Le soleil projetait ses rayons à travers les volets en bois de la cabine, dessinant des lignes dorées sur les murs en révélant chaque détail de la pièce avec une netteté presque cruelle. Au-dessus de la chambre de Yasuo, le pont résonnait sous les pas pressés des marins. Chaque foulée faisait vibrer les planches du plafond, produisant un bruit sourd et irritant. Yasuo grogna de mécontentement en se redressant dans son lit.
Il se leva en soupirant. D'un geste rapide, il attacha ses longs cheveux bruns en une queue de cheval rudimentaire, saisi son sabre et enfila ses vêtements avec une efficacité qui trahissait l'habitude. Torse nu, Yasuo était simplement enveloppé d'un tissu épais dans un triste état. Cette ancienne cape à capuche était si rapiécée qu'elle se confondait maintenant avec une simple échappe bleu effiler. Mais elle lui offrait encore une protection suffisante contre les éléments et le froid persistant de ses voyages. Son apparence simple était empreinte de pragmatisme. Un aspect qui contrastait fortement avec les habits sophistiqués et exubérant de sa cliente, pensa-t-il en armant ses bras de pièce de métal légères mais solides.
Il passa son vieux pantalon bouffant, délavé et râpé par le temps. Un vieux compagnon de ses nombreuses aventures, simplement attaché par une corde épaisse, effilochée par les années, maintenant le tout solidement en place.
Mais un élément ressortait dans sa tenue : Son long katakana en acier ionien pendait lourdement, attaché à la même corde qui lui servait de ceinture. Le fourreau avait gardé toutes ses couleurs bleutés et métallisés. Il brillait de reflex d'argent comme tout juste sortit des ateliers qui l'avait vu naitre.
Yasuo effleura la garde sculptée de son arme. Chaque gravure, chaque défaut racontait une histoire, une aventure passée, d'un combat glorieux ou d'une défaite amère. C'était bien plus qu'une arme : c'était une extension de lui-même, le souvenir d'une époque révolue qu'il gardait précieusement près de lui. Il était fin prés.
Il se dirigea vers la porte, mais, au moment de la franchit, son regard s'immobilisa, interpelé par un ricochet de lumière. Son reflet mal rasé le dévisageait au travers d'un petit carreau de verre suspendu au mur.
Il jugea un instant la longue cicatrice traversant horizontalement son visage. Elle lui rappela pourquoi il était ici, elle lui rappelait son erreur, sa pire erreur. Celle-là même qui lui avait fait perdre tous ce qu'il possédait, de son honneur à sa propre estime. Celle-là même qui le poussait à fuir son pays natal en suivant aveuglement une Vastaya dont il ignorait tout.
Yasuo fit grincer ses dents. Il n'aimait pas son visage... Non pas qu'il était dépourvu de beauté. Sa mâchoire carrée, ses yeux bleu clair et ses sourires énigmatiques avaient sus trouver le cœur de plusieurs jeunes femmes, du moins lorsqu'il souriait encore.
Ce n'était pas son apparence qu'il méprisait, c'était l'homme qu'il était devenu : Un vagabond aux yeux cerné qui vendait ses services au premier venu en échange d'une poignée de pièces. Un meurtrier fuyant son pays. Un lâche, dont le visage n'exprimait plus que de de la lassitude.
Il attrapa une bouteille qui trainée entre deux tonneaux de provision et en but un large gorgé. Quitte à fuir ses responsabilités, autant bien le faire, pensa-t-il avec un rictus amer. Il sortit de sa cabine en esquivant soigneusement le reflet qui le jugeait toujours, la bouteille toujours en main.
La cabine face à la sienne était grande ouverte et les planches rugueuses des gonds laissant deviner une ouverture négligente et rapide. Ahri devait déjà être levée. Yasuo leva un sourcil. Cela l'étonnait, elle avait souvent tendance à prolonger ses nuits dans une paresse nonchalante presque agaçante. Cependant, elle ne l'avait pas attendu, ça, ce n'était pas surprenant.

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La traversée
FanfictionAprès avoir était soupçonné d'un crime et déchue de son honneur, Yasuo, un épéiste de talent fuit son pays natal. Sous la couverture d'un garde du corps, il accompagne Ahri, une mystérieuse femme renarde lui ayant proposé de quitter son pays en s'em...