La fin d'un secret (1)

605 21 33
                                    

Chapitre 1 - La fin d'un secret.- Partie 1

Almaty, Kazakhstan, 10 mars

Il devait y avoir une erreur. Ce ne pouvait être que cela. Lilia Ivanovna ne pouvait pas être sérieuse. Elle devait avoir perdu l'esprit. Il ne pouvait pas y avoir d'autre explication. Pourtant... Le doute s'insinua en lui. Après tout, cela faisait des mois que Yuri se comportait étrangement avec lui. Sans compter que cela faisait des mois également qu'ils ne s'étaient pas vus autrement que par webcam en plan serré sur son visage fatigué. Son ami avait même annulé sa venue à Almaty sous prétexte de problème de santé et avait fermement refusé qu'il vint le voir à Saint-Pétersbourg pendant sa convalescence.

Venez vite. Yuri et le bébé sont au plus mal. Ils ont besoin de vous.

Otabek attrapa son téléphone et réserva immédiatement le premier billet qu'il trouva pour Saint-Pétersbourg. Yuri avait besoin de lui et il n'abandonnerait pas son ami. Une fois la réservation faite, il se dirigea rapidement dans sa chambre et fit son sac. Il n'avait que quelques heures devant lui avant de s'envoler pour la Russie retrouver celui que son cœur aimait. Machinalement, il se saisit d'un foulard que celui-ci avait oublié quelques mois plus tôt. Il le porta à son nez et en huma la douce fragrance. Instantanément, il eut l'impression de sentir sa peau douce et chaude sous ses doigts. Il entendit les cris de plaisir et les gémissements du jeune homme. Il se gave de l'odeur de leurs phéromones qui se mélangeaient à la perfection. Le nez toujours plongé dans le tissu, il revécu en un court rêve leur unique nuit d'amour.

Saint-Pétersbourg, Russie, 9 mars

Une douleur dans ses reins le fit grogner. Il se massa le bas du dos en soupirant tout en entamant un nouveau tour de tapis. Il faisait les cent pas depuis des heures ne trouvant aucune position confortable. Il avait pris des douches chaudes dans l'espoir d'apaiser les douleurs mais rien n'y faisait. Il ne savait plus que faire. Un instant, il s'arrêta et se pencha en avant les mains posées sur le dossier d'une chaise, le souffle court. Il savait que quelque chose n'allait pas. Il ne devait pas accoucher avant deux mois. Les larmes lui montèrent aux yeux et pendant un court instant il voulut appeler Otabek et lui dire la vérité. Toutefois, cette envie s'envola aussi vite qu'elle était venue. L'appeler pour lui dire quoi ? Qu'il lui mentait depuis des mois ? Qu'il n'était pas blessé mais enceint de lui faisant voler en éclat le monde de son meilleur ami ? Il sera les dents et se raccrocha à la décision prise des mois auparavant. Il se tairait, mettrait au monde cet enfant puis le confirait à l'adoption. Il n'avait pu se résoudre à avorter mais confier son bébé à un couple en mal d'enfant il le pouvait. Pour le bien de tous pensa-t'il amèrement.

Une nouvelle contraction le fit grimacer de douleur et l'obligea à s'asseoir sur le canapé. Il reprit difficilement son souffle et la sueur lui couvrait le visage. Il se maudit intérieurement. Il se maudit d'être né Oméga et d'être éperdument amoureux du seul Alpha qu'il ne pourrait jamais avoir. Otabek avait une vie à Almaty. Il avait bien sûr sa carrière de patineur mais aussi celle de DJ. Il avait des amis, une famille et il fréquentait déjà un Oméga. Rageusement, Yuri effaça ses larmes à cette pensée. Il connaissait cet Oméga pour l'avoir rencontré une fois. Il était gentil et doux, cultivé et raffiné. Tout ce que lui n'était pas. Lui, il était grossier, prompt à s'emporter, pas très cultivé et instruit. Rien de bien attrayant. Pesamment, il se leva et alla dans sa chambre. Il ouvrit le tiroir de son chevet et tira un foulard noir qu'il avait subtilisé à Otabek lors de sa dernière visite à Almaty. Il y plongea le nez et en huma son odeur boisée. Il se souvint immédiatement de cette chaude soirée de printemps où ils avaient dansé, bu et finalement fait l'amour. Il ne lui semblait pas qu'il avait été en chaleur ni Otabek en rut et pourtant ils s'étaient aimés passionnément, férocement, presque désespérément. Au matin, il s'était réveillé le premier et réalisant ce qu'il s'était passé, que ça n'avait pas été un rêve merveilleux, il avait filé dans sa chambre. Aucun mot n'avait été échangé au sujet de cette nuit comme un accord mutuel muet. Il était rentré en Russie et avait tenté de continuer sa vie. Puis il avait découvert sa grossesse et son monde avait basculé.

Mensonges et secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant