Quand on tire le vin, il faut le boire - Partie 1

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Chapitre 4 - Quand on tire le vin, il faut le boire - Partie 1

Saint-Pétersbourg, American Medical Clinic, Russie, 17 mars

« _ Mais arrêtez ! Vous me faites mal !

_ Arrêtez de vous agiter dans ce cas. Vous n'êtes plus un enfant ! Laissez-vous faire. »

Ne pouvant toujours pas prendre de douche du fait des suites de l'accouchement, Yuri était penché sur une bassine d'eau savonneuse. Assis sur un tabouret dans la petite salle d'eau attenante à sa chambre, il luttait depuis une trentaine de minutes avec Lilia. Après lui avoir laissé faire sa toilette en toute intimité, elle avait décidé de lui laver les cheveux à son plus grand désarroi. Ainsi, la Prima se débattait autant avec les longues mèches blondes qu'avec son élève réfractaire.

« _ Il faudrait les couper un peu. Ils sont beaucoup trop longs.

_ Non !

_ Ils vous arrivent en bas des reins. Les couper de quelques centimètres ne va pas vous tuer !

_ Je ne veux pas ! Ils sont très bien comme ça et puis Otabek aime les cheveux longs. »

Immédiatement Yuri se mordit la langue. Avouer qu'il les gardait long autant par goût personnel que pour plaire à l'Alpha n'était pas ce qu'il voulait. Surtout pas devant Lilia. La Prima s'abstenu pourtant de tout commentaire et enroula la longue chevelure dans une serviette avant de faire se redresser le jeune homme.

« _ Voilà, c'est terminé. Ca n'avait rien de terrible ! Je vais vous accompagner à votre lit maintenant et les coiffer.

_ Je peux le faire seul. Je ne suis pas important !

_ Je vais le faire pour que vous soyez présentable. Si je ne le fais pas, vous ne les démêlerez pas et attendrez. Une fois secs ils seront impossibles à coiffer. Ne protestez pas pour une fois ! »

Yuri se mordit la lèvre pour ne pas laisser échapper un juron. Il avait l'impression que Lilia prenait un malin plaisir à la torturer. Elle savait pourtant qu'il n'aimait pas que quiconque toucha à sa précieuse chevelure. Seul Otabek parvenait à la toucher sans le faire hurler. Cette simple pensée lui donna un léger coup de chaud et il fut heureux d'être dans son fauteuil roulant pour que personne ne pu voir ses joues rouges. De retour dans son lit, il dénoua la serviette sur sa tête et commença à tamponner son impressionnante crinière pour la sécher. Il prit son temps espérant que Lilia le laissa tranquille et ne s'improvisa pas coiffeuse. La Prima avait de nombreux talents mais celui de coiffeuse n'en était certainement pas un. Pourtant, au plus grand désarroi de Yuri, elle se saisit d'une brosse et commença à peigner les longues mèches. Il serra les lèvres pour empêcher jurons et protestations d'être prononcés. Il ne pouvait se permettre d'être désagréable avec l'une des seules personnes qui le soutenait de manière indéfectible. Alors se laissa-t-il faire mais peu à peu son esprit prit de sombres chemins. Il pensa à Anastasia et à Otabek. Il n'avait pu retourner la voir la visite matinale de la veille. Il avait été trop faible et avait été forcé à se reposer par les médecins et son entourage. Seul, Otabek lui avait rendu visite. Le jeune père avait passé un long moment avec sa fille avant de revenir le voir et de lui montrer des photographies. Incapable de se retenir, Yuri avait fondu en larmes et ne s'était calmé que lorsque le sommeil l'avait vaincu

« _ A quoi pensez-vous pour être aussi calme ?

_ A rien

_ Ne me mentez pas voulez-vous. Je sens bien que vous êtes triste. »

Yuri soupira et se tut. Il ne voulait pas mentir à Lilia mais n'avait pas pour autant envie de dévoiler ses pensées. Elles n'étaient pas agréables et de toute façon à quoi bon en parler ? Pour se faire consoler ? Mais il n'avait pas le droit à être réconforté et soutenu. Il n'avait causé que des ennuis et la peine autour de lui. Otabek, son grand-père, Lilia, Yakov... Et la liste n'allait qu'aller en s'accroissant. Il avait bien conscience qu'il ne pourrait pas éternellement rester à l'hôpital. Un jour, il devrait sortir et à ce moment que se passerait-il ? Il devrait affronter les Viktor, Yuuri, Mila, Georgi. Il devrait répondre de ses actes et en affronter les conséquences. Et Anastasia ? Est-ce qu'il pourrait être auprès d'elle et la voir grandir ? Otabek lui avait dit qu'il ne la lui prendrait pas mais pouvait-il seulement y croire ? Après tout, l'Alpha n'avait besoin de lui que le temps de l'allaitement. Après, il pourrait l'emmener loin de lui. C'était peut-être ce qu'il y avait de mieux. Son père pourrait lui offrir un avenir douillet à Almaty auprès de sa famille et de son Oméga.

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