𝐀𝐌𝐍𝐄́𝐒𝐈𝐀 ⋯ ʲⁱˡⁱˣ 🪐

13

Après toutes les révélations que Felix lui avaient faites, Jisung ne savait plus quoi penser. Tout d'abord, Felix lui avait menti depuis le début en s'auto-proclamant être son petit-ami. Puis, les pensées de Jisung divergeaient vers les amnésies qu'il avaient. D'où venaient-elles ? Avait-il une quelconque maladie ? Il ne le saurait pas. 
Jisung se mordit la lèvre inférieure et força sur ses poignets, desserrant ses liens depuis plusieurs heures déjà. Mais les insectes qui le regardaient ne le rassurait pas du tout. Jisung se demandait même comment il allait pouvoir s'en sortir sans se prendre un dard ou une toile d'araignée. Lorsque le jeune homme sentit les liens se détendre de plus en plus, Jisung esquissa un mince sourire. Felix n'était pas dans la pièce et heureusement. 

Jisung se libéra enfin. Ses liens tombèrent par terre. Les blattes se stoppèrent, les antennes agitées. Les quelques scorpions dans les bocaux secouèrent leur queue à dard mortel. Jisung ne perdit pas de temps, bondit de sa chaise, détacha ses pieds aussi rapidement que possible, écrasa une ou deux blattes au passage, plus une chaîne d'une dizaine de chenilles. Jisung se sentit presque désolé pour ces insectes qui n'avaient rien demandé, mais le temps lui manquait. Felix pouvait très bien être derrière la porte à l'attendre. 
Jisung regarda une dernière fois l'ancienne chaîne de chenilles : elles se tordaient sous la douleur, certaines se roulèrent en boule, d'autres montaient sur leurs camarades ou s'enfuyaient en se tortillant, un liquide suintant jaune qui dégoulinait de leur corps vert et noir hérissé de piques urticantes. 

Jisung gravit les marches à la vitesse de l'éclair, poussa violemment la porte et courut dans le couloir, presque la mort à ses trousses. Le jeune homme atterrit dans le salon-cuisine, se hâta à la porte et tourna la poignée, prêt à la dévisser à cause de ses mouvements brusques. Rien à faire, la porte était fermée à clé. Felix n'était pas bête. 
Il se tenait même devant le couloir, agitant les clés dans sa main droite, un sourire mauvais sur le visage. 

- Tu comptais aller où ? 

Cette question, posée si innocemment par Felix de sa voix grave, fit son effet à Jisung : il demeura pétrifié sur place. 

- Tu n'avais qu'à me demander si tu voulais aller dehors. Partir sans rien dire, ce n'est pas poli. 

Un sourire crispé s'était figé sur les lèvres de Felix. Une aura presque effrayante rendit Jisung impuissant. Il se sentait si soumis. Aucun mot ne voulait traverser sa bouche. 

- Tu as perdu ta langue ?

Jisung avait à peine eu le temps de se plonger dans ses pensées pour tenter de s'échapper au plus vite, mas Felix, rapide, était déjà vers le comptoir de la cuisine, l'autre main avec le poing serré sur un manche noir. Jisung réalisa avec horreur qu'il tenait un couteau bien aiguisé dans ses mains. Felix secoua sa tête d'avant en arrière et s'approcha à pas lents vers Jisung, amusé qu'il ne soit finalement qu'un pauvre papillon pris dans une toile d'araignée, attendant son triste sort. 
Jisung sursauta quand des bruits d'écrasement vinrent des fenêtres. Les vitres se couvraient  peu à peu de noir. Le plus effrayant dans tout ça, c'était les fenêtres entrouvertes. Et Jisung entendit clairement des bourdonnements par dizaines et dizaines. 
Felix passa un doigt sur le côté coupant de sa lame argentée. Jisung frémit, les jambes paralysées. 

- Je t'avais prévenu, non ? Si tu t'échappes, j'envoie des guêpes. 

Felix avança de deux pas supplémentaires. Des formes noires s'agglutinèrent à ses pieds et Jisung écarquilla les yeux d'horreur. 

- Si tu veux essayer de te donner la mort... Tu auras des scorpions. 

Ils répondirent par de petits cris étranges et leurs queues munies de dards mortels s'agitèrent. 

- Et enfin... 

Felix et Jisung étaient proches. Jisung s'était tant déconnecté de la réalité qu'il n'avait pas vu Felix se rapprocher autant. Felix plongea ses yeux dans celui qu'il aimait le plus au monde et se mordit la lèvre inférieure quand la lame de son couteau s'était un peu enfoncée dans la trachée de Jisung. 

- Si tu éprouves l'envie de me tuer... Je te tuerai avec tout l'amour que je ressens pour toi. 

Felix sourit, dévoilant de belles dents blanches et pourtant, il se reflétait dans ses yeux une envie meurtrière comme jamais vue avant. 

- Bonne nuit, Jisung <3. 

the end.