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Yasuo dormait profondément, bercé par les légères secousses du navire glissant sur les vagues. La fatigue accumulée au cours des derniers jours l'avait enfin rattrapé, le plongeant dans un sommeil lourd et sans rêve. Il était si épuisé que ses sens, habituellement en alerte, ne captèrent même pas le discret grincement de la porte de sa cabine qui s'ouvrait lentement.

Une silhouette fine s'infiltra dans la pièce. Ses pas étaient légers, à peine audibles, comme si elle glissait sur le sol. Seul le crissement des planches vieillies par les années trahissait sa présence. Elle se faufilait avec aisance dans l'obscurité, esquivant habilement les bouteilles vidées de leur contenue qui rampaient sur le sol.

Son chemin s'arrêta à quelques pas du vieux lit en bois où Yasuo dormait torse nu, un bras tombant hors de la couchette. Le lourd katana au fourreau bleu qu'il tenait fermement dans sa main pendante sonnait comme un avertissement et les nombreuses cicatrises visibles sur son dos musclé attestaient de ses compétences.

L'intruse approcha la main, suspendant son geste l'espace d'un instant, mais ne se découragea pas. Elle se pencha lentement au-dessus de lui en prenant soin de ne pas troubler son sommeil.

Un léger parfum d'agrume mêlée d'une note sucrée enivrante, familière, caressa narines de Yasuo. Son corps réagit instinctivement, ses épaules frémissant alors qu'un souffle chaud vint effleurer sa nuque. Il entrouvrit lentement les yeux, encore engourdi par le sommeil.

"qu'est-ce que..." murmura-t-il en tentant de se redresser. Mais une main ferme sur son omoplate si opposa fermement, le planquant contre son matelas.

"Ne bouge pas !" murmura la clandestine "ce n'est que moi".

Chaque mot qu'elle prononçait était empreint d'une élégance féline, glissant entre les notes avec grâce et fluidité.

Yasuo reconnut immédiatement la douceur espiègle qui accompagnait la voix mélodieuse de sa nouvelle camarade de voyage. "Ahri, c'est toi ? Que fais-tu ici ? Il y a un problème ?" Demanda-t-il nerveusement en cherchant à se positionner d'une manière moins désagréable.

"Faut-il forcément qu'il y ait un problème pour que je vienne te voir ? Ne puis-je pas simplement vouloir profiter de la compagnie de mon garde du corps ?" ronronna ladite Ahri à son oreille, une tonalité amusée et provocatrice perceptible dans ses mots. D'un mouvement agile de hanche, elle se glissa au-dessus du guerrier "Yasuo... De jour, tu râle que je m'éloigne trop et la nuit je serais trop proche ?"

Un sourire se dessina sur les lèvres de Yasuo presque malgré lui, un sourire qu'il aurait préféré dissimuler. Ahri connaissait parfaitement la qualité de ses charmes et elle jouait habillement avec chacun d'entre eux comme Yasuo jouait avec ses propres lames. Aussi stoïque qu'il prétendait être, il ne pouvait totalement résister à cette aura envoûtante qu'elle dégageait.

Il détourna brièvement le regard, fixant un point imaginaire au fond de sa cabine pour tenter de reprendre contenance. Mais elle ne lui laissa pas le temps de s'échapper dans ses pensées. Elle se pencha de nouveau, laissant le contact chaud d'une étreinte aussi douce et soyeuse que la caresse d'une plume rouler sur son dos.

Un frisson d'excitation parcourut son échine. "Ahri..." murmura-t-il en cherchant ses mots, sa voix rauque trahissant un mélange de prudence et de curiosité. "Tu es consciente que je suis supposé te protéger, pas te divertir, n'est-ce pas ?"

"Protège-moi alors," miaula-t-elle légèrement en faisant glisser sa main le long de l'une des cicatrices qui zébraient ses épaules, traçant une ligne invisible en descendant sur son bras avec une délicatesse déroutante. Chaque geste qu'elle dirigés contre lui, chaque mouvement de son corps caressant sa peau, le poussait un peu plus à agir directement avec son second cerveau, plutôt que d'exploiter le potentiel bien plus réfléchit du premier.

La traverséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant