~INTRO ~ Le destin d'Enael Spencer

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Clairvoyance – 29 Ap By

- Sullivan est-il ici ?
L'homme aux cheveux grisonnants lança un regard à l'officier de pont. Il avait été annoncé sur le vaisseau quelques instants auparavant et il avait, évidemment, reçu l'ordre d'amarrer. Revenir ici, c'était comme un retour aux sources et une sensation de déjà-vu l'avait empli dès qu'il avait posé un pied à terre.
Rien ne changeait vraiment. Des troopers, bien sûr, patrouillaient sur le pont, mais les officiers ici étaient bien différents.
Leurs uniformes n'étaient pas comme le sien.
On les reconnaissait, parmi tous les autres.
Ils avaient terrifié le monde d'avant, celui où ils avaient déjà sévi dans l'ombre, aux services de l'empereur. Ils savaient tout, sur tout le monde et c'est pour cela qu'ils ont toujours été craints.


Rien d'étonnant à ce qu'ils soient ici, désormais.


Revenir ici, c'était pour lui affronter une page de son existence. Une page qu'il n'aurait jamais pu déchirer du livre de sa vie.
Car elle renfermait à la fois le pire et le meilleur.
- Il vous attend. Répondit sèchement l'officier en lui indiquant la porte latérale d'un coup d'œil méprisant. Leur sympathie n'avait jamais été légendaire, ce n'était pas pour cela qu'on les employait et surtout, ce qu'ils découvraient avait parfois tendance à les griser.
Remerciant l'homme d'un hochement de tête, il ne se fit pas prier davantage et entra dans le bureau du général Sullivan qui releva les yeux aux travers de ses lunettes rondes. Les deux hommes se considérèrent un instant, sans trop savoir comment se saluer l'un l'autre, comme si les années de collaboration étroites qu'ils avaient eu jadis leur revenaient en pleine figure.
- Eh bien, on ne te voit plus très souvent par ici. L'homme aux cheveux gris coupés ras lui intima de s'asseoir froidement, du moins en apparence. La réalité, c'était qu'il l'accueillait ici, dans son bureau personnel, comme l'un de ses plus grands amis.
Ce qu'ils étaient, à n'en point douter.


- J'ai à faire.
- Oui, j'imagine que ta nouvelle amirauté t'occupe bien assez pour ne pas rendre visite à un vieil ami.
- Les nouvelles vont vite.
- Tu te trompes, Archibalt, les nouvelles ne viennent jamais à nous. Elles sont ici, avant même qu'elles ne commencent leur chemin.


Ils s'échangèrent un sourire.
- Alors tu sais pourquoi je suis là.
- Elle est douée, la petite. Je ne m'attendais pas à te voir ici si rapidement.

Cette remarque venant du directeur du bureau des renseignements avait de quoi faire sourire Lewis. Si la petite était douée ? Allons, n'était-ce pas évident.


- Tu t'attendais à autre chose de la fille d'Eléanore Tarkin ?
- Rassure-moi. Elle n'a tout de même pas hérité de l'extravagance de sa mère ?


Lewis haussa les épaules. Amusé. Une étrange nostalgie s'était éprise de lui alors qu'il repensait aux missions qu'il avait exécuté avec Eleanor Tarkin. Si Enael avait hérité de la capacité hors du commun de sa mère à se mettre en danger, alors il avait du souci à se faire.
- Elle a le caractère de son père. Se contenta-t-il de dire.


Le droïde déambulant dans le bureau déposa à côté du capitaine un verre d'une liqueur qu'il reconnut aussitôt, le général lui adressa un clin d'œil complice tandis qu'ils trinquèrent.
- Je dois reconnaitre que tu as été plutôt persuasif avec Hawkins. Commença Lewis d'une voix monocorde.
- Pour qu'il accepte de céder son poste d'amiral à une parfaite inconnue. Combien lui as-tu promis ?
Gertt Sullivan s'appuya sur son dossier.
- Oh, combien ? Rien du tout ! Nous sommes du genre économe ici. Disons plutôt que c'est ce que j'allais mettre sous silence qui l'intéressait. Marquant une pause, il porta son verre à ses lèvres.
- On a tous nos petits secrets, n'est-ce pas Archie ?
Lewis leva les yeux au ciel. Cette façon qu'avait Gertt d'afficher sa toute-puissance avait quelque chose d'agaçant pour celui qui ne le connaissait pas. Il avait cet air suffisant, donnait cette impression de tout savoir mieux que tout le monde. Et si la plupart des gens qui se comportait de la sorte avait tort, pour Gertt, c'était tout à fait exact.
Il savait tout, bien mieux que quiconque ici.
- Bon, Vi Moradi. Souffla le capitaine en reposant son verre vide sur le bureau.
- Tout est là. Rétorqua le général en indiquant un dossier sur le bureau d'un air dédaigneux, mais alors qu'il était sur le point de s'en emparer, Lewis vit s'abattre sur le papier la main de son ami et ses yeux se relevèrent vers lui.
- C'était bien trop beau pour être vrai. Soupira-t-il.
Comme simple réponse, Sullivan demanda à son droïde de resservir son ami.
- Je sais que tu n'as jamais vraiment raccroché, Archie. Et je sais aussi que tu trafiques l'une ou l'autre chose dans ton coin.
- Si tu sous entendais cela tout à l'heure, crois-moi, je te connais assez pour me douter que tu étais sur ma piste. La question est, pourquoi me laisses-tu agir ?
- Tu es mon ami.
- Pas à moi, nous sommes amis, mais tu en as assassiné des biens meilleurs que moi pour moins que ça.
- C'est ce genre d'amitié que j'aime Archie. Tu aurais pu me tuer pour cela, des dizaines de fois, et pourtant nous sommes là et nous trinquons comme des frères. Parce que, peut-être qu'au fond de nous, nous savons que nous défendons la même chose.

If we had a soul - A Star Wars Story - T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant