Partenaires - Part 1

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Les semaines passèrent. Puis vint la dernière nuit. Ni l'un ni l'autre n'avait envie d'en parler. Mais leurs accouplements au cours de cette dernière nuit se firent plus doux, plus tendres. Ils ne voulaient pas se reposer. Ils s'accouplèrent sans s'arrêter du crépuscule jusqu'à l'aurore. Finalement, ils durent se résoudre à se lever. Ils déjeunèrent en silence. Puis Sen prépara son sac et fit une dernière fois le tour de la maison. Oïlane l'attendait dehors. Il tenait en bride son cheval blanc Blizzard.

- Il est à toi, il te permettra de rentrer plus vite. Sen avait tant de choses à lui dire... Oïlane lui mit un doigt sur les lèvres. Ne dis rien. Il sourit tristement. Nous ne sommes plus tenu par notre contrat maintenant. Alors aujourd'hui je peux faire ça. Le visage d'Oïlane descendit vers celui de Sen et il s'empara de ses lèvres. Sen sentis sa langue lui caresser le palet. Leurs lèvres se séparèrent et Oïlane garda son front collé au sien.

- Pars et ne te retourne pas. J'ai mis dans tes sacoches, le paiement pour tes services des 6 derniers mois. Va. Je suis attendu par l'un de mes patients.

Sen se sépara de lui et monta à cheval. Il lui jeta un dernier coup d'œil et partit. Il ne devait surtout pas se retourner. Un contrat était un contrat. Son cœur avait mal et des larmes perlaient au coin de ses yeux. Oïlane lui avait appris à aimer la vie.

Le chemin du retour jusqu'à Idrissa fut plus rapide. Une fois en ville, plusieurs personnes se retournèrent sur son passage. Il était élégamment vêtu d'une cape noire, d'une tunique bleu de la même couleur que ses yeux, d'un pantalon noir et il chevauchait un cheval de combat de grande qualité. Oïlane avait fait faire cette tenue pour lui sur mesure avant son départ. Il guida sa monture jusqu'à l'écurie de la ville basse à qui il la confia. Puis il se dirigea vers la banque pour y déposer l'argent de ses sacoches. L'employé ne posa pas de question même quand il vit la somme qu'il déposait et l'assura respectueusement de sa discrétion. Sen sortit, il allait rester un peu dans la ville basse avant de prendre une décision quant à son avenir. Une chose était sûre, Oïlane lui manquait déjà. Demain peut être, cette absence serait moins forte. Il alla faire un tour sur le marché. Celui-ci n'avait rien à voir avec celui des bas-fond. Les produits étaient de bien meilleure qualité et beaucoup plus variés. Il s'apprêtait à choisir quelques fruits quand il entendit quelqu'un l'appeler par son nom. Il se retourna et se retrouva nez à nez avec Lance.

- Tu es rentré ! pourquoi tu ne m'as pas prévenu ? Où étais-tu ?

- Lance, fit calmement Sen, je viens juste de rentrer et je n'ai pas de compte à te rendre. Tu n'es pas mon partenaire à ce que je sache ! Leur conversation commençait à attirer l'attention de la foule autour d'eux. Lance attrapa le poignet de Sen et le tira à travers le marché jusqu'à une ruelle adjacente déserte. La main de Lance lui broyait le poignet, mais c'était surtout son contacte qui le brûlait.

- Lance, ça suffit, calme toi et lâche moi fit Sen en essayant de se dégager.

- C'est tout ce que tu trouves à me dire ? Tu disparais 6 mois, je découvre que tu as rendu ta chambre, soldé ton compte à la banque... tu disparaît littéralement et il faut que je reste calme ? A ton avis, qu'ai-je ressenti tout à l'heure quand je t'ai vu passer les portes de la cité sur ce cheval, qu'avec les soldes d'une année entière je ne pourrais pas me payer ? Et tes vêtements ! Tu t'es trouvé un dragon noir pour t'entretenir, n'est ce pas. Un officier qui peut te payer grassement pour tes « services » . Lance lui plaqua violemment le visage contre le mur et lui maintint les bras repliés dans le dos. Il commença à l'embrasser dans le cou et à lui mordre le lobe de l'oreille. Sen avait envie de crier , il ne supportait pas son contact.

- Lance arrête, tu me fais mal !! cria Sen

- Je te fais mal ? Dit-il rageusement. Ce n'est rien à côté de ce que je vais te faire. Il était furieux ? Jaloux ? Sen se sentait de plus en plus mal. Une nausée commençait à lui monter jusqu'aux lèvres. Comment Lance pouvait-il être aussi violent, ça ne lui ressemblait pas ... il senti qu'il lui baissai son pantalon et essayait d'introduire son sexe en lui. Non, il ne le permettrai pas. Le seul qui avait le droit de s'accoupler avec lui s'était Oïlane et personne d'autre. Lance tenta de le pénétrer mais Sen se contractait tellement qu'il n'y arrivait pas. Il l'agrippa par les cheveux et lui projeta de nouveau le visage contre le mur.

- Il te prend par derrière lui aussi ? fit Lance cyniquement. Sen senti qu'il allait vomir et hurla.

- Lui au moins, il arrive à me faire bander ! Dans la fraction de seconde ou Lance marqua une hésitation de surprise, Sen lui donna un coup de tête et se retourna. Il lui asséna un coup de poing... qui le projeta de l'autre côté de la ruelle. Lance s'effondra contre le mur d'en face. Sen se mis à vomir. Quand il eut fini, il rajusta ses vêtements. Comment avait-il pu le projeter à cette distance et aussi violemment ? Lance semblait reprendre ses esprits.

- Ne t'avises plus jamais de me toucher ou je raconterai tout à ta partenaire ! Si tu reparais devant moi, tu le regretteras, fais moi confiance.

Sen se redressa, rabattit sa capuche sur son visage et quitta la ruelle. Il vérifia plusieurs fois que Lance ne le suivait pas. Au détour d'une rue, il trouva une fontaine, abaissant sa capuche, il regarda son reflet dans l'eau. Il avait une marque violacée sur la pommette droite et sa lèvre inférieure était enflée. Il prit un peu d'eau pour se laver le visage et essuya le sang qui coulait de la coupure de sa bouche. Il avait envie de voir Oïlane , de sentir ses bras l'étreindre , d'entendre sa voix lui chuchoter des mots tendres à l'oreille. Il rabattit soudain sa capuche et se mis à courir vers l'écurie. Il récupéra Blizzard et partit au galop par la route de Xénéria. Il pouvait être rentré avant la tombée de la nuit ...

Le soleil venait d'éteindre ses derniers rayons dans l'eau translucide du lac, quand Sen arriva à la clairière. Il n'y avait aucune lumière dans la maison. Peut-être qu'Oïlane n'était pas encore rentré de sa visite chez son patient. Il lui ferait la surprise de sa présence à son retour. Sen se dirigea vers la grange et conduisit Blizzard dans sa stalle. Il regarda autour de lui. Il n'y avait pas de bruit. Où étaient passés les autres chevaux ? et les oiseaux de la basse-cour ? Les pigeons de la volière ? Sen sortit. Le paddock était vide lui aussi. Sa poitrine se serra, un mauvais pressentiment s'empara de lui. Quelque chose clochait. Il se précipita vers la maison.

 Il entra et alluma la lumière. La table était dans le même état que le matin. Oïlane ne l'avait pas débarrassée. Il poussa la porte de la chambre... le lit était défait. Les draps souillés par leurs ébats de la nuit n'avaient pas été changés. Sen sentit la peur s'emparer de lui... Non, pas le jour de leur anniversaire...leur anniversaire ?. Qu'avait dit Oïlane à ce sujet le jour de leur rencontre... Oui, la date de leur anniversaire était un point commun qu'ils avaient et il avait ajouté qu'en fait, ils en avaient 2 ! 

Sen sentit le sang se retirer de son visage. Il sortit de la chambre et ouvrit celle du laboratoire. Tout était en ordre. Le sacoche d' Oïlane se trouvait sur sa paillasse de travail et il y avait une lettre aux noms de ses parents posée en évidence sur son bureau... Non, il n'avait pas le droit de faire ça, pas maintenant qu'ils s'étaient enfin trouvés ! Sen leva la tête, l'unique fenêtre de la pièce donnait sur le même paysage que celle de la chambre... Il sortit en trombe, attrapa une lanterne au passage et courut vers le lac. Il ne cessait de hurler le nom d'Oïlane dans la nuit... Il le trouva enfin, assis au pied de leur arbre, contemplant le lac... sauf que sa tête avait une drôle d'inclinaison, ses yeux étaient fermés et il était d'une pâleur inquiétante. 

Le Cercle des Dragons - Tome 1 : SENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant