Chapitre sans titre 10

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Cela faisait une semaine que je vivais au côté de Piers. Chaque jour je le découvrais un peu plus et appréciais sa présence auprès de moi. Mes pokémons et les siens s'entendaient à merveille. Il n'était pas rare de les voir prendre un bain de soleil ensemble ou encore de se reposer les uns contre les autres même s'il y avait des affinités parfois plus fortes que d'autres. J'avais même eu droit à un regard noir de Ixon lorsque ce dernier avait remarqué une petite marque sur le cou de Piers. Il s'agissait d'un suçon suite à notre étreinte sous la douche mais clairement il me jugeait et était très protecteur envers Piers. Il en allait de même des miens bien qu'ils étaient plus curieux envers Piers qu'autre chose. Un matin j'avais entendu Piers sursauter. Libégon avait son museau à quelques centimètres de son visage. Il y avait de quoi être surpris effectivement. Mais ici nos pokémons étaient libres et j'étais certain qu'il en allait de même chez Piers. Petit à petit notre routine s'était installée. 

La vie à ses côtés me plaisait. Pourtant je savais aussi que cela allait bientôt prendre fin. La cérémonie avait motivé les dresseurs et il fallait se rendre à l'évidence, bientôt nous devrions prendre notre rôle et surtout être prêts. Je continuais de sortir chaque matin pour courir, pour marcher le long des remparts et aussi pour m'entraîner mais je n'avais qu'une hâte, le retrouver. Et bien que je tentais de le motiver à venir avec moi, il restait sous la couette ce qui clairement ne m'aidait pas à me lever. C'était un peu plus difficile chaque jour mais le simple fait de le savoir chez moi me motivait également. Je donnais le meilleur de moi-même et je n'étais pas le seul. Mes pokémons faisaient de même. De plus avant de rentrer nous faisions un petit arrêt pour récupérer le petit déjeuner bien qu'il n'était pas rare que Piers soit déjà debout en train de préparer des pancakes ou autre gourmandise du même genre.

Pourtant ce matin, je ne bougeais pas. Il était réveillé. Je sentais son regard sur moi et lorsque sa main glissa sur ma joue je me mis à frissonner. Ouvrant enfin les yeux, je savais qu'il se demandait pourquoi je n'étais pas encore prêt. Il connaissait mes horaires. Cela l'avait fait grogner la première fois mais à présent il était debout en même temps que moi bien qu'il ne bougeait pas du lit. Il me regardait faire en silence et avant que je ne sorte, il attrapait souvent mon haut pour un baiser. 
Cependant il s'agissait de notre dernier jour. Je ne voulais pas perdre une seule seconde. C'était peut-être stupide après toute cette semaine à ses côtés mais je ne voulais pas que cela se termine.

« Raihan ? Tu ne te lèves pas ? »

Sa voix était un simple murmure mais relativement grave. Cela me fit repenser à ses chansons et au concert. J'avais hâte de pouvoir le revoir sur scène. Il travaillait d'arrache-pieds sur ses chansons et sa voix résonnait souvent entre les murs de l'appartement. C'était doux, apaisant et parfois j'arrêtais mes recherches pour simplement l'écouter et le regarder faire. Il était totalement absorbé par ce qu'il faisait, c'était magnifique à voir. Et lorsque nos regards se croisaient enfin je pouvais apercevoir quelques rougeurs sur ses joues. Comment ne pas vouloir le faire rester ici ? C'était impossible.

« Non. »

Je me tournais vers lui pour pouvoir l'entourer de mes bras et coller mon corps au sien. Il ne se recula pas, au contraire même, il se lova un peu plus. Sa chaleur rencontra la mienne, ma peau retrouvant la sienne.

« Parce que je pars ? »
« Oui. »

Je sentis son souffle sur ma peau tandis que mon visage était près de sa chevelure. Le simple fait de savoir qu'il partait et que bientôt sa présence ne se ferait plus sentir ici me serrait le coeur. Cela ne voulait pas dire que nous n'allions pas nous revoir, après tout nous en avions parlé plusieurs fois. Nous avions évoqué les week-ends, voir même de nous voir en semaine. Après tout nous pourrions faire le trajet grâce au taxi volant. Mais c'était différent.
J'aimais le savoir ici, j'aimais rentrer et entendre sa voix me saluer, j'aimais avoir sa chaleur contre moi et tant de choses encore. C'était frustrant de devoir vivre loin l'un de l'autre alors que nous n'étions en couple que depuis peu. Notre relation n'en était qu'à ses débuts mais je l'aimais depuis longtemps. Je le découvrais encore aujourd'hui mais il avait toujours été là, jamais loin de mon champ de vision, de mes pensées. Je ne lui en avais pas forcément parlé, mais c'était ce que je ressentais.

« Tu n'es qu'un idiot. »

Étrangement je ne m'étais pas attendu à ce genre de remarque.

« Et pourquoi ? »
« Nous allons nous voir souvent, nous appeler et la prochaine fois c'est toi qui viens chez moi. Après tout, avant que les dresseurs n'arrivent ici il y a encore du temps. »

Il disait vrai. J'étais sans doute trop sentimental...

« Mais... tu vas me manquer aussi. Alors viens vite.»

Je ne pus que sourire en l'écoutant parler ainsi, enfouissant davantage mon visage dans sa chevelure, je finis par glisser tout contre son corps pour être face à lui. Petit à petit Piers était plus honnête envers ses sentiments et m'en parlait sans trop de crainte. Cela faisait toujours accélérer mon rythme cardiaque et j'étais heureux. Oui je l'étais avec lui.

« Promis. »

Cette promesse fut scellée par un baiser dont nous avions tous deux envie. Restant au lit l'un contre l'autre, il était encore tôt, nous avions tout notre temps. Le taxi de Piers n'était pas prévu pour tout de suite après tout. 
Glissant alors mes mains le long de son corps, je comptais le dévorer une nouvelle fois ou être dévoré. Cela n'avait aucune importance tant que c'était Piers à mes côtés. Il était passionné tout comme dans ses chansons. On retrouvait cette passion dans ses combats également mais aussi dans certaines de ses caresses, de ses baisers et de ses paroles. Je me sentais aimé et désiré, autant que je l'aimais et le désirais. Il était mon égal, mon compagnon. La presse s'en donnait à cœur joie à ce sujet depuis quelques temps. Mais je ne m'y intéresserai véritablement que lorsque cette semaine sera terminée. J'avais encore un peu de temps pour ça.

Cependant la journée passa à une allure folle. Nous restâmes ensemble tout du long, allant même sur les remparts avant de rentrer chez moi pour nous installer l'un contre l'autre sur le canapé. Sa voix résonna une nouvelle fois, le repas fut préparé par nous deux mais vint l'heure fatidique.

Son sac était prêt, ses pokémons de nouveau dans leur pokéball respective, et il était sur le pas de la porte. Il ne voulait pas que je l'accompagne jusqu'au taxi. Il avait peut-être raison à ce sujet. Ma gorge était serrée et j'étais à deux doigts de refermer la porte sur nous deux pour ainsi le garder un peu plus longtemps.

« Fais bonne route... »


Il acquiesça. C'était plus dur que je ne l'avais imaginé. Le prenant alors dans mes bras, le plaquant tout contre mon torse tandis que je dévorai ses lèvres je pus sentir son souffle aussi court que le mien. Mon cœur allait exploser à nouveau et je ne voulais pas qu'il s'en aille. Et ce même s'il le fallait.

« On se revoit bientôt. Tu me l'as promis. »
« Oui... on se parle par messages ? »
« Oui.. »

Il passa sa main dans ma chevelure et déposa un dernier baiser sur mes lèvres avant de récupérer ses affaires et de partir. Je me retenais de le suivre, restant seul dans le couloir pendant un moment avant de rentrer à nouveau chez moi. C'était si calme. Ma gorge était toujours autant serrée. Les larmes non loin. 

Ce serait si long sans lui... Je sentis une larme glisser sur ma joue tandis que je serrai les poings. Mes pokémons n'étaient pas bien loin et prêts à venir me rejoindre.


Mon téléphone vibra à cet instant précis et je vis alors un message de sa part.

« Viens la semaine prochaine. Tu n'as pas le choix. »

Je ne pus dissimuler le sourire étirant mes lèvres. Je serai chez lui. Bientôt. Il était comme moi. Cela me rassura. Mais cette semaine allait être terriblement longue sans lui. Heureusement le simple fait de savoir que bientôt nous serions de nouveau ensemble me libéra. Il faudrait que je me renseigne vis à vis des autres arènes pour voir où en étaient les jeunes dresseurs et ainsi je pourrai prévoir mon séjour chez lui.
J'avais hâte. Oh oui tellement hâte.

Et si....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant