Le temps était chaud, l'air léger. Et le ciel, d'un bleu saturé, promettait de sa couleur un bon après-midi. Assez bon pour motiver les deux lycéens à sortir travailler sur le terrain de tennis.
Selon Jaemin, c'était l'endroit idéal pour des journées ensoleillées comme celles-ci, surtout lorsqu'il n'y avait plus beaucoup de monde dans l'établissement. Et Jeno n'était pas contre l'idée de changer de lieu d'étude; le local 3-H commençait à sentir le renfermé —puis un peu de vitamine D ne leur ferait pas de mal.
C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent installés sur l'herbe fraîchement tondue, à parler de littérature française. L'un expliquait précisément ce que les enseignants attendaient d'une parfaite analyse littéraire et l'autre écoutait attentivement ce que son professeur particulier avait à lui dire.
L'ambiance entre eux s'était largement détendue depuis leur fameuse conversation. Jeno faisait beaucoup d'effort pour paraître moins cassant dans son discours tandis que Jaemin charbonnait davantage pour être à niveau chaque jour. Il voulait montrer au noiraud qu'il pouvait y arriver avant la fin de l'année et que tout ce temps passé ensemble allait payer.
Qu'il allait se rendre fier et le rendre fier.
— N'hésite pas à faire référence à la vie de l'auteur quand tu analyses ses œuvres. Très souvent un écrivain s'inspire de ses propres expériences pour écrire des récits. Que ce soit flagrant ou subtil.
— Je vois. Donc par exemple si l'auteur a eu une vie de merde, je dois le noter pour justifier l'atmosphère général du livre?
— Voilà. Bon après, je te conseille pas de mettre « vie de merde ». Sois quand même plus précis que ça.
Jaemin rit. Il savait que Jeno allait le reprendre sur le « vie de merde ». Ce genre de mots familiers voire grossiers gênaient presque le noiraud et c'était assez amusant de constater qu'il n'adhérait pas à ce language pourtant si répandu.
— Ok ok, j'en prends note, répondit le châtain en souriant. Je mettrais plutôt que « nous retrouvons dans les livres de cet auteur son parcours à chier, sa putain de relation avec son père et son manque d'expérience avec les femmes parce que c'était un gros puceau », c'est vachement plus précis je trouve.
— Tu le fais exprès en fait?
— Désolé, mais ta tête est vraiment drôle.
Le surdoué arqua un sourcil, intrigué. C'était la première fois que quelqu'un disait qu'il avait une tête « drôle ».
— Ah bon?
— Oui, tu commences à rougir et à regarder ailleurs. Tu sais, t'as pas besoin de faire la prude comme ça, dire merde de temps en temps pourrait même te faire du bien.
— Faire la prude? Demanda l'ébène avec une risette narquoise sur ses lèvres. Tu n'exagèrerais pas un peu?
Jeno rapprocha son visage de celui de son voisin. Et dans un souffle mélangé au soupir curieux du châtain, il lui lança son plus beau sourire. Celui qui formait des demi-lunes au niveau de ses perles noires. Celui qui faisait hoqueter et rougir Jaemin. Celui qui lui faisait perdre tous ses moyens —ne sachant plus quoi faire ni quoi dire. Il s'était fait prendre à son propre jeu. Et il maudissait fort le noiraud de toujours chercher à avoir le dernier mot.
— Je ne vois qu'une seule prude ici, le noiraud rit en s'éloignant. Tu pensais que je n'avais pas remarqué ton rougissement la dernière fois?
— T-T'es vraiment un malade toi! N-Ne te fait pas d'idées!! Finit-il par brailler, extrêmement embarrassé.
Mais ce que Jaemin maudissait encore plus fort était le rire de Jeno qui sonnait si joliment contre ses oreilles.
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Number One [NOMIN]
FanfictionLorsque Lee Jeno, le meilleur élève du lycée, se voit un jour donner des cours à Na Jaemin, un prodige du tennis au parcours scolaire catastrophique.