~Chap 4.~ Tout ce qui doit être dit

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Elle sentait déjà sur elle son regard, semblable à celui d'une vipère sur sa proie. Ce genre de coup d'œil vicieux qui faisait dresser les poils de sa nuque alors qu'elle marchait d'un pas vif dans le couloir.
Dans quelques secondes, ils résonneraient avec les siens.
Quand elle y songeait, elle avait toujours eu l'air d'une vipère, depuis qu'elle était enfant et qu'elle avait partagé ses années d'académie, mais si cette fille était un reptile rampant, elle, en revanche, avait été son fakir.

- Je comprends beaucoup de choses maintenant. Siffla la voix derrière elle. Tu manques tant d'autorité qu'il a fallu que je fasse la besogne à ta place.

Elle ne répondit pas, continuant d'apprécier le fait qu'elle luttait pour rester à sa hauteur, qu'elle s'accrochait à elle comme une mouche qu'on essayait de chasser de son mets préféré.

- A moins bien sur que ça ne soit ton objectivité qui fasse défaut lorsqu'il s'agit du lieutenant Everson... Pour une personne avec un tel grade, c'est plutôt...

Sans lui laisser le temps de terminer sa phrase, elle jugea bon désormais d'agir. Le prédateur attend toujours le bon moment pour saisir sa proie à point. Ce moment où elle est en confiance, fière de pouvoir défier l'ennemi en se sentant invulnérable. C'était là qu'il fallait frapper. Toujours. Même dans les batailles c'était comme cela que les choses fonctionnaient. Sa victoire écrasante sur l'Archipel le lui avait confirmé. A trop être confiant, on finissait par se trahir.


Était-ce ce qui la menaçait, elle aussi ?


- Tu vois ça ? Désigna-t-elle alors que, sans avoir aucun contact physique avec la vipère, elle pointa l'insigne sur sa poitrine du doigt. Sans même la toucher, elle inspirait la peur par ses yeux, car elles se connaissaient assez, toutes les deux pour savoir que ce genre de regard-là était celui d'une tigresse prête à bondir pour défendre ses petits. C'était ce regard déterminé, impitoyable, qu'elle pouvait avoir lorsque la colère lui montait au cerveau et qui avait fait pisser au pantalon un nombre incalculable de cadet. Ceux-là même, qui, un jour, avait essayé de se moquer d'elle à l'académie.
La vipère, elle, n'avait jamais essayé de se moquer d'elle, que du contraire, elle savait pertinemment qu'elle était la personne à abattre, et pourtant jamais elle n'avait essayé. Probablement car elle était aussi celle à dépasser pour atteindre l'excellence. Et que tant qu'elle existait, son modèle demeurait.


- Il signifie que d'un point de vue militaire, je suis ton supérieur, tâche de t'en souvenir la prochaine fois que tu t'adresseras à moi de cette façon, Jenkins.


L'amiral avala sa salive et le venin qui allait avec, probablement très amer au vu de la grimace qu'elle fit. Elles étaient si proches l'une de l'autre que leurs souffles se mêlaient en une vapeur étrange, leurs yeux n'étaient que des orbes prêtes à se foudroyer dès qu'on leur en donnait l'occasion. Deux lionnes dans une cage, prêtes à se battre à mort, auraient probablement semblés plus douces que ces deux-là.


- Et maintenant que tu es venue à moi sans que je n'aie à t'en donner l'ordre, qu'as-tu à dire sur ton manque d'objectivité, Erasmya ?


Jenkins haussa un sourcil, son expression était presque aussi grave que si elle lui avait demandé d'être sa témoin le jour de son mariage.


- Mon manque d'objectivité ?
- J'imagine que si tu avais parfaitement fait ton boulot d'officier supérieur, tu serais au courant qu'Everson est actuellement innocentée par le bureau et libre.
Elle sentait passé au-dessus d'elle des attaques presque aussi destructrices qu'un canon ionique.
- Innocente ?
- Parfaitement. Ce qui est beaucoup plus étonnant, par contre, c'est que la culpabilité de Brant t'a totalement échappée
- De quoi parles-tu Spencer ?

If we had a soul - A Star Wars Story - T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant