Accouchement sous haute pression

Chapitre 3

La puissance du crash combinée à la douleur qui irradiait actuellement tout son corps, en grande partie dues aux contractions de plus en plus régulières et à la remise en place de son épaule, eurent raison de la ténacité de Natasha et elle s'écroula mollement dans son siège afin de reprendre son souffle tout en relâchant le morceau du tableau de bord d'entre ses dents. Pour le coup, si les attaches n'avaient pas été encore présentes, elle était certaine qu'elle aurait fini par terre, terrassée par sa propre vulnérabilité. Fort heureusement, ces dernières la maintenaient en place et la jeune femme put s'accorder une brève minute de repos, -qu'elle jugeait inutile-, mais que son corps réclamait. Après quoi, elle se fit violence et leva prudemment son bras droit de quelques centimètres. Cela faisait mal, mais, ce qui s'annonçait par la suite, le ferait encore plus si elle restait dans cette position de proie facile. Elle avait beau n'être pas au mieux de sa forme, elle devait absolument récupérer son couteau avant qu'un ennemi ne surgisse ou que son bébé ne se décide à descendre trop rapidement, car, ce n'était plus qu'une affaire d'heures désormais. S'attarder sur des détails aussi futiles que la douleur n'était donc pas indispensable. Résignée à subir, elle leva le bras plus haut. Néanmoins, ce geste anodin puisa dans ses vastes réserves d'énergie et elle se mordit la lèvre jusqu'au sang devant la souffrance engendrée qui ne cessait de monter crescendo en harmonie avec ses gestes.

Pendant un instant, elle faillit renoncer à s'armer de son couteau mais se ravisa immédiatement devant l'urgence de la situation, puis dans un effort considérable, elle réussit à en attraper le manche en bois et à l'extraire de son étui. La joie qu'elle ressentit fut si indescriptible qu'elle faillit en pleurer. Les hormones étaient puissantes, transmettant des tas d'informations erronées à son cerveau fatigué. Encore plus que lors de sa première grossesse. C'en était presque aussi exaspérant, qu'épuisant physiquement.

« James, » relança-t-elle son partenaire, en commençant à couper les épaisses sangles d'une main tremblante. « Il faut qu'on sorte d'ici et qu'on trouve un coin pour se cacher le temps de récupérer des forces et d'élaborer un plan. Tu dois absolument te réveiller. Je ne pourrai pas te trainer hors du danger toute seule. »

Sans grande surprise, seuls les éléments crépitant du quinjet lui répondirent. Résignée, elle grogna tout en s'activant du mieux que son épaule blessée le lui permettait. Finalement, après deux minutes –qui lui en parurent vingt-, elle se dégagea totalement de la prison protectrice que lui fournissait le siège du quinjet et s'autorisa à grimacer tout en portant ses mains à son ventre. Les contractions qu'elle ressentait étaient bien plus puissantes que dans ses souvenirs et que durant sa discussion avec Bucky dans le vestiaire. Elle devait le reconnaître, elle les avait plus ou moins ignorées mettant ça sur le compte de la colère, mais désormais, cela serait difficile à ignorer et encore plus à camoufler.

« James, il faut vraiment, vraiment, que tu te réveilles, » se mit-elle prudemment sur ses pieds pour vérifier son état général et aller vérifier le sien également. « Tu ne me croiras sûrement pas mais le petit a décidé que c'était le bon moment pour arriver. Il faut vite qu'on parte d'ici et tu sais que je ne le ferai pas sans le reste de l'équipe, alors active. »

Instinctivement, elle plaça deux doigts sur le cou du soldat afin de sentir son pouls. Elle le sentit battre. Irrégulièrement, mais il était présent et c'était l'essentiel. De toute façon, son propre pouls n'était pas mieux. Elle avait même l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine et que ses veines allaient exploser tellement sa pression sanguine était élevée. Son cerveau essayait de reprendre un semblant de contrôle sur tous ces imprévus et cela lui donnait d'importants vertiges.

Elle inspira. Puis expira. Et le refit plusieurs fois avant de finalement juger son environnement comme elle en avait l'habitude. Les lumières de l'habitacle l'éblouirent instantanément. Le hurlement des sirènes allaient la rendre très certainement irritable. L'arrière de l'appareil était inexistant. La fumée des composants partis en ruine lui piquait les yeux. Néanmoins, les dégâts auraient pu être pires. Bien pires même, vu qu'ils étaient tous les deux encore vivants. Malgré ça, le quinjet ne revolerait pas, c'était une certitude.