Chapitre 1

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Une fois arrivée sur les hauteurs du parc Grey, une légère hésitation me traverse l'esprit, je ne sais plus trop où j'en suis. Le vent passe sous mon pull, me donnant de légers frissons et plaque mes cheveux contre mon visage me brouillant la vue. Je repousse brutalement mes cheveux derrière mes oreilles et regarde mon cahier se trouvant dans mes mains. C'est ici que tout a commencé et il est temps de tourner la page, j'aimerais y mettre le feu, mais dans le parc, c'est interdit. Bien sûr, j'ai aussi songé à l'enterrer, mais quelqu'un pourrait le déterrer. Donc le seul moyen possible est de laisser le vent emporter mon journal et ne plus jamais le revoir. Ce fichu carnet doit disparaître, car il contient tout mon vécu avec ma meilleure amie Betty et cela est beaucoup trop douloureux pour moi. Tout doit disparaître afin de laisser place à la nouvelle Hannah Parker.

Je secoue la tête pour retrouver mes esprits, je donne un petit coup de pied dans une pierre et la vois s'enfoncer dans le lac d'eau douce se trouvant face moi. En parlant de lac, il me donne une terrible envie de m'y baigner malgré les nombreux nuages qui annoncent l'arrivée d'un orage violent. Je ferme les yeux, respire l'air frais et les ouvrent à nouveau. Cela me rappelle que ce sont mes derniers jours de liberté puisque bientôt, il faudra retourner au lycée pour y faire ma dernière année. Je dois me dépêcher de me débarrasser de ce fichu carnet avant que des tonnes de gens n'arrivent et sautent depuis le haut du Parc dans le lac. La mairie a pourtant bien mis un panneau d'interdiction de plonger, mais cela n'empêche pas les adolescents en quête de sensation forte de sauter. Je me demande comment ils peuvent risquer leur vie alors qu'ils sont encore jeunes. Puis après, tout ce n'est pas mon problème, revenons-en à mon objectif. Je me décide enfin à prendre mon carnet, l'ouvrir et empoigner les premières pages afin de les arracher, mais le vent est plus rapide que moi. Il m'arrache le cahier des mains et le fait disparaître en tourbillonnant dans les airs. N'ayant plus le cahier entre les mains, les larmes perlent sur mes joues, c'est une partie de moi qui s'en va, mais je pense que c'est une bonne chose pour ma nouvelle vie. C'est douloureux, mais il faut que tout cela disparaisse.

Je repense à mes parents qui pensent que je suis ici pour prendre l'air, me détendre, mais c'est faux, le calme n'existe pas ici. Je repense soudain à Betty ma meilleure amie que j'ai trahie. Je n'ai pas été fichue de lui dire que son petit copain de l'époque était mauvais pour elle. Je tente tout de même de ravaler mes larmes, mais je vois son visage apparaître devant moi. Cela me fait trembler et je me retrouve par terre assise dans l'herbe. Je suis loin de Betty qui ne veut plus me parler et c'est mieux comme cela. Mais je ne veux plus décevoir personne, ni m'attacher d'ailleurs. Une fois que j'ai fini de repenser à tout cela, je me relève, et prie pour que cette année soit différente. Je veux seulement oublier le passé et recommencer à zéro. Les seuls mots qui me viennent pour immortaliser ce moment sont « allés, saute ». Je m'avance donc le long de la jetée et regarde en bas l'eau immobile. Mon esprit me dit de parler haut et fort, mais je suis bloquée une nouvelle fois, aucun son ne sort. Pourquoi je me suis mise dans la tête que j'en étais capable ?

J'ouvre les yeux, fixe le plafond et me rend compte que c'est de nouveau un rêve. Mais que mes peurs sont bien réelles. Je tente de me concentrer sur ma respiration, car mon cœur bat rapidement et j'halète. Ce ne sont pas des images qui me hantent, mais des paroles. « Comment tu t'appelles ? » Ou encore « je te parle, tu m'écoutes ? » Combien de fois on va me poser ces questions ? Toute en sueur, je donne un coup de pied dans ma couette, remarque que mon carnet est bel et bien sur mon bureau et me lève avec une envie folle de changer de lycée. Il faut que je change ou jamais je ne tiendrais le coup.

Au delà des mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant