~ Chapitre 2 ~

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La veille de la rentrée arriva enfin. Le soir, les parents demandèrent à nouveau si elles ne désiraient pas aller dans le petit institut du quartier. Diana ne put s'empêche d'exploser.

« Ah non, vous allez pas remettre ça ! cria-t-elle. De toute façon c'est beaucoup trop tard, la rentrée est demain.

-Quand on veut, on peut, répliqua son père

-Mais on veut pas ! s'emporta la jeune fille. Qu'est-ce que vous avez avec cet institut pour malades ?

-Un institut pour malades ? S'étonna Louise

-Et ouais sœurette, j'ai fait mes petites recherches. L'école où ils veulent qu'on aille est un institut d'insertion sociale pour jeunes handicapés physiques et déficients mentaux. »

Louise se retourna vers ses parents. Ils semblaient littéralement tétanisés.

« C'est vrai ça ?

-Ben sûr, répliqua Diana, même si j'avoue ne pas comprendre pourquoi ils tiennent tant que ça à nous envoyer là-bas »

Devant le regard accusateur de leur fille, les parents durent capituler.

« En fait...

-La vérité c'est que...

-Nous sommes très inquiets à propos de ta santé Diana »

Alors ça, c'était la meilleure.

« À propos... de ma santé ?

-C'est le fait que tu aies eu tant de problèmes même avant ta naissance. Nous voulions que tu ailles dans ce centre pour pouvoir être surveillée 24H/24. D'un point de vue médical en tout cas. »

Diana écarquilla les yeux. Si elle s'attendait à ça !

« Mais... pourquoi maintenant ? Vous ne vous êtes jamais posé cette question ? »

-Si mais tu étais dans le quartier alors... c'était plus... simple.

-Rassurant, renchérit maman

-Oui c'est ça, rassurant.

-Mais pourquoi vous inquiéter pour MOI alors que celle qui est le plus en danger de mort ici c'est ELLE ? Déclara-t-elle en désignant Louise du doigt,

-Hé ! S'écria l'intéressée, retire ce que t'as dit !

-Tu plaisantes ou quoi ? Au moindre bruit d'insecte tu fais une crise cardiaque. Pas quand tu le vois, quand tu L'ENTENDS ! »

Les jeunes filles éclatèrent de rire. Cette joie retrouvée fit sourire leurs parents.

Il ne fut plus jamais question de ce centre pour malades.



La rentrée se passa sans accrochage. Les élèves furent appelés dans la cour et répartis un à un dans leurs classes respectives. Bien sûr, les deux sœurs furent envoyées dans la même classe. Le professeur principal de la 6e5 leur expliqua tout ce qu'ils devaient savoir sur le collège, son fonctionnement, les cours, les interdictions, les heures d'ouverture du CDI... C'était une professeure tout à fait charmante. Elle arborait un sourire rassurant et semblait couver ses petits protégés. Cependant, derrière son apparence de vielle dame calme, on pouvait voir ses yeux pétiller derrière ses petites lunettes abîmées. Comme Louise n'arrivera jamais à retenir son nom, on l'appellera Mme Français.

« Bonjour à tous ! S'exclama Mme Français. Et bienvenu à votre 1er cours de français ! Comment se passe votre première journée de cours ? Les autres professeurs sont gentils ?

-Oui, madaaaaaaame, dirent en cœur les enfants

-Par-fait ! Dit-elle en tapant dans ses mains »

Elle fouilla dans son classeur puis se releva et déclara d'un air embêté :

« Oooooh mince alors ! Je n'ai plus ni feutres ni feuilles ! »

Elle se retourna vers Louise avec un grand sourire.

« Jeune fille... Louise c'est ça ? Pourrais-tu aller faire quelques photocopies pour moi ? Et prendre des feutres pour tableau à l'accueil ?

-Bien sûr, avec plaisir ! Acquiesça-t-elle en se levant

-Je peux l'accompagner ? Demanda Diana

Les autres élèvent sursautèrent et dévisagèrent la jeune fille. Elle se retourna vers eux et les défia du regard de dire quoi que ce soit.

« Oui, évidemment » dit-elle avec un tendre sourire.

Les sœurs sortirent de la classe. Une fois sortie, Diana commença à râler :

« Qu'est qu'ils ont à nous regarder comme ça ? Ils veulent ma photo ou quoi ?

-Laisse tomber, soupira son aînée, ça commence comme ça à chaque fois. Ça ira mieux avec le temps, tu devrais avoir l'habitude.

-J'ai pas à avoir l'habitude d'être une bête de foire. »

Les deux filles allèrent faire des photocopies, prirent des feutres neufs et retournèrent en classe. Lorsqu'elles ouvrirent la porte, l'ambiance était pesante. Les élèves n'étaient plus étonnés mais angoissés. On aurait dit qu'ils venaient de voir un démon.

« Ah...vous revoilà, dit tout bas le professeur, installez-vous nous reprenons le cours »

Les années firent disparaître mystérieusement l'incident des mémoires.

L'Etrange histoire des sœurs SiomaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant