~ Chapitre 11 ~

2 1 0
                                    

Louise toisait son mirage d'un œil mauvais. Elle ne voulait pas être là. Mais comment refuser une demande faite à soi-même.

« Je ne suis pas toi. »

Tu es elle et elle est toi.

« Arrête avec cette phrase.

-Et toi arrête d'exister.

-Pardon ? »

Diana s'avança vers elle, bras croisés.

« On croirait que tu me demandes de me suicider. J'ai du mal entendre j'imagine.

-Tu es déjà morte, et tu as très bien entendu. »

Elle ne répondit pas.

« Tu crois ça ? »

Croire quoi ?

« Qu'est-ce qu'il te dit que c'est pas toi, le fantôme ? »

Louise lâcha un court rire moqueur.

« J'ai vu les dossiers. Et le docteur m'a tout avoué.

-Tu as passé 14 ans de ta vie à croire que tu avais une sœur. Lorsqu'on vit dans une réalité il est impossible d'en changer. »

Louise ne voulait pas voir sa vie sous cet angle. Elle ne voulait pas perdre face à elle.

« Donc tu confirmes que je n'ai pas de sœur. »

Diana sourit avec mépris.

« Bien sûr, puisque tu n'existes pas. »

Elle mentait.

Bien sûr qu'elle mentait.

« Si tu veux, ricana-t-elle. N'empêche, comment tu t'es retrouvée en cours sans t'en rendre compte ? Il a bien fallu qu'on t'y amène non ? »

Non. Tais-toi.

« J'avais simplement réussi à être moi. Mais tu as tout gâché. C'est toi qui ne devrais pas exister.

-La ferme.

-Plus question que je me taise.

-Si, tu te tais.

-Pour quoi faire ? Tu veux parler peut-être ? »

Louise ne dit rien.

« Très bien, alors je continue. Tu t'es imaginé le monde dans ce sens-là ? Moi réelle et toi imaginaire ? Réfléchit, ça marche aussi. Si l'autre de ma classe ne t'a pas répondu quand tu lui as demandé une description ce n'est pas qu'elle ne pouvait pas. Non, c'était juste parce que c'était étrange de demander de te décrire alors que tu parlais de quelqu'un d'autre. Ou quand tu as voulu me frapper dans la voiture. Tu ne pouvais pas te frapper toi-même. Et...

-Arrête, tu cherches juste à te convaincre toi. »

Diana perdit toute trace de sourire.

« Laisse tomber tu veux ? Laisse tomber. »

Volatilisée. Pour combien de temps ?



Elle dormit. Longtemps. Lorsqu'elle se réveilla ses parents étaient à nouveau partis au travail. Quel jour on était ? Peu importe.

Elle se dirigea vers la salle de bain et se mouilla le visage. Elle releva la tête vers son miroir et cria. Diana la regardait avec dégoût.

« Tu avais raison, je n'existe pas. La preuve, je ne suis que ton reflet ! »

Louise recula jusqu'au mur, effrayée.

« Gnagnagna Tu es elle et elle est toi hein ! Oui je suis toi. C'est exactement pour cette raison que tu peux pas te débarrasser de moi !

-Non ! Non je suis moi-même !

-De quoi tu parles ? Mais de quoi tu parles ! Tu n'as jamais été seule dans ta tête, et tu ne le seras jamais !

-Je suis pas folle !

-Je ne suis pas fictive ! Qui de nous a raison hein ? Qui ! »

Louise se bouchait les oreilles. Ne rien entendre.

« Ne rien entendre hein ? Je suis toi ! Je suis là, bien posée dans ton crâne ! »

Louise releva le regard vers son fantôme.

« J'ai le droit de vivre ! D'être ! Je pense donc je suis ! Et là je pense que tu es folle ! J'existe ! J'ai le devoir d'exister ! »

Louise se rapprocha du lavabo et s'y cramponna pour ne pas tomber.

« Mais toi, toi tu es plus importante ! Tu es si égoïste que tu me laisses même pas ma chance ! Ça fait 13 ans que je foule ce sol, que je partage ta vie ! Et je devrais partir ? Mourir ? T'es qu'une enflure ! »

JE TE HAIS !

Louise frappa le miroir. Encore. Encore. Et encore. Et encore.

Le poing en sang, elle arrêta enfin. Le miroir se détacha du mur, glissa sur le lavabo et s'écrasa sur le sol dans un bris de verre strident.





Une légère animosité de la part de Louise...

Pensez-vous que tout cela va bien se finir?

L'Etrange histoire des sœurs SiomaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant