Chapitre 5

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Faire diversion sans se montrer n'était pas le meilleur des plans mais c'était le seul qu'ils aient eu, ou tout du moins, que James ait eu et Natasha comptait bien faire son maximum pour aider son équipier à atteindre son but. En un sens, il risquait plus sa vie qu'elle n'allait le faire puisqu'il prendrait l'entièreté des troupes sur sa personne une fois qu'il se serait éloigné de leur position. L'espionne n'en était d'ailleurs pas sereine, simplement les choix étaient terriblement restreints et il fallait agir en conséquence. James était un soldat compétent, elle n'avait aucun doute sur sa capacité à se sortir d'une mauvaise passe. Il ira bien.

Oui, se répéta-t-elle, il ira bien.

Les doigts toujours serrés autour de ses armes, elle prit réfléchit. Tirer dans le tas ne lui paraissait pas judicieux, c'est pourquoi, elle posa son pistolet à terre puis, à la place, elle s'empara d'une grenade, retira la goupille et compta mentalement dans sa tête afin de la lancer au moment le plus opportun. James voulait une diversion afin de pouvoir s'éloigner sans être vu. Pas qu'elle se fasse repérer et que leurs ennemis divisent leur troupe une fois qu'ils se seraient montrés tous les deux. Pour rester invisible, il n'y avait qu'un moyen possible et elle allait en user... Concentrée, elle ne repéra pas son partenaire, situé à quelques mètres de là, lui faire un signe de tête rassurant quant à son futur geste. Toute sa concentration était basée sur le fait que les secondes suivantes seraient déterminantes. Une fois seule, elle allait devoir se faire discrète, rester sur le qui-vive, s'occuper des gardes restants, réussir à atteindre le bâtiment puis à pénétrer dedans et tout ça, avec des vagues de douleur qui s'intensifiaient de plus en plus et qu'elle peinait à gérer.

La mission n'entrait vraiment pas dans une zone de confort qu'elle affectionnait.

Non, vraiment pas.

Inspirant par le nez pour se donner contenance, elle atteignit rapidement le chiffre trois puis balança le missile dans les airs. La grenade explosa presque immédiatement en plein vol, pile au-dessus d'un regroupement militaire et provoqua une détonation qui surpassa le bruit de l'agitation déjà existante. Un nuage de poussière s'en suivit et les militaires russes se déchainèrent, courant dans tous les sens, braillant dans un jargon qu'elle ne connaissait que trop bien. Des cris grondèrent. Parmi eux, Natasha crut entendre des jurons de colère. Visiblement, l'effet de surprise était présent et aucun des soldats n'avait eu le temps de voir d'où la grenade était arrivée. C'était déjà un très bon point en leur faveur. Instinctivement, elle tourna la tête sur sa gauche et constata que James ne se trouvait plus à sa place. Il avait filé. Elle se cala donc plus profondément contre les imposantes chenilles du véhicule, le corps crispé, écoutant attentivement l'ennemi s'agiter.

Un coup de feu fut tirer dans ce qui semblait être un autre tank et elle paria sur James. Lui seul pouvait oser les attaquer de la sorte. Elle ne se trompa pas puisque quelques minutes après, le brouhaha incessant des militaires s'éloigna pour laisser place à un semi-silence glacial. Deux gardes s'approchèrent tout de même de sa position, comme pour vérifier les lieux et elle les tua d'une balle en pleine tête avec un silencieux. Ils s'effondrèrent sur le sol à trois mètres d'elle et elle expira bruyamment, toujours en alerte, attendant des renforts qui n'arrivèrent heureusement pas.

A l'intérieur de ses veines, l'adrénaline pulsait férocement, la faisant trembler et frissonner, rendant son corps incontrôlable mais cela lui transmettait également la force suffisante pour ne pas s'effondrer à son tour. Elle avait chaud, l'estomac noué et des vertiges accompagnaient chaque contraction. Cependant, ce coup de pression les avait rendues moins dévastatrices. Moins présentes.

L'illusion d'une accalmie était presque parfaite, tombant à point nommé.

Profitant de ce bref moment de répit, elle étudia avec soin ses munitions puis resta un instant encore cachée afin de récupérer une respiration correcte. Quand elle fut certaine de pouvoir se lever sans faiblir, elle le fit puis observa les alentours au-dessus d'une chenille du tank. Une poignée de soldats était restée sur place et continuait à veiller sur les portes, obstinément closes, du bâtiment. Les autres se trouvaient au loin, n'étant plus que des ombres dans la pénombre de la fumée. James ne faisait pas semblant quant à la mettre hors du territoire hostile. Elle ne savait pas exactement comment il s'y était pris pour que les trois quarts de leurs adversaires le suivent, mais une chose était sûre, elle le remercierait pour ça plus tard.

Accouchement sous haute pressionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant