Les semaines passent, les emménagements et travaux commencent à prendre forme au sein de la commune. Certes il y a tant de choses encore à entreprendre mais je ne renonce pas.
Le projet commun que nous avons avec ma collègue de la fondation avance à grand pas. Un programme alléchant, autant pour les personnes à mobilités réduites, qui, l’espace d’une journée pourront participer à de nombreuses activités, que pour les valides qui eux pourront se mettre à la place des handicapés.
Cette journée de sensibilisation à l’handicap, au fil du temps est devenue une manifestation sportive, festive et culturelle grâce notamment à la participation des services municipaux.
Nous sommes si fières avec Éloïse, tellement convaincues que c’est avec ce genre d’opérations que certaines mentalités changeront.
Avec le responsable du centre culturel de La Pinchade, nous allons aussi tenter de sensibiliser la population à ouvrir les yeux. D’ici la fin de l’année, nous allons mettre en place un exposition photo, une soirée café-débat avec comme sujet le handicap lors de l’inauguration de l’ascenseur pour qu’enfin, les personnes en fauteuil roulant, puissent accéder à la petite cafétéria.
Au sein de la commune, je suis assez régulièrement consultée par des responsables d’associations qui veulent, eux aussi, m’aider à faire changer les choses, certains osent même dire qu’ils veulent mettre leur pierre à l’édifice. Mon travail commence à porter ses fruits, et j’en suis heureuse.
A ma très grande surprise, le responsable du service Évènementiel, souhaite avec son équipe, tout mettre en œuvre pour que les personnes à mobilités réduites, puissent assister et même participer activement aux différentes festivités de la ville.
Je suis touchée par l’engouement de la majeure partie qui se rallient à ma cause.
Jacques n’en revient pas de tout le travail accompli, même s’il sait que tant de choses sont encore à faire au sein de la commune.
Entre nous, il y a un lien démentiel qui se construit au fil du temps, nous avons même des projets communs tellement que l’on s’entend merveilleusement bien.
Il faut avouer que nous passons tellement de temps ensemble, entre les sorties au restaurant, au cinéma, les expositions, il y a tant à faire et à découvrir à Paris, la capitale regorge de passe-temps aussi plaisant les uns que les autres.****
En me levant ce matin, je suis heureuse. Ce soir avec Jacques nous allons à l’Olympia, cette salle mythique au cœur de la capitale. Depuis le temps que je rêvais d’y aller, Jacques m’invite au concert de l’artiste Vincent Niclos accompagné sur scène par les chœurs de l’armée rouge.
Une belle soirée en perspective, en plus il tient absolument à me mener dans l’un des restaurants qu’il veut découvrir non loin de cette salle de concert.
Il est vraiment gentil, un homme exceptionnel qui mérite tellement d’être connu.
Comme tous les samedis, j’ai un rendez-vous incontournable, un besoin viscéral. Celui d’aller me recueillir sur la tombe de Josh. C’est totalement impossible pour moi de faire autrement.
Ensuite, c’est course avant le concert de ce soir. Je dois aller voir mes parents, ça fait un bon moment que je ne suis pas passé leur rendre visite.
C’est l’anniversaire de mon père aujourd’hui, ça va me faire plaisir de les retrouver. Avant j’étais très proche d’eux mais à la mort de Josh, j’ai pris mes distances avec eux, comme avec toute ma famille. Il fallait que je m’enferme dans ma bulle et faire mon deuil. Personne à ce moment-là ne m’a comprise, le résultat c’est qu’aujourd’hui, je vais bien.
Même si ce n’est pas tous les jours roses, j’ai toujours des moments plus sombres que d’autres, cependant mon ami Jacques, ressent lorsque je ne vais pas bien, alors il me soutient.
Aller sur la tombe de mon défunt mari, c’est toujours pour moi, un moment intense, chargé d’une émotion particulière. Je profite toujours lorsque je suis là, de me rappeler nos souvenirs, nous avons vécu ensemble tant de choses.
J’ai en mémoire, le concert évènement de U2 au stade de France. Nous avions pris les places presque un an avant pour être certain d’y être. Le jour J, c’était en pleine semaine, nous avions tous les deux pris un jour de congé rien que pour être très tôt le matin devant les grilles.
Nous tenions absolument à vivre ce concert devant la scène. C’était de la folie mais nous avions vécus le plus merveilleux des concerts.
C’est plein de larmes que je quitte le cimetière comme d’habitude. Décidément le temps n’y fait rien, mon cher et tendre me manque par-dessus tout, à un point inimaginable.
Je compte sur les retrouvailles avec mes parents pour me re-booster. En tout cas, comme toujours, lorsque je vais chez eux, je suis accueillie comme une reine.
Aujourd’hui, n’enfreint pas à la règle, ma mère à préparé mon repas favori, gratin de pâtes et tiramisu. Pourtant c’est mon père qui devrait être à l’honneur.
Le repas se passe bien, mes parents sont cependant assez préoccupés par mon isolement des derniers mois. Je les rassure parlant entre autre de mon travail, assez prenant ces dernières semaines.
Je profite de l’occasion pour parler de mon nouvel ami. Bien entendu je subis un interrogatoire en règle, pire que si j’étais un criminel entre les mains d’Interpol.
Juste avant de partir, mes parents, enfin surtout ma mère, me donne son consentement à propos de Jacques. Ce qu’elle a tendance à oublier, c’est mon âge.
Ils me font promettre de me reposer, de prendre soin de moi, alors que je fais une autre promesse, celle de venir plus souvent leur rendre visite.****
J’arrive à l’Olympia à dix-neuf heures, Jacques m’a donné rendez-vous dans une demie heure, cependant je n’aime pas être en retard.
Profitant de mon avance pour admirer les immenses lettres lumineuses caractéristiques de cette salle de concert mythique.
Lorsque mon ami arrive, nous pénétrons dans l’Olympia. Je suis émue, depuis le temps que j’en rêvais, la salle est magnifique, de surcroît nous sommes très bien placés au troisième rang.
Avec Jacques, nous bavardons des concerts que nous avons eu, l’un et l’autre, la chance de voir jusqu’au moment où le concert commence.
Vincent Niclos arrive en scène en interprétant un air de l’Opéra Carmina Burana, accompagné de ses voix puissantes, si juste, ça donne une profondeur à cette grandiose interprétation.
Je suis littéralement scotchée, subjuguée, absorbée par tant de prouesses vocales. Jacques est autant abasourdi que moi et jusqu’au final une interprétation majestueuse de la célèbre chanson d’Era, Améno me donnant des frissons sur chaque parcelle de mon corps.
Lorsque le concert est fini, nous sommes sur un nuage d’où ni Jacques ni moi ne voulons redescendre, en restant quelques minutes à nos places laissant le public évacuer les lieux.
A notre tour, nous sortons de cette salle de concert mythique, gardant pour ma part ce concert magique en mémoire.
Malgré tout, Jacques, très impatient d’aller découvrir le restaurant me sort de l’Olympia pour plonger dans le premier taxi que nous trouvons.
- Bonsoir, sept rue Boursault dans le dix-septième, je vous prie, lance-t-il au chauffeur.
- Bien monsieur, répond-t-il la voix rauque avec un léger accent.
Le temps de rentrer l’adresse dans son GPS et il démarre, environ dix-minutes de route indique l’appareil.
Dans la voiture, à l’arrière, en bougeant plusieurs fois ma main, malencontreusement j’effleure celle de mon ami, me provoquant des sensations bizarres en moi. Lui, hormis m’offrir des sourires quand je le regarde, il ne laisse rien paraître.
Lorsque le taxi s’arrête devant une devanture bleue, voyant en écriture or Le Wagon bleu, les saveurs du maquis.
J’avais entendu parler de cet endroit, servant des plats de bistrot et des spécialités de l’île de beauté. Un restaurant original qui nous plonge dans l’univers d’un wagon du célèbre train l’Orient Express rénové.
A cette heure déjà bien avancée de la soirée, le restaurant est peu fréquenté. Nous discutons avec Jacques de choses diverses et variées, jusqu’à parler d’un rêve que j’ai.
- Alors dites-moi tout Karine, ce rêve quel-est-il ? m’interroge-t-il curieux de ma réponse.
- J’ai toujours eu une nature fleur bleue, romantique à souhait. L’une de mes destinations de rêve est la ville de Venise. J’imagine une balade en gondole ou à marcher dans les rues étroites concluants vers La Plazza San Marco ou Le Gran Canal. Mais ce n’est pas tout, mon rêve le plus cher Jacques, serait d’aller voir un Opéra au théâtre de La Fenice. Je ne désespère pas d’y aller un jour, conclus- je avant de relancer :
- Et toi, quel-est-il ton rêve le plus cher ? voulant à mon tour le découvrir, lui et ses rêves.
- Ah tiens, on se tutoie maintenant, lance-t-il laissant éclater un rire taquin et rétorque :
- Karine, tu veux vraiment savoir ? toujours en employant le ton taquin.
- Oui, répondis-je avec insistance.
- Partir en voyage, n’importe où, découvrir de nouveaux horizons. Figure-toi que je ne suis plus parti en voyage depuis au moins dix-ans, il se gratte le menton en réfléchissant et s’exclame :
- C’est exactement ça, mon dernier voyage c’était en Irlande, avec ma femme, conclu-t-il alors qu’un serveur élégamment vêtu qui mène nos plats.
La soirée se termine tard, Jacques me fait raccompagner chez moi avant de rentrer à son tour en taxi.
Nous nous tutoyons maintenant. Le changement c’est fait naturellement. Ça devenait normal que nous passions au tutoiement. C’est sur cette pensée que mes yeux se ferment.
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Mission nouvelle Vie
Roman d'amourKarine a perdu son roc, l'homme de sa vie il y a un an. Depuis, sa vie n'a plus aucun sens jusqu'à ce jour où elle accepte une nouvelle mission dans une mairie. Des débuts chaotiques avant de se retrouver face à Jacques, le Directeur de Cabinet du M...