors?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant