Chapitre 8

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"Tue l'autre."

"AVADA KEDAVRA !"

Fin Flashback

Cedric, pardonne-moi si je ne raconte pas en détails ce qui s'est passé ensuite. Je n'en ai pas la force. Je m'en souviens comme si c'était hier, mais une image en particulier me hante toutes les nuits et reste gravée dans ma mémoire. Je te revois, t'illuminant subitement d'une couleur verte, puis je vois ton doux visage se figer, ton sourire s'évanouir, et ton corps tomber raide sur le sol du cimetière. La suite des événements me parut floutée, comme si j'avais un voile sur le visage et que j'allais bientôt me réveiller d'un mauvais rêve. Malheureusement, ce n'en était pas un. Tu étais vraiment mort, là, si près de moi, et tout ce que je voulais c'était courir vers ton corps pour tenter de te réveiller, pour que tu me dises que tu t'étais juste évanoui. En réalité, j'étais en train de me battre contre Voldemort et sa bande de mangemorts. J'étais rentré comme dans une transe dans laquelle la notion de danger ne m'importait plus. Je ne prêtais même pas attention à la douleur que m'infligeait la coupure sur mon avant bras, puisque celle de t'avoir perdu était plus forte. Tout ce que je voulais, c'était te venger. Je voulais achever celui qui m'avait enlevé l'amour de ma vie, après m'avoir enlevé mes parents. C'est tout de même ce que j'ai fait quelques années plus tard, à défaut de n'avoir réussi à le faire ce soir-là. Lorsque le Priori Incantatum surgit de ma baguette et que les dernières personnes qu'avait tué Voldemort sortirent de la sienne, je crus un instant que tu avais été ressuscité par le sortilège. Puis j'ai vu mes parents et leurs regards tristes, et j'ai compris que ce n'était et ce ne serait jamais le cas.

Avant que je n'aille attraper le trophée afin de partir loin du cimetière et de l'horreur qui y reignait, tu me regardas, sous forme de spectre, et tu me demandas de ramener ton corps à ton père. Cette phrase si irréaliste me fit couler des larmes. Puis, tu me dis que tu m'aimais juste avant de disparaître avec un sourire triste, et cela me fit pleurer de plus belle. J'aurais voulu venir t'embrasser tant que je te voyais encore animé, mais tu étais sous forme d'esprit alors ça n'aurait pas fonctionné. À travers mes larmes, je courus vers le trophée et le saisit, tout en m'aggripant à ton t shirt aux couleurs de Poufsouffle. Le portoloin nous ramena sur la pelouse du stade, ton corps toujours innerte sur le sol, tes beaux yeux grands ouverts en accord avec ta dernière vision d'effroi. J'étais allongé sur ton torse, mes bras autour de ton coup et je ne voulais plus te lâcher. J'ai cru que j'allais mourir sur place à tes côtés tellement ça faisait mal. Les trompettes qui jouaient pour acclamer les champions s'arrêtèrent peu à peu, les spectateurs commençant à se rendre compte qu'il y avait un problème. J'ai balbutié quelque chose à propos du retour de Voldemort à Dumbledore, qui me pressait de lui dire ce qu'il c'était passé, et, lorsqu'Amos Diggory comprit que son fils était mort, il arriva en courant et me poussa pour venir t'enlacer à son tour. Cho, dans les tribunes, faillit s'évanouir. Moi, je luttais pour pouvoir avoir une dernière fois la sensation de serrer ton corps dans mes bras.

Puis, il y eut l'épisode du faux Maugrey Fol Œil enfin démasqué, mais sur le moment, ça m'importait peu puisque tu étais mort. Durant ce lapse de temps, je me disais au fond de moi que j'avais rêvé et et que tu avais atterri avec moi sain et sauf sur ce terrain, que je te retrouverai un peu plus tard et que nous pourrions célébrer notre victoire ensemble. Mais après que je sois sorti du bureau du faux Maugrey, l'affaire étant résolue, je vis tous les élèves en deuil autour de moi, essuyant leurs larmes, ayant abandonné leurs banderoles festives derrière eux. Tous mes espoirs insensés de te revoir un jour s'évanouirent d'un coup. Je restais là, figé au milieu du couloir, les vêtements pleins de sang. Soudain, sans que je ne la vis venir, Cho me sauta au coup. Elle ne parlait pas, mais je compris parfaitement ce qu'elle ressentait. Nous venions tous deux de perdre quelqu'un d'important, mais je me sentais illégitime de la réconforter et de lui dire que Cedric l'aimait comme ses amis le faisaient, puisque ce n'était pas le cas. Ç'aurait été trop cruel de lui avouer. Elle ne l'a jamais su, et c'est mieux ainsi.

Flashback

Le sur-lendemain de la mort de son âme sœur, Harry se rendit avec Hermione, Ron et tous les autres élèves de Poudlard, de Durmtrang et de Beauxbâtons dans la grande salle pour une cérémonie d'hommage en son honneur. Harry était un peu léthargique, d'autant plus qu'il venait de passer une nuit à l'infirmerie et qu'il n'avait pas réussi à dormir, repensant à Cedric encore et encore, revoyant sa tête heurter le sol du cimetière. Pour couronner le tout, aujourd'hui était un jour ensoleillé, et le survivant se demandait si un jour de pluie aurait été plus approprié aux circonstances. Puis, il se dit qu'au final non, le soleil c'était très bien, Cedric méritait un jour de soleil pour qu'on l'honore une dernière fois. Après tout, se dit Harry, le Poufsouffle représentait le soleil qui était venu illuminer sa vie.

Assis sur les bancs de la grande salle remaniés pour être tous en face du pupitre de Dumbledore, le Gryffondor avait l'esprit embrumé. Les paroles du directeur résonnaient comme un écho dans sa tête, bien qu'elles étaient très glorieuses à la mémoire de Cedric. Amos, au premier rang, pleurait. On se serait presque cru dans une Église s'il n'y avait pas eu les bougies volantes au plafond, bien que pour une fois, elles étaient éteintes. Même le faux ciel de la grande salle n'était que très peu visible. Hermione tenait la main de Harry, sans rien dire. Elle le regardait de temps en temps avec des yeux tristes, même si elle ne savait rien. Pour elle, l'état de son ami s'expliquait par l'horreur qu'il avait vécu, et ça s'arrêtait là. Il était en deuil comme tous les autres élèves, dévastés d'avoir perdu un des leurs. En réalité, c'était bien plus que ça. Mais ça, elle non plus ne le saurait jamais.

Bizzarement, après le discours, les élèves sortirent de la grande salle en soupirant, mais avec un visible soulagement que cet épisode soit enfin terminé. Harry le ressentit aussi, bien qu'il avait toujours le cœur lourd. Plus tard dans l'après-midi, il y eut une grande cohue dans les couloirs de Poudlard. C'était le jour où les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons rentraient chez eux, donc l'heure était aux adieux. Les séparations furent émouvantes, même pour Harry à qui Fleur vint faire un câlin en le remerciant pour tout avec son accent français prononcé, et Krum vint serrer amicalement son épaule. Puis, ils rejoignirent chacun leur carosse ou leur bâteau, et le trio les regardèrent depuis une arche du château repartir dans le lointain des collines et du lac de Poudlard, tournant ainsi une nouvelle page de leurs vies de sorciers, avec une personne chère en moins.

À la mémoire de Cedric DiggoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant