III

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Le soleil projetait ses rayons à travers les volets en bois de la cabine, dessinant des lignes dorées sur les murs en révélant chaque détail de la pièce avec une netteté presque cruelle. Au-dessus de la chambre de Yasuo, le pont résonnait sous les pas pressés des marins. Chaque foulée faisait vibrer les fines planches du plafond, produisant un bruit sourd et irritant. Yasuo, tiré d'un sommeil bien trop court, grogna de mécontentement en se redressant dans son lit.

Il se leva en soupirant, enfilant ses vêtements avec une efficacité qui trahissait l'habitude. Son apparence simple était empreinte de sobriété et de pragmatisme. Torse nu était affiché sans détour, simplement enveloppé dans une cape déchirée en si mauvaise état que l'on pouvait la confondre avec une simple écharpe bleue. Sa cape lui offrait encore une protection suffisante contre les éléments et le froid persistant et ses bras et jambes, les seuls protégés par des pièces de métal légères et fonctionnelles, témoignaient d'un équilibre recherché entre défense et agilité.

Il passa son vieux pantalon bouffant, délavé et râpé par le temps, compagnon fidèle de ses nombreuses aventures. Une corde épaisse, effilochée par les années, maintenait le tout solidement en place.

Son long katakana en acier ionien pendait lourdement, attaché à la même corde qui servait de ceinture pour son pantalon. Ses doigts effleurèrent la garde sculptée de son arme. C'était bien plus qu'une arme : c'était une extension de lui-même et le souvenir d'une époque révolue. Chaque gravure, chaque défaut sur sa lame racontait l'histoire d'une aventure passée, de combat glorieux et de défaites amères.

D'un geste rapide, Yasuo attacha ses longs cheveux bruns en une queue de cheval rudimentaire, veillant à dégager son champ de vision. Il était fin prés.

Mais, au moment où il franchit le seuil de sa cabine, son regard s'immobilisa. Son reflet le dévisageait au travers de ce petit carreau de verre suspendu au mur.

La cicatrice traversant horizontalement son visage lui rappela pourquoi il était là. Elle lui rappelait son erreur, sa pire erreur. Celle-là même qui lui avait fait perdre tous ce qu'il possédait, de son honneur à sa propre estime. Celle-là même qui le poussait à fuir son pays natal en suivant aveuglement une mystérieuse Vastaya dont il ignorait tout. Cette même erreur qui tua la seule et dernière personne qui comptait réellement pour lui. Yasuo retourna le cadre du miroir en grognant.

Il n'aimait pas son visage, non pas qu'il était dépourvu de beauté. Au contraire, son corps musclé, ses regards durs et ses sourires énigmatiques avaient sus trouver le cœur de plusieurs femmes, du moins lorsqu'il souriait encore.

Ce n'était pas son apparence qu'il méprisait, c'était l'homme qu'il était devenu : Un vagabond mal rasé qui vendait ses services au premier venu en échange d'une poignée de pièces. Un meurtrier au visage dur et fermé fuyant son pays. Un lâche dont les deux yeux bleu ternis par le dégout n'exprimaient plus que de de la lassitude.

Il attrapa une bouteille d'alcool qui trainée entre deux tonneaux de provision et en but un large gorgé. Quitte à fuir ses responsabilités, autant bien le faire, pensa-t-il avec un rictus amer. Il sortit de sa cabine en esquivant songeusement le reflet qui le jugeait, la bouteille toujours dans la main.

Il s'arrêta brièvement devant la porte de la cabine en face de la sienne. Elle était grande ouverte et les planches rugueuses des gonds laissant deviner une ouverture négligente et rapide. Ahri devait déjà être levée. Cela l'étonnait, elle, qui avait souvent tendance à prolonger ses nuits dans une paresse nonchalante presque agaçante. Et elle ne l'avait bien entendu pas attendu, ça, ce n'était pas surprenant.

"Ou est-elle encore partie se fourrer "grogna Yasuo resserrant son emprise sur la garde sculpter de son arme, trahissant son irritions. Elle avait ce don de disparaître sans prévenir.

La traverséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant