Kalissia

Chapitre 9

Trois jours auparavant...

— C’est bien étrange comme les choses ont tendance à changer… Je me souviens bien de son engagement au début ; des appels à n’en plus finir, des cadeaux à toutes les occasions et, surtout, des mots doux par milliers….
Il afficha un sourire bien triste, fixant un point invisible dans le tableau. Il avait l’attention de toute la classe, le silence régnait. La plupart se retrouvait complètement désemparé, ils étaient venus faire cours, pas assister à une arrestation…

—J’étais bien stupide. Reprit Alex. Je croyais que ça allait continuer ainsi, je nous voyais nous marier, fonder une famille… Je croyais qu’on serait à jamais là l’un pour l’autre… Je me souviens de n’avoir qu’une seule question en tète ce jour-là : Pourquoi ? Avait-elle trouvait mieux ? N’était-ce plus l’homme parfait qu’elle me disait être ?... Tout ça, ses raisons quelles qu’elles puissent être, on ne les saura surement jamais…

Il tendit ses mains à l’agent, Kalissia n’entendait que le bruit lointain des menottes, elle était comme en transe, déboussolée. Trop d’informations, et avec elles des émotions, se bousculaient en elles. Le reste de la scène se défilait en vitesse sous ses yeux ébahis : Les menottes se serrant sur les poignets d’Alex, le policier lui lisant ses droits, les murmures de la classe après son départ, la litanie qu’étaient les cours et la fin de ces derniers annoncée par le prof.

Les mains sur le lavabo, fixant son reflet dans le miroir, Kalissia se perdait encore dans ses pensées. Le monologue d’Alex tournait en boucle dans sa tête ces deux derniers jours. Elle n’arrivait plus à penser à autre chose : Alex qu’elle commençait à apprécier s’est avéré être un meurtrier. Et l’idée qu’il arrivait à sourire et à garder la tête froide après cela, faisait trembler Kalissia de terreur. Elle se souvenait encore du sourire triste qu’il lui avait lancé ce jour-là, Kalissia elle était restée hébétée durant toute la scène. Les murmures de la classe avaient semblé bien lointains, et ce n’est que plus tard qu’elle avait apprise ce qui s’était passé de la bouche de Mendy, qui elle l’avait apprise de Cheikh. L’idée que ces deux-là aient finis par se parler ce jour-là fit doucement rire Kalissia l’espace d’un instant.Kalissia se passa de l’eau sur le visage et essaya de ne plus penser à tout cela. Il lui fallait avancer, passer à autre chose. Rester positive, car elle en avait besoin pour guérir.

« Si tentait qu’on puisse se guérir d’une Hypermnésie… » Songea-t-elle en laçant un long soupir.

Elle retourna alors dans sa chambre, et s’appliqua dans sa préparation de routine pour aller à l’hôpital.

Arrivée devant la porte de son psy, Kalissia hésitait, la main suspendue en l’air. L’incident avec Alex n’avait rien à voir avec ce qu’elle était venue régler à L’hôpital, et elle ne voulait pas inquiéter Léo plus que nécessaire. Il avait bien d’autres choses à gérer que ces « problèmes d’ado » songea Kali. Il fallait alors qu’elle se ressaisisse, ne rien laisser transparaitre, penser positivement, oublier, avancer…
Elle prit alors une grande inspiration, força un sourire et toqua à la porte.

— Tu as l’air préoccupée aujourd’hui, Kali. Disait-Léo brisant le silence de mort qui régnait depuis quelques minutes alors qu’il écrivait.

« Ratée » Pensa Kali.

— Oh, oui je suis… comment dire… Commença-t-elle à voix basse, les yeux rivés sur un papier qui trainait sur le bureau.Elle ne savait pas trop quoi dire. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas se confier à lui, non, à présent elle se sentait assez en confiance avec Léo. Elle ne savait juste pas comment aborder la chose.

Léo regardait Kali en silence, il ne fallait pas la brusquer, elle devait s’ouvrir elle-même.

— Le garçon qui s’est fait arrêter dans votre école, tu le connaissais, Kali ?.Kalissia sentit son cœur faire un bond. Léo en avait parler pour changer de sujet, détendre l’atmosphère, il était loin de savoir que c’était ce qui mettait sa patiente dans cet état.