Je ne pense pas qu'il y ait des mots qui trouvent la lumière suffisante pour parvenir, en un jour d'hiver, à ma fenêtre pour s'employer à décrire mon amour pour toi. Ils ne trouveront pas le chemin car, enveloppés dans des nuages gris, allégories du sage tourment, la traversée du ciel leur sera une épreuve bien trop suppliciée. Suppliciée... n'est-ce pas là un mot aux tonalités doucereuses qui semblent flotter sur le lac perdu des âmes entichées de la souffrance ? Ne le vois-tu pas flotter sur chaque marée apparente de ma peau déchirée et déchirante ? Ne vois-tu pas que la source de ces ruptures maritimes, ce n'est personne d'autre que toi ? Pourquoi m'as-tu envoyée aux portes du trépas ?
Plus encore que la planche sur laquelle tu as décidé de planter des clous, je suis l'être enfermé entre ces murs qui, pourtant t'ayant demandé de l'aide, respire désormais le néant de ce qu'il reste de nous. Or, la partie de toi qui vit encore en moi n'a toujours pas entrepris une marche, bien que périlleuse, vers le silence. Elle crie à tel point que même ceux qui ne sont doués d'ouïe peuvent l'entendre assaillir tout ce qui me maintient encore en vie. Elle émet des frivolités sonores qui dépassent tous les bruits perceptibles au monde. Dis-moi alors, pourquoi personne n'entend ? Pourquoi suis-je la seule à entendre tes cris, parcourant mon être entier, qui défont le calme ténébreux de la douleur que j'aurais aimé éprouver si toi, tu n'avais pas décidé de me trahir ? Pourquoi sais-tu hurler sans jamais te monter au dehors ? Sais-tu que c'est là le pire sort ?
Pour l'amour du ciel, désormais que tu as réussi à défaire tout ce qu'il reste dans ma vie intérieure, prends soin de ne laisser de mon corps que des cendres abruptes, se faisant le miroir de mon malheur. A la lumière de tes mains pleines de sang, transperce-moi d'une plaie aussi violente que celle que tu as affligé à mon cœur, ce jour-là. Prends soin de me tuer pour que, désormais, tout le monde te voie, pour que le monde entier sache que, pendant tout ce temps, tu criais en moi comme l'une de ces plaies ardentes que même le temps ne sait réduire à la disparition perpétuelle. Prends soin de me tuer et, pour une fois, ne manque pas de courage et termine la tâche que tu as su si bien débuter, défait cet être que tu disais aimer, rends-moi ma dernière volonté.