Ouvrant les yeux avec difficulté, comme si elle avait trop bu la veille, la femme s'éveilla. Elle entendit du bruit à côté d'elle et se pétrifia. Est-ce que ça allait recommencer ? Ses mains tremblèrent, elle rassembla ses forces pour pousser un cri faible et sans volume.
- Ne... me touchez pas !
La colère et la peur la maîtrisaient, elle reussi enfin à tourner la tête vers la personne qui s'approchait. Il la regardait de son même air effrayé qu'il avait fait la veille. Elle reconnut le garçon qui l'avait surprise, mais n'en fut pas pour autant rassurée.
- Heu... dit-il d'un air pas très sûr de lui. Je viens pour vous soigner, comme je l'ai dit hier.
Le soleil devait à peine commencer à apparaître, il faisait encore sombre. Elle se crispa lorsqu'il approcha sa main, mais se rendit compte qu'il lui tendait le goulot d'une gourde.
- Il faut vous hydrater. C'est la première chose à faire apparemment.
Sentant sa gorge sèche et râpeuse, elle but avidement ce qu'on lui offrait sans rechigner. Le jeune n'avait pas l'air méchant, mais on ne pouvait jamais rien savoir avec les hommes. La femme était effrayée. Une peur profonde et sourde la dévorait de l'intérieur, elle la confondait avec la colère.
Une fois qu'elle eut terminé, elle reprit sa respiration et jeta un regard méfiant à l'autre.- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle finalement.
- Vous avez perdu conscience. Et je vous ai emmenée ici pour vous soigner.
- C'est ici que vous dormez ? Je ne me rappelle pas ce que vous aviez répondu hier...
Il ne répondit pas immédiatement faisant monter d'un cran le stress de la blessée.
- Non... je vis plus haut dans une maison. Avec mon père. Chuchota-t-il, pas très à l'aise visiblement. Je suis Yulian, et vous ?
- ... Anja. Dit-elle finalement, se demandant pourquoi ce changement de discussion soudain.
- Est-ce que vous savez comment faire des bandages ? Je ne suis pas très doué.
Anja jugea le regard de Yulian, essayant de détecter le moindre signe de malhonnêteté ou de mauvaises intentions. Mais elle n'y vit que de la compassion et de l'inquiétude.
- Oui, à peu près. J'ai fait quelques formations.
Il la regarda sans vraiment comprendre, ce qu'elle remarqua, mais ni l'un ni l'autre ne s'interrogent. Elle ôta ensuite sa chemise avec précaution, serrant la mâchoire avec douleur lorsque la chair collée au tissus fût tirée. Elle descendit ensuite une lanière de son débardeur, et Yulian fit couler un peu d'eau claire dessus, tâtant doucement la blessure avec un gant de toilette propre. Ils nettoyèrent du mieux qu'ils purent, et passèrent ensuite une crème antibiotique dessus avant de bander la blessure avec précaution. Ce fût un travail d'équipe, qui dura assez longtemps. Anja resta méfiante, mais fut reconnaissante à Yulian pour son aide.
Lorsqu'il lui demanda avec hésitation ce qu'il se passait en ville, elle crut rêver. Il ne savait pas ? Comment était-ce possible ? Qui était réellement ce garçon, qui n'avait pas l'air d'avoir plus de 14 ans ? Non. Déjà, pourquoi n'avait-elle croisé ici ? Elle s'était justement enfuie vers la forêt pour ne pas croiser d'autres humains. Personne n'était censé vivre ici, c'était une réserve naturelle très stricte et fermée au public.
- Tu plaisante ? Ricana Anja d'un air atterré.
Mais l'expression honnête et intéressée du garçon lui fit comprendre que non.
- Non, pas du tout.
- Mais d'où est-ce que tu sors ? Tu vis dans une grotte ?
Yulian fit une moue gênée et la femme remarquait de plus en plus qu'il devenait mal à l'aise lorsque le sujet du lieu de sa résidence était évoqué. Quelque chose clochait.
- Euh... C'est, franchement... Je ne sais pas comment te le dire gamin, mais il y a comme un léger problème là. Tu ne sais vraiment pas ? Tu réalise que c'est... perturbant ?
Le garçon se releva brusquement, la faisant sursauter. Il ne semblait pas vraiment en colère, mais plutôt inquiet.
- Si, je sais. Je plaisantais. Maintenant, je dois rentrer. Je vous laisse les médicaments, la gourde et la couverture. Je reviendrai ce soir pour vous aider.
Il disparu si rapidement que sa protégée n'eut pas le temps de lui dire "attend", et elle fût à nouveau seule, et incertaine. D'un côté, son sauveur ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. De l'autre, quelque chose n'allait pas. Dans le comportement de l'enfant, dans sa façon de parler, d'esquiver les sujets... il cachait quelque chose, malgré son honnêteté apparente.
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Co.ruption
Science FictionTout a commencé par des rumeurs. Des histoires que l'on se racontait durant les soirées, comme quoi la Chine était victime d'un virus qui se propageait rapidement. Mais bon, c'était loin. Tout le monde en riait, ne se sentait pas trop concerné. Pui...