𝟦. 𝘐'𝘮 𝘥𝘪𝘢𝘮𝘰𝘯𝘥

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Johnny avait chaud. Il essuya son front suintant et prit une gorgée dans sa bouteille d'eau déjà presque vide.

Depuis le début de la matinée, il était désormais 16h, il avait décidé de commencer à faire ses cartons.
Ces derniers ne se feraient évidemment pas seuls, il s'était donc lancé.

Il avait vidé la chambre d'ami qui n'en recevait aucun, et son bureau.

Il restait quelques jours avant qu'il ne déménage réellement, alors il avait choisi de ne pas emballés les meubles des pièces dont il se servait le plus, comme sa chambre, le salon, ou la cuisine malgré qu'il commandait bien plus souvent qu'il n'allumait son four.

Le brun en avait marre et remarqua que les cartons commençaient à manquer. Il se redressa.

Il se dirigea dans la cuisine et lança un café, il en avait besoin.

En attendant que celui-ci soit prêt, il attrapa son téléphone et regarda ses messages; ils provenaient tous du même interlocuteur, son maudit patron, qui lui mettait des dossiers sur le dos lors de son jour de congé. Le Seo allait devoir travailler sans répit le lendemain.
Mais cette horreur se terminerait bientôt. Il ne l'avait pas encore annoncé à son patron pour ne pas le réjouir trop vite, il ne méritait pas tant de bonheur.

Le voyant de la cafetière indiqua à l'américain que sa délicieuse tasse de caféine l'attendait. Il s'en saisit et avança jusqu'à la baie vitrée, puis pénétra sur le balcon.
Cette petite terrasse aménagée serait bien la seule chose qui allait lui manquer.

Il avala une gorgée de la boisson presque brûlante, admirant les alentours.

Il ne comptait plus le nombre de fois où il y avait passé la journée, le nombre d'heures assis sur cette chaise inconfortable mais réconfortante, inconfortante ?, le nombre d'automates qu'il avait observé déambuler dans ces rues trop grises et ternes, le nombre de lever de soleil qu'il avait admiré avant de partir travailler et le nombre de coucher de soleil dont il suivait les couleurs se fâner dans l'obscurité du soir...

Non il ne comptait plus.
Il ne comptait plus sur rien après tout.

Il prit encore une gorgée de café, et fronça les sourcils.

Derrière la grande baie vitrée de l'appartement d'en face il reconnut la silhouette.

Johnny ne bougea pas, comme pour ne pas effrayer la créature discrète qui se cachait dans les fourrés.
Sauf que la créature ne se cachait pas. Elle se dévoilait, dénudée, plus encore que précédemment,  un simple vêtement masquant ses parties intimes mais rien de plus.
Les courbes de son dos maigre mais musclé apparaissèrent aux yeux du brunet comme celles d'une sculpture intouchable.

La silhouette, se releva et une musique s'éleva alors.

Des mouvements forts, délicats, des yeux à demi-clos, en transe...

Encore une fois ses prunelles secrètement ambrées ne purent s'en détacher.
Elles observaient sans la moindre honte ce corps qui dansait au fil des notes qui semblaient avoir été créés pour ses pas tant le spectacle était un chef d'oeuvre.

Les chefs d'oeuvres se regardent de loin, inaccessibles. On ne peut approcher de telles œuvres d'art.

Et pourtant à cet instant, le Seo ne rêve que de cela.
Pouvoir caresser la toile, sa peau, du bout de ses doigts, puis y laisser à son tour sa signature violacée. Se délecter de la saveur de la peinture de son corps, et ajouter la sienne bien moins goûteuse à son avis. Parcourir le grain et la texture du tableau de son touché qu'il rendrait pareil à celui des poils d'un pinceau...

Ses pensées toutes de plus en plus imaginatives furent coupées par un regard, celui du danseur.

Le grand brun battit rapidement des paupières et vit le garçon aux cheveux ébènes enfiler un t-shirt et sortir sur le balcon presque relié au sien.

Ils se fixèrent.

L'américain était étonné de l'expression qu'arborait le plus petit; il ne semblait pas énervé, du tout, mais plutôt amusé, se parant d'un sourire en coin délirant.

-" Je dois baisser la musique ? demanda le danseur, ironiquement.
- N-non c'est bon.
- Très bien alors, bon café.

Le corps envoûtant se retourna après avoir lui avoir adressé un subtil clin d'oeil.

- Attend !

Il s'arrêta et patienta que le Seo continue.

- T'es gay ?

Le noiraud pouffa et lui refit face, se rapprochant de la barrière, plantant ses yeux bourrés de malice dans ceux de celui dont venait la question sortie sans réflexion.

Le coeur de l'américain avait accéléré, se maudissant d'avoir demandé cela à un parfait inconnu.

- Ouais. Ça te pose un problème ?

Il lui avait répondu en déployant un sourire moqueur, ni perturbé de la question, ni du tutoiement installé.

Johnny, lui, l'était.

Mais il ne se laissa pas faire et arbora le même sourire.

- Au contraire.''

𝐥𝐢𝐠𝐡𝐭 𝐢𝐭 𝐮𝐩 𝐥𝐢𝐤𝐞 𝐝𝐲𝐧𝐚𝐦𝐢𝐭𝐞 ও 𝑗𝑜ℎ𝑛𝑡𝑒𝑛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant