Le soleil avait commencé à se lever plus tard, les arbres avaient commencé à perdre leurs feuilles. Tout annonçait l'arrivée de l'hiver. Dans le petit ruisseau qui longeait les roches, des truites se faufilaient entre les branches mortes avec rapidité, intouchables. Le paysage semblait figé, constant, imperturbable.
Yulian aimait ça. Il appréciait le silence, le calme, la beauté du paysage. Pour lui, il s'agissait d'un des moments les plus agréables du quotidien. Ici, il pouvait rêvasser tranquillement, sans être attrapé par son père. Quand il décidait finalement de se remettre au travail, il plongeait ses deux seaux dans l'eau fraîche et laissait deux pastilles purifiantes tomber dans chacun d'entre eux. Puis il les soulevait avec aisance et les ramenait à la "maison" en quelques minutes.Il croisa son père en train de couper du bois un peu à l'écart. C'était un homme grand, barbu, imposant. Il avait un regard bourru et des mains abîmées, et pourtant, son fils savait parfaitement qu'il ne s'agissait pas d'une brute. Ses gros doigts maîtrisaient étonnement bien la couture, le dessin, et d'autres travaux minutieux qu'il faisait lorsqu'il en avait le temps.
Après avoir renversé l'eau dans un contenair plus gros, Yulian alla à la rencontre de son père.
- J'ai terminé de ramener de l'eau. Dit-il avec empressement. Est-ce que je peux aller vérifier les pièges ?
L'homme se releva péniblement et lui fit signe que oui. Le garçon n'en attendit pas plus pour s'en aller en direction des pièges qu'ils avaient posé la veille. La raison pour laquelle il tenait tant à y aller n'était toutefois pas les lapins ou autres bêtes prises aux pièges, mais plutôt un certain point de vue. En y arrivant, il reprit son souffle un instant puis observa avec attention le paysage devant lui.
Les arbres étant dégagés, il voyait des choses qui lui étaient étrangères. A des dizaines de kilomètres se tenait une ville. L'endroit "immonde" ou, comme disait son père, des centaines de milliers d'humains s'entassaient dans la poussière et la pollution.
Irrespirable, toxique, et sale.
Voila les trois mots qu'il utilisait à chaque fois. Et Yulian n'avait jamais douté de cela. Il lisait presque la même chose dans tous les livres qu'il possédait à la maison.
Mais ces derniers temps, le paysage changeait. A présent, les colonnes de fumées noires qui étaient apparues il y a des semaines s'estompaient, laissant derrière elles des bâtiments foncés et abîmés. Le garçon ne voyait pas très bien, depuis son point de vue, mais il comprenait que quelque chose clochait.
En réalité, le père de Yulian, Ulrik, était très cultivé. Leur maison (qui ressemblait plus à une cabane en rondins) était remplie de livres et de documents d'apprentissage. Des années auparavant, il avait expliqué au petit garçon qu'être cultivé était très important, et que la ville n'apportait rien de tout cela. Il lui avait ensuite appris à lire, à compter et calculer, à raisonner par lui-même. A présent, il avait 16 ans, et commençait à se demander comment était la vie des autres humains, ceux qui n'étaient pas "cultivés", qui vivaient là-bas, dans ces villes sales et surpeuplées. Étaient ils vraiment aussi idiots que son père lui disait ?
Sortant de ses pensées, il quitta le point de vue et se dirigea vers les pièges. Le premier était vide.
Alors qu'il arrivait au deuxième, il se figea. Du bruit. Et pas celui d'un petit animal. La corde tendue a l'arbre se tendait, faisant bouger le tronc fin.Les battements de son cœur s'accélèrent, et il s'accroupit au sol, sortant son couteau de chasse de sa poche. Il s'approcha ensuite de la source du bruit doucement, et jeta un coup d'œil. Ce qu'il vit lui fit un choc.
La chose n'avait rien d'un ours ou d'un sanglier. A vrai dire, ça aurait été moins surprenant.
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Co.ruption
Fiksi IlmiahTout a commencé par des rumeurs. Des histoires que l'on se racontait durant les soirées, comme quoi la Chine était victime d'un virus qui se propageait rapidement. Mais bon, c'était loin. Tout le monde en riait, ne se sentait pas trop concerné. Pui...