Lorsque je rentre chez moi, j'embrasse ma mère et monte à l'étage m'enfermer dans ma chambre. Je jette mon sac sur ma chaise et m'allonge pour fixer le plafond. J'ai l'impression d'avoir passé cette journée dans le brouillard. La plus pars des gens qui m'ont parlé se sont vite lassés de moi, car ils pensent que je ne veux pas leur parler. Le seul qui est resté, c'est Ethan, mais il me fait douter. J'ai peur de devenir la fille au mutisme sélectif comme avant. Je déteste que l'on m'appelle comme ça ! Mon père me sort de mes pensées en entrant sans frapper et s'assoie à côté de moi. Il passe sa main dans mes longs cheveux, me sourit et prend la parole.
« Alors t'a journée ma grande ?
-Super, Ethan un garçon de ma classe m'a aidé à me repérer, mais je n'ai pas pu le remercier, aucun son n'est sorti de ma bouche.
-Hannah, on en a déjà parlé, fait des efforts, tu n'es plus dans ton ancien lycée, ici personne ne te connaît.
-Vous ne me comprendrez donc jamais, j'ai besoin de soutiens pas de vos critiques à longueurs de journées... »
Mon père soupir, se lève et me demande de descendre avec lui, car le repas est prêt. J'hésite, mais si je ne descends pas mes parents risque de ne pas être contents. En descendant, je suis accueillie par une odeur de poulet grillé. Je n'ai pas tellement faim, mais par politesse, je m'assoie avec mes parents. L'ambiance est pesante surtout lorsque les questions qui me mettent mal tombent. Ma mère me demande si je me suis fait des amis, je lui réponds que je n'ai rien à lui dire tout en me servant une cuisse de poulet avec quelques pommes de terre. Surprise, elle se serre un verre d'eau et me demande de ne pas m'énerver, car elle veut juste que ce nouveau lycée m'aide à me sortir de ce mutisme. Face à sa requête, je tente de me calmer, car le fait de tout garder pour moi en cours, retombent sur ma famille. Ils en subissent déjà assez avec mon silence en dehors de chez moi alors je dois faire des efforts et profiter de ce repas avec eux. Je sens mes yeux me piquer et les larmes monter alors que mes parents rigolent en voyant que j'ai de la sauce dans le coin des lèvres. En temps normal, j'aurai rigolé aussi, mais là je veux seulement que le repas se finisse rapidement. Ce soir, j'ai besoin de me retrouver seule, besoin de réfléchir loin des rires. Je fis donc la vaisselle rapidement et j'embrasse mes parents avant de monter à l'étage. Je claque ma porte, m'enferme, prépare mon sac pour demain et me met rapidement en pyjamas avant de me mettre sous la couette et éteindre la lumière. Demain une nouvelle journée m'attend. La nuit fut longue puisque je n'ai pas trouvé le sommeil rapidement, j'ai tourné un moment avant de dormir. Je fus soudain réveillé par ma mère qui m'annonce que je dois me dépêcher, car je suis en retard. Je me lève et m'habille rapidement. Je prends mon sac et cours dans la voiture de ma mère. Avec le ventre vide la matinée va être longue, mais je n'ai pas le choix.
Lorsque j'arrive devant la salle tout le monde est assis, mais je tends ma carte au professeur et suis forcé de m'assoir à côté d'un garçon qui a la tête plonger dans ses bras. Le point positif je ne suis pas obligé de lui sourire puisqu'il ne me regarde pas. Mais ce que je craignais arriva : le professeur d'histoire pause son regard sur moi et me demande d'expliquer le sujet du jour. Mon estomac se noue, il se place devant moi et d'un air agacé me demande de me lancer. Il ne me donne aucune envie de me forcer, au contraire je me sens mal. Pourquoi les professeurs ne cherche-t-il pas à me comprendre ? Il finit par me crier dessus, certains élèves rigoles et les larmes me montent aux yeux. On dirait que je le fais exprès de ne rien dire. Je fonds en larme, me lève s'en demander quoi que ce soit au professeur et prends mon sac que jette sur mon épaule. Mes jambes trembles, je manque de tomber contre le bureau du professeur, mais je pars en courant. Depuis la porte il crie mon prénom, mais je ne me retourne pas. Prise par la panique mes livres glisses de mes bras, mon cœur s'emballe, mais je me baisse pour les ramasser. Pourtant, une autre main relève mon visage, ce n'est pas la mienne puisqu'elles sont sur mes livres. Je vois floue à cause de mes larmes alors du revers de la main, je les essuie et je vois Ethan. Il me demande ce qui se passe, mais ma gorge se noue. J'aimerais lui dire, mais mon mutisme me détruit peu à peu. Il me prend la main m'entraine en dehors du lycée pour s'assoir sur un banc. Je fais attention que personne ne me surprenne avec lui, car je ne veux pas que l'on remarque que je suis avec un garçon et surtout que je sèche les cours. Il me parle longuement, mais je ne dis rien, aucun mot ne sort de ma bouche. Tout ce qu'il me dit me touche, mais je suis bloquée, prisonnière de mon mutisme.
Soudain je regarde ma montre, me lève sans explication pour prendre le bus. Je ne suis pas bien, j'ai besoin de rentrer chez moi. Mais je ne me doutais pas qu'Ethan allait me suivre jusqu'à chez moi. Je marche le long du parc lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je me retourne, lève la tête et face à moi se trouve Ethan. J'aimerais lui demander pourquoi il est ici, mais encore une fois ma gorge se noue. Il me sourit et m'explique qu'il aimerait passer du temps avec moi. Je lui souris légèrement et poursuit ma route pensant ne plus le croiser. Mais je me trompe puisque lorsque je me trouve face à la porte de chez moi, je sens une présence derrière moi. Je continue pourtant de chercher mes clés, les introduit dans la serrure et pousse la porte. Mais une main me saisit le bras ce qui me fit perdre l'équilibre. Je chute lourdement sur Ethan qui rigole bêtement avant de m'aider à me relever. Je me frotte légèrement le coude, détourne le regard et lui claque la porte au nez. Je suis totalement perdu, que veut-il ?
Je me laisse glisser le long de la porte et éclate en sanglot, pour la seconde fois de la journée. Je repense au professeur d'histoire qui n'a pas cherché la réponse à mon silence et puis à Ethan. Lorsque je suis avec lui je me sens différente, j'espère ne pas ressentir de sentiments pour lui. Je jette un œil à mon téléphone et voit que ma mère à tenter de m'appeler alors je décide de la rappeler. Je sais que je vais de nouveau être réprimandé, mais je dois lui répondre ou cela sera pire. Je compose son numéro, elle répond à la seconde sonnerie. Elle ne panique pas, mais commence à hurler que je suis une fille pathétique, que mon mutisme n'est plus possible et que dès ce soir elle veut que l'on ait une discussion. Je ne réponds rien, je tente d'encaisser le coup et attend qu'elle raccroche pour courir ma chambre. Comment ne plus décevoir mes parents ? Mon mutisme finira-t-il par partir ou me détruire ?
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Au delà des maux
أدب المراهقين"Je déteste le surnom que l'on me donne, tout le monde m'appelle « Muette » : comme si moi Hannah Parker avait choisi de ne rien dire, comme si cela était un jeu pour moi ! J'ai utilisé tous les moyens possibles depuis que j'ai quatorze ans pour réu...