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La respiration hachée. Les mouvements de bras calculés. Les chaussures mouillées par le gazon. Le front et les aisselles perlées de gouttes de sueurs. Jaemin engagea le troisième set, la balle entre les doigts et le regard brûlant de victoire. Il voulait absolument gagner ce match afin de rentrer dans la ligue des meilleurs sportifs de son lycée et pouvoir se créer une solide réputation.

C'était avec cette soif de triomphe qu'il se positionna correctement, regarda d'un œil attentif son adversaire et lança la sphère dans les airs avant de la frapper avec sa raquette. Le service fut parfait. Et il en était satisfait car, désormais, c'était lui qui chorégraphiait cette manche. Laissant la plante de ses pieds danser sur l'herbe et son poignet se mouvoir harmonieusement avec les coups qu'il recevait.

Un revers. Un puissant smash. Un retour. Un coup droit. Et l'arbitre, assis confortablement sur sa chaise haute, décida de siffler signant la fin de ce jeu et de la rencontre. Jaemin avait brillamment gagné en deux sets et son sourire lumineux faisait grincer les dents de son vis-à-vis. Il fallait dire que son opposant n'était pas autant en forme que le châtain. Ou tout simplement, il était moins doué que ce dernier.

— Bravo Jaemin. C'était un super match que tu nous a fait là, complimenta la coach, fière de son élève.

— Tu es le meilleur Oppa! Hurlèrent, depuis le gradin, certaines filles venues exclusivement pour voir leur beau-gosse favori plutôt que la partie en elle-même.

Le joueur leur fit un coeur avec son pouce et son index afin de les remercier d'être toujours présentes à le soutenir. Et il se retourna vers celle qui l'entraînait pour lui témoigner de sa reconnaissance également. C'était grâce à cette femme s'il en était là aujourd'hui et s'il avait le mérite d'être bon dans au moins un domaine.

— Merci madame Kim. Je ferais toujours de mon mieux.

Il se courba et elle lui sourit.

— Tu es vraiment talentueux, mais ne compte pas que sur le tennis pour obtenir ta bourse, lui rappela-t-elle tout de même. Tu dois au moins avoir 70% de moyenne général pour ça.

Jaemin le savait. Mais il était tellement loin de ces 70% qu'il s'était donné corps et âme au sport et avait laissé tomber ses cours généraux.

Il avait toujours fonctionné ainsi; tennis avant tout. Jusqu'au jour où ses instituteurs l'avaient pris à part pour lui parler de son cas plutôt désespérant. 23,6% de moyenne. C'était catastrophique pour un adolescent avec autant de potentiel. Il allait tout gâcher s'il continuait sur cette lancée décroissante. Et ses professeurs ne lui souhaitaient pas un avenir aussi désastreux. C'est pourquoi ils s'étaient tous mis d'accord, avec le principal concerné, de demander l'aide de Lee Jeno: le meilleur étudiant de sa promotion, si pas du lycée tout entier. Ce dernier avait été jugé comme le plus apte à remettre le châtain à niveau et cela en peu de temps et gratuitement.

Le noiraud avait accepté la requête. De toute manière, il n'avait rien à y perdre; il connaissait mieux la matière que les livres.

Ainsi, les deux garçons s'étaient vus une première fois pour fixer les dates de leurs rendez-vous et des horaires auxquels ils allaient se voir.

— Excusez-moi madame, il est quelle heure? Demanda soudainement le joueur en se rappelant qu'aujourd'hui était le premier jour de leur entrevue.

— Seize heures quarante neu-

— Oh mon dieu! Je suis vraiment désolé, je dois y aller. Merci encore pour tout madame.

Sur une dernière courbette, il courut vers l'entrée du bâtiment. Tant pis pour ses affaires dans les vestiaires; il les récupérera plus tard. Et tant pis pour sa douche; il la prendra chez lui au chaud. Là, il devait surtout se rendre au local 3-H pour y retrouver son professeur particulier qui, Jaemin devait se l'avouer, était plutôt grincheux pour son jeune âge. Il ne le connaissait pas du tout, mais de la première impression qu'il eût de lui, c'était l'adjectif qu'il lui collait le mieux à la peau.

Alors il courut aussi vite qu'il put, monta les escaliers à quatre marches et failli trébucher à cause d'une, pour enfin arriver à destination.

Et pris d'un élan épique, il ouvrit la porte dans un terrible fracas.

— Salut, excuse-moi du-

— Déjà que tu es en retard, et en plus tu ouvres la porte comme un sauvage.

Voilà ce qu'il voulait signifier par "grincheux".

— De plus, continua-t-il de sa voix monotone, tu sens bien trop fort la transpiration. Va prendre une douche.

Jaemin arqua un sourcil.

— Euh... D'accord.

— Bien. Tu as vingt minutes.

Et l'adjectif "autoritaire" vint s'ajouter à la liste.

Number One [NOMIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant