Chapitre 2 : Doutes

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Lâchant son couteau qui tomba au sol avec un bruit sourd, il resta pétrifié devant l'humaine, qui le fixa avec tout autant de surprise. Yulian recula d'un pas et continua de la regarder, ne comprenant pas.

- Heu... bonjour ! Dit la personne en face de lui, inquiète. C'était sûrement ton piège, je suis désolée. Je vais te... te laisser ton lapin, pardon, je ne voulais pas te le prendre, excuse moi.

Pendant que l'autre se confondait en excuse de tous genre, le garçon finit par froncer les sourcils, apeuré.

- Qui êtes-vous ?! Cria-t-il à l'inconnue. Que faites vous ici ?!

Surpris par le ton du jeune garçon, la personne fit un bond en arrière et chancela. Yulian remarqua alors la plaie qui lui barrait l'épaule, et qui semblait boursouflée. Il réfléchit alors et décida de mettre ses peurs de côté.

- Je ne sais pas ce que vous faites là, mais vous n'avez pas l'air... en grande forme.

La femme qui faisait face à Yulian sourit nerveusement.

- C'est pas faux. Répondit-elle.

Ses vêtements étaient sales, comme si elle venait de se rouler dans la poussière. Et le sang séché qui avait tapissé sa manche n'arrangeait pas la chose. Ses yeux noirs étaient cerclés de cernes marquées, et ses cheveux châtains complètement emmêlés. Sa peau qui devait être assez foncée était couverte de plaques de poussières blanchâtre. Le garçon n'arrivait pas à ôter de sa tête les questions qui lui venaient à l'esprit.

En regardant autour d'elle, l'inconnue eu l'air méfiante.

- Tu vis ici ? Enfin, je veux dire, il n'y aurait pas de piège sinon. Mais c'est... bizarre.

- Vous avez du passer un grillage plus tôt dans la foret. C'est censé être une réserve fermée au public et aux randonneurs.

Même si je doute qu'elle soit une randonneuse. Se dit le garçon.

- Quoi ? Un grillage ? Il ne me semble pas en avoir vu. Mais peut-être que je ne l'ai pas remarqué.

On pouvait comprendre que la femme n'ait pas prêté attention au décors. A vrai dire, le simple fait qu'elle tenait encore debout pouvait être considéré comme un miracle. D'ailleurs, ce fût cet instant qu'elle choisit pour vaciller, et trébucher en arrière pour atterrir sur le dos.

Yulian s'approcha prudemment, ne sachant pas quoi faire, et écouta la respiration rapide et saccadée de la pauvre blessée.
Il se releva et commença à courrir en direction de sa maison pour chercher son père, mais s'arrêta net dans sa course lorsqu'un souvenir émergea des noirceurs de son esprit. Ce genre de chose s'était déjà produit, il en était sur. Que s'était-il passé ensuite ? Il ne s'en souvenait pas. Une sorte de vide étrange dans ses pensées le mit mal à l'aise.

Il ne pouvait pas faire ça. Non. Son père ne devait pas être au courant, il ne devait pas savoir, savoir qu'il y avait quelqu'un. Yulian le savait sans même savoir pourquoi. Quelque chose l'en empêcha. Un souvenir lointain, couvert d'un voile aveuglant. Il ne pouvait pas se rappeler, mais une sensation lui restait.

Il tourna alors les talons et revint sur ses pas. Jetant un regard désolé au lapin toujours accroché, il souleva le corps lourd de l'inconnue.

- Je viens pour toi juste après. Ce ne sera pas long. Dit-il au lapin, comme pour se rassurer.

Il traîna avec effort la femme semi-inconsciente et l'amena jusqu'à un creux sous une roche non loin de la. Il lui ramena un lit de feuilles mortes et de mousse et lui tapissa le sol avant de l'y déposer. Il retourna ensuite à la cabane discrètement, jetant des coups d'oeil pour vérifier que Ulrik n'y soit pas. Puis il attrapa une couverture du bac à linge, des médicaments et des bandages, une gourde d'eau, ainsi qu'une fiole d'alcool que son père n'utilisait jamais. Il posa le tout dans la couverture, la roula en un baluchon, et couru le plus vite qu'il pu à l'endroit où il avait laissé celle qu'il venait de rencontrer. Il savait que son père allait rarement par ici, et qu'il serait tranquille.

Il défit alors le nœud et recouvrit la femme avec le drap avant d'essayer de lui faire boire un peu d'eau.

La blessée papillonnait des paupières avec faiblesse mais accepta de boire facilement. Elle avala aussi les médicaments qu'il lui donna. Yulian se demanda s'il fallait qu'il la soigne des maintenant, mais commença à s'inquiéter. Son père allait être suspicieux s'il ne rentrait pas maintenant, il était déjà tard. Et il ne fallait pas qu'il se doute de quelque chose. Surtout pas.

- Je dois vous laisser, désolé. Accrochez vous, je reviens vous voir demain matin à la première heure.

Ayant une idée, il fouilla les poches de sa veste et sorti le petit emballage carré de sa poche. Son père et lui avaient parfois des couvertures de survie sur eux, elles leurs servaient de bâches ou de sac, mais elle serait plus utile pour tenir au chaud le corps fragile de la blessée. Il la couvrit donc correctement, fit un tas avec les médicaments et autres produits, et les posa à côté d'elle avant de partir, complètement bouleversé par ce qu'il venait de lui arriver.

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