Dieu, L'Homme Et La Machine.

Épisode 4.

(Regard noir face à la caméra ; mutin et hargneux.) Ah mais tout allait pas si mal avant y a quelques minutes ; j't'assur'. Ca allait mêm' plutôt bien et puis – là voilà – el'coup dur quoi. (Embarrassé de sa propre gêne.) Bon par où commencer... Le plus simple j'imagin' ? Y aurait mill' manièr' de raconter c'tte vach'rie mais on va la fair' court' et paienne. La base est verrouillée. Et les clés sont dehors. Avec Doggo. Voilà c'est dit bonn'soirée à tous. (Se lève avec humeur et jure hors-champ.) Ras-l'cul d'ces conn'ries à la con d'façons mon cul sur la commode et le train dans le hamster voilà j'me tire osef ces merd'à bonbons de chèvre-feuille à la noix de pécan de pécor' des ourlets de ma combinaison !

(Installé à manger, parle sans consistance.) La dernièr'fois que j'me suis retrouvé bloqué dans un truc aussi minuscul', c'était pendant l'intervention de modifications génétiques – ouais – souvenir, souvenir, que me veux-tu ? Sais plus qui c'est qui a dit ça mais j'me fais chier là. C'est pas comm'ça qu'on devient poète ?

(Chirurgie sur un végétal avec des outils de précision.) Quitte à rien foutre... Des lustres que j'me demandais comment c'était câblé dedans... C'est quoi ce truc ? Sur la tige ? Ca se voit à l'écran si j'le montre ? Non ? Putain y a des... sans déconner y a des gravures sur la tige. Enfin pas des gravures mais... ouais non c'est des signes ! Attends fais voir...

(Fait des tours sur son fauteuil.) La marguerite est en manutention... Pas supporté l'opération d'analyse... Mais y avait bien des signes dessus j'ai pas rêvé. Et ça a rien de naturel – j'ai pas vu le jour de la dernière pluie moi okay ? La Terre vous a jamais suffi pas vrai ? Tas d'fumiers va... 'Tain par cont' j'vais arrêter ça m'fi'la gerb' ce truc...

(Extatique et anxieux ; agite des papiers.) Y en avait un autre avant ! Avant moi ! C'est pas moi l'premier ingénieur ! Le type a laissé des notes ! Bon ell'son' écrit' en anglais... Mais y avait bien quelqu'un ici avant qu'j'débarqu' bons dieux !

(Explosion hors-champ. Revient les cheveux en pétard.) Ca marchera la prochain'fois ! Moi j'ai pas dit ma dernièr'parol' – parol' de Mylon Dust ! (Tousse.) Tu verras... j'l'aurais mon corset volant...

(En travers sur son fauteuil, une serviette de bain en travers des épaules, combinaison mal refermée.) I'm'faudrait des vacances vingt dieux... Des villégiatur' à la campagne ou à la montagne – mieux, à la plag'...

(Signal sonore sous la caméra le tire de sa sieste.) Doggo t'y quand tu au cantique des quantiques ? Roh mais c'est pas ça qu'je cherche ! Pfff... Avec les alentours bardés de caméras, j'détecte la moindre chiure de raie manta maint'nant c'est bon !

(Jongle avec une baie.) Et non – toujours pas de trace du vil saboteur – mais j'l'aurai à la fin. Avec tout c'que j'ai déployé, j'le verrai venir l'enflur'...

(DOGGO gambade dans la prairie.) Regarde-le moi cet enfoiré. Le pire, c'est que j'ai bien essayé de l'occuper en lui lançant autre chose que les clefs de la base. Mais ce clébard a une vue tellement pourrie qu'il est pas foutu de repérer des objets moins brillants.

(Agite un carnet de bord déchiré.) Tu sais c'que c'est ça ? Le journal de bord de mon prédécesseur anglophone. Ah ça y doit y avoir des trucs intéressants dedans j'en doute pas... (Ouvre le carnet déchiqueté.) Mais mon clebs alien a tout bouffé !

(Alarme de félins pendant quiétude à la fenêtre.) Bah quoi, tu croyais pas que j'allais laisser leur sonnerie de barjot non ? C'est pas plus mignon comm'ça ? Ma foi ! (Regarde l'écran de surveillance.) Non mais elles sont naz' mes caméras ! M'en fous de Doggo, je sais où il est ! C'est pas lui qu'je cherche !