Venefica - L'Eveil

C h a p i t r e N e u f

 North Lincoln - Chicago

Depuis ces derniers jours étrangement, je n'ai pas eu de cauchemars. Rien, le néant total dans mes rêves. Je m'endormais et me réveillais sans aucun souvenir, comme amnésique. Un épisode étrange de plus à ajouter à ma pile d'événements bizarres dans ma vie.

Avalyn et moi avions passé en revue le carnet trouvé à la bibliothèque, nous avions épluché les sites internet, à la recherche d'informations supplémentaires concernant cette histoire de nécromancie, d'incantation et autres éléments que j'avais trouvé dans le petit livret.

Je n'ai pas revu mon mystérieux sauveur depuis notre dernière rencontre et à vrai dire je n'ai pas cessé de repenser à ses paroles. Je m'étais mise dans la tête de le retrouver pour ça, il fallait me rendre à la bibliothèque. Deux semaines s'étaient écoulées et ma hanche allait un peu mieux déjà. Je ne pouvais toujours pas vraiment conduire mais j'avais tout de même repris quelques forces depuis mon attaque.

Ma mère était supposée me rendre visite aujourd'hui afin que nous discutions des avancées sur la disparition d'Ashton. Avancées qui n'avançaient absolument pas. J'avais l'amère impression que nous étions restés au point mort depuis le début de cette histoire. Aucune trace, aucun indice absolument rien du tout. J'avais cette constante peur de laisser partir Ashton et de ne pas être en mesure de le retrouver. Je savais que si ça devait se produire, je ne pourrais jamais me le pardonner. Mon frère était la seule famille qui me rappelait ce sentiment d'appartenance, ce lien de sang qui me donnait la sensation d'être réellement aimée.

J'étais entrain de me préparer lorsque la sonnerie de la porte d'entrée retentit.

M'attendant à y trouver ma génitrice, je lâchai un « une seconde, j'arrive ».

Je ne pris pas la peine de vérifier l'identité de l'invité dans le trou et ouvrit la porte... sur mon mystérieux sauveur. 

Tout de noir vêtu ses cheveux sombres bouclés lui donnaient un halo de lumière, qui contrastait avec sa tenue.

- Qu'est ce que vous faites là ? fis-je plus surprise qu'énervée.

- Vous faites souvent ça ? répliqua-t-il.

- Quoi ? répondis-je en fronçant les sourcils, confuse.

- Ouvrir sans vérifier qui se trouve derrière cette porte. Soit vous êtes plus idiote que ce que je pensais, soit vous êtes totalement irresponsable.

Piquée au vif par sa remarque et son insulte je ne su quoi répondre. Il avait raison.

- Qu'est ce que vous faites là au juste ? J'ai l'impression que vous passez votre temps à me suivre. Maintenant vous avez carrément mon adresse. Je vais finir par appeler les flics.

- Oui parce qu'on a bien vu comment ils ont su gérer la disparition de votre frère, ricane-t-il.

L'enfoiré marquait un autre point.

- Ecoutez, je n'ai pas de temps à perdre, ma mère arrive bientôt donc je vous dis au revoir et au plaisir de ne plus vous voir.

Je m'apprêtai à claquer la porte au nez de cet arrogant personnage quand il bloqua la porte de son pied.

- Qu'est ce que vous fabriquez bordel ? criai-je exaspérée.

- Nous devons partir, vite. Avant que votre mère n'arrive.

Il n'attendit pas ma réponse et entra dans mon appartement.

Indignée je le suivis jusqu'à mon salon.

- Mais vous êtes tarés ?! Sortez de mon appartement ou j'appelle vraiment les flics le menaçai-je en agitant mon téléphone dans la main.

Il n'y prêta même pas attention, ce qui me fit encore plus enrager. Cette manie chez lui de ne jamais me prêter attention commençait sérieusement à me gonfler.

Il ne cessait d'aller et venir dans mon appartement, visiblement à la recherche de quelque chose. Il ouvrait mes tiroirs, mes placards, balançait absolument tout par terre.

Je tentai en vain de l'empêcher d'entrer dans la chambre d'Ashton, en me précipitant devant la porte.

- Non ! hurlai-je presque dans une supplication. Vous...vous ne pouvez pas entrer ici c'est... ma voix mourut, incapable de finir.

Il arqua un sourcil à mon encontre et je cru déceler l'espace d'un instant, de la compassion dans ses yeux verts. Malgré tout, il me poussa avec son bras sans difficulté et entra dans la chambre.

Je n'avais rien touché dans la chambre de mon frère depuis sa disparition. Tout était comme figé dans le temps. Son sac de cours toujours à côté de son armoire, son casque toujours accroché à son ordinateur. Seuls les draps de son lit avaient été touchés, lorsque je m'étais endormie les premiers jours ici, incapable de me faire à l'idée qu'il avait disparu.

- Est-ce que je peux au moins connaître votre nom ? fis-je agacée par cet intru qui violait l'intimité de mon frère et de la mienne par la même occasion.

Il prit soudain conscience que j'existais aussi et se tourna vers moi. Il pencha la tête sur le côté, comme pour m'étudier puis me répondit :

- Vous le saurez le moment venu.

Je cru m'étouffer de stupeur. Il se foutait littéralement de moi ?

- Vous vous foutez de moi ?

Il ne réagit pas et se mit à fouiller dans les affaires de mon frère.

Ce fut la goutte de trop, je me jetai littéralement sur lui oubliant ma hanche. Pris de surprise il bascula, m'entraînant avec lui sur le lit d'Ashton.

- Vous aimez à ce point vous retrouvez dans mes bras ? souffle-t-il à quelques centimètres de mon visage.

- Arrêtez de vous foutre de ma gueule. Arrêtez de fouiller dans les affaires de mon frère et dites- moi qu'est ce que vous foutez chez moi !

- Az.

- Quoi ? fis-je en relevant la tête.

Il se leva me faisant atterrir sur le lit et me toisa.

- Appelez-moi Az.

- Az je répète machinalement.

- J'ai été envoyé pour vous protéger. Nous devons fuir et vite.

- Fuir ? Fuir qui ? Fuir quoi ? questionnai-je totalement perdue et sceptique.

Az, soupira pinçant l'arrête de son nez il s'apprêta à prendre la parole quand il me fit signe de me taire. Tout son corps était soudainement tendu.

- Nous n'avons plus le temps de chercher. On va devoir sortir par la fenêtre.

Il m'attrapa par le bras et ouvrit la fenêtre de la chambre de mon frère et sauta dans le vide, avec moi dans ses bras.

Mes cris moururent dans le vent.