La Zone

5 - ANOMALIE

Il quitta la base à 14 h, tout se ressemblait, des grandes étendues avec quelques arbres. La marche était monotone, sans distraction mais d'un calme absolu. Il vit une vieille maison en ruine dont il ne restait que quelques morceaux de murs. Passant devant il décida d'aller voir.
En s'approchant par-derrière il était caché par un mur et ne voyait pas ce qui se passait à l'intérieur. Il entendit des grognements. Il sortait son pistolet sans se poser de questions. Ce que percevait Kolan de ses oreilles était macabre. Des claquements de mâchoires, mastication de chair, respiration enragée. Il passa la tête pour regarder. Ce qu'il vit avait la forme d'un chien. Gueule allongée, sur quatre pattes avec une queue mais rien d'autre de comparable. Plus petit qu'un loup. Sans poils, laissant apparaître un corps grisâtre complètement mutilé par des griffures et des morsures. Ses yeux étaient fermés, du pus sortait par les paupières closes.

Tout à coup le chien s'arrêta de mastiquer, et Kolan comprit que sa présence en était la cause. Le chien leva lentement la tête dans sa direction, montrant les dents, laissant tomber des morceaux de chair ensanglantées de sa gueule. Kolan ne souhaitait pas attendre que le chien réagisse, alors il se dévoila, braqua son arme et tira plusieurs coups jusqu'à ce qu'il s'écroule au sol.

Kolan fit le tour de la pièce, il n'y avait rien d'autre. Il s'approchat et s'accroupit pour analyser la chair que la bête était en train de manger. De forme humaine, environ deux mètres de hauteur est la même peau grisâtre que le chien. Les bras, les jambes ainsi que les doigts étaient plus longs que la normale. Kolan était déçu, il manquait la tête.
Il se tourna vers le chien et l'observa longuement avant de parler à voix basse "Je présume que c'est mon odeur qui m'a trahie, les griffures et morsures laissent à supposer que c'est un animal vivant en meute. Quant à son pelage inexistant et l'état de ses yeux, je suis incapable de l'expliquer."

Un hurlement de loup le sortit de ses pensées, il courut pour aller voir d'où provenait le son. Un chien hurlait à la mort, suivis par d'autres. Une meute.
Sans perdre une seconde il sortit de son sac à dos une kalachnikov, il déplia la crosse. Emboita le chargeur, arma la chambre et leva la sécurité.
Son arme préférée, robuste de base mais qu'il avait encore amélioré jusqu'à lui donner un équilibre parfait entre puissances, légèreté et maniabilité.
Les chiens s'approchaient, aucun doute. Ils venaient pour lui faire la peau.
Kolan s'agenouilla et il mit fermement en joue celui qui était au plus près.
Il tira.

La balle le transperça de toute part dans un bain de sang.
Le reste de la meute s'affola, ils se mirent à courir vers lui.
Il tira à nouveau, puis encore une fois. Et encore ...
La quatrième fois, quatre autres chiens étaient morts. Les autres prirent la fuite. Heureusement car un peu plus et il aurait dû les combattre au corps-à-corps.
Après une réflexion évidente, il prit la décision de garder ses armes à portée de main. Inutile de les ranger à chaque fois dans son sac. Le danger pouvait frapper à tout moment.
Il examina les cadavres, exactement la même chose que pour le premier. Teint grisâtre, sans poils et des paupières closes. "Des chiens qui pratiquent l'écholocalisation ?" Se demanda-il.

Un détail dans le coin de sa vision le surprit. Un cadavre de chien flottait au ras du sol en s'élèvent lentement. Certains arbres aussi, les branches ne pliaient plus vers le bas, mais étaient attirées en direction du ciel.
- Est-ce que j'ai trop bu tout à l'heure ? Dit-il

Alors il se leva et pencha la tête des deux côtés, mais non, rien n'y faisait. Les arbres et le chien volaient vers le ciel. Il regarda donc dans cette direction. Des nuages étaient déformés, comme si on les regardait à travers un verre rond. Exactement ce qu'il y avait dans le ciel, du verre liquide, d'un clair transparent qui ondulait comme de l'eau dans le vide.
Le cadavre s'approchait de plus en plus rapidement. Jusqu'à être y aspiré à une vitesse inouïe. Le verre liquide l'avala comme de l'eau. Et le chien ce mis à tourner sur lui-même au centre de la bulle de verre, il tournait si vite qu'il était étiré dans toute sa longueur. Personne ne pourrait y survivre. Même les entraînements d'astronaute dans les centrifugeuses semblaient ridicules à côté. Le chien tournait encore et encore, tous ses membres étirés à leurs maximums. Le sang qu'il perdait formait un anneau circulaire parfait autour du cadavre. Il accélérait encore. Un léger bourdonnement se fit entendre. Augmentant en puissance à mesure que la vitesse de rotation augmentait. Jusqu'à ce que le son en devienne insupportable. Kolan se boucha les oreilles, plissa les yeux et recula de quelques pas.

Le verre liquide éclata d'un seul cou. Émettant une puissante détonation. De partout, une pluie de sang, de chair et d'os arrosa les environs. Kolan n'y échappat guère. Le visage peint en rouge. Les vêtements imbibés de sang et une sale odeur qui n'allait plus le quitter.
- C'est fascinant ce qui sa passe ici. Articulait-il avant d'entrer dans une colère folle. Il jura tous les mots possibles. Du sang était même entré dans sa bouche, le dégoût l'envahit et il reprit sa marche d'un pas décadent.
- Et en plus, je vais attirer tous les clébards bouffeurs de chair ! Ce remis a hurler Kolan.