III

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Courrier toléré et approuvé par l'état.
Envoyé le 24.10.1939
Destinataire: James Waydel
Expéditeur: Mathilde Hantz
Arrive à destination le: 30 octobre 1939
À: camps militaire; section n°36

24 octobre 1939

Mon très cher James,

Je ne saurais te dire à quel point obtenir de tes nouvelles m'a procuré du bien. Je suis cependant partagée entre le fait que tu ne retourneras pas sur ta décision et le fait que les aspects négatifs de cette guerre n'aies pas encore fait des siennes.
Je prie pour que tes choix ne te rattrapent pas dans ces prochains combats, et sans même entendre le sifflement de ta voix, je perçois ton rire qui me rappelle à quel point notre amour te sauveras.
Je le sais.
Espérons que ce soit le cas. En attendant je vais rejeter cet accablement qui me sillonne le cœur, tant la distance qui me sépare de toi brise la sécurité et la confiance en soie que je possédait jusqu'à lors.
Ma tristesse dont je te fais part doit te démolir, sans doute est-ce là l'espoir d'une allusion de chance qui pourrait te faire revenir sur ta décision de t'engager.
Néanmoins à mon plus grand malheur cette illusion de chance ne verra jamais le jour. Je vais cesser d'insister.

Pour cesser de te paraître désarmée et sans once de bonheur (même si c'est le cas, je le regrette), je vais te faire part du voile de terreur qui s'est abattu sur chaque âme que je croise quand j'ai la force de sortir dans le quartier.
Seul les enfants ne comprennent pas encore ce qui leur arrivent.
Tant mieux, il va falloir que leur petit bonheur dure et que notre vie en suspens ne s'attarde pas sur l'entrain et l'insouciance de nos enfants.

J'ai eu une lettre de tes parents d'Angleterre.
Ils n'ont, à mon grand étonnement, pas réussi à obtenir une autorisation d'envoi de courriels t'étant destiné. C'est moi qui me chargerais de régler ce malentendu.
Même si ils ne m'aiment pas (sans doute à cause du fait que je leur aie arraché leur fils avec ton arrivée en France), je vais essayer de briser ces querelles et leur faire comprendre que je ne suis pas celle qu'ils imaginent. Je veux que du respect règne dans le cadre de notre famille, et ce n'est pas cette guerre qui va m'arrêter.
En attendant ils t'embrassent.

Notre quartier reclus de Paris est un endroit très sécurisé comme de nombreux endroits en France. Seuls les frontières avec l'Allemagne ne sont pas épargnées.
L'attaque de Paris n'étant que mineur, elle n'a eu aucun impact. Elle n'a que servis à apeuré la population.
Ça a d'ailleurs eu son petit effet jusqu'à deux jours après le petit survol de ces avions militaires mais les autorités sont sereines, ce n'était qu'une mise en bouche ou une stratégie pour nous faire peur.

Je ne vais pas m'attarder sur cette lettre car tu dois être bien occupé.
Je te souhaite courage et solidarité mon amour.
Mathilde

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