Number One [NOMIN]

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Jaemin jouait avec son bic en le faisant tournoyer entre ses doigts dans le sens de l'aiguille d'une montre. Il n'arrivait pas à en découdre avec l'analyse de Camus. Il ne comprenait pas l'auteur, ni le message qu'il essayait de transmettre à travers ses œuvres. Alors il était juste là, à se distraire avec son stylo et à réfléchir à de futurs bon plans avec ses potes.

D'ailleurs, au plus il pensait à son groupe d'amis, au plus il se demandait si son vis-à-vis en avait un. Car d'aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait jamais vu Jeno en compagnie d'autres personnes.

— Sinon tu fais quoi de ton temps libre? Finit-il par questionner.

— J'étudie.

— Et de tes week-ends?

— J'étudie.

— Euh... Alors de tes vacances?

— J'étudie également.

— Ah ouais... C'est chaud quand même. Tu n'as pas de vie sociale?

— Pas vraiment, c'est une perte de temps.

— Je vois... Je suis certain que tu es le cliché du fils d'un PDG d'une grande entreprise et que tu veux être au top pour succéder un jour ton père. Ou soit le basique du lycéen qui se donne à fond dans les études pour, plus tard, être riche et subvenir aux besoins de ses parents. 

Jeno sourit, d'une risette moqueuse; utiliser la psychologie sur lui, surtout de manière aussi peu développée, n'était pas nécessaire. Il trouvait cela même carrément ridicule.

— Non. Je suis juste un garçon qui aime travailler. C'est tout. Par contre toi. Tu es le stéréotype pur du cancre de la classe. Celui qui s'assoit toujours au fond pour dormir. Qui détermine sa vie de jeunesse par les fêtes, les potes et les filles. Qui ne porte aucun intérêt aux études pour se donner des airs de mauvais garçon, mais qui au fond aimerait quand même réussir quelque part dans la vie. Et pour finir, qui essaye tant bien que mal de déstabiliser son professeur particulier pour se sentir supérieur à lui d'une quelconque façon. Mais je te rassure d'avance Jaemin. Ta vie exaltante ne m'excite aucunement, donc au lieu de parler pour rien, concentre toi et finis tes excercies.

Déstabilisé, Jaemin reprit sa plume entre ses doigts tremblants de honte, et se mit à relire l'extrait qu'il devait analyser — non pas sans avoir marmonné un léger « pas besoin de me descendre comme ça » au préalable.

Jeno avait décidément toujours le dernier mot.